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"J'ai un loyer à payer, mon frigo est vide": la CAPAC fait-elle toujours face à des difficultés?

Débordée ces derniers mois suite à la crise coronavirus, la CAPAC (Caisse auxiliaire de paiements des allocations de chômage) dit aujourd'hui maîtriser la situation. L'organisme public engage à tout-va en vue des pertes d'emplois annoncées dans les mois à venir.

L'épidémie du coronavirus a contraint des milliers de Belges au chômage temporaire ces derniers mois. Forcément, les demandes d'allocation de chômage ont considérablement augmenté auprès des trois grands syndicats du pays (CSC, FGTB et CGSLB) mais aussi – pour les personnes non syndiquées - de la CAPAC (Caisse auxiliaire de paiements des allocations de chômage). Résultat, la CAPAC est véritablement prise d'assaut. Elle fait face à un afflux inédit de dossiers. Alors aujourd'hui, en juillet, où en est la situation?

En mars et avril, le nombre de dossiers ouverts représentait une multiplication par 30 du nombre habituel. Au total, 425.000 assurés sociaux différents ont été payés à ce jour, d'après la CAPAC. Inge Huyge est responsable de la communication pour l'organsime. Elle évoque "un surcroît de travail énorme dans des conditions de travail difficile. À partir du mois de mai et l’automatisation des processus liés au chômage temporaire, la situation était maîtrisée." Les premières semaines, nous vous en parlions sur notre site, de nombreuses personnes s'étaient plaintes des retards de paiements. Mi-avril, par exemple, des dizaines de milliers de travailleurs attendaient encore leur allocation de mars. L'institut public tournait à plein régime et avait même sollicité 150 fonctionnaires d'autres services publics pour lui venir en aide.

"Je les sollicite tous les jours" 

Si la CAPAC juge la situation "maîtrisée" désormais, nous recevons encore régulièrement des messages via notre bouton orange Alertez-nous mentionnant des retards ou des difficultés à joindre les services de la CAPAC. C'est le cas de Romain, chef cuisinier dans un hôtel bruxellois toujours fermé. Selon lui, mi-juin, une grande partie de ses collaborateurs "n'avait toujours pas était payée par la CAPAC pour le mois de mai. Nous essayons de les contacter tous les jours, impossible: 1h30 au téléphone en attente et ça raccroche." Même type de témoignage d'un autre alerteur: "Je les sollicite tous les jours par messagerie pour leur expliquer que je n’ai pas touché mes allocations, que j’ai un loyer à payer, que mon frigo est vide. Aucune nouvelle, sauf une réponse automatique du serveur." Des témoignages qui ne s'inscrivent pas vraiment dans une situation "maîtrisée", comme le dit la CAPAC. Comment l'expliquer? Au pic de la crise en avril, la CAPAC recevait jusqu'à 25.000 coups de fil quotidien. Des chiffres qui ont depuis baissé. "Actuellement, nous recevons beaucoup moins d’appel. Environ 9000 par jour. Pour nos opérateurs, c'est encore un peu trop. Nous ne pouvons absorber qu'une bonne moitié", reconnaît Inge Huyge. 

Des réouvertures salvatrices

Alors que faire si votre dossier coince toujours? L'organisme public invite les personnes concernées à se rendre désormais aux guichets 'accueil' de leurs différents bureaux. Là, ils pourront obtenir un rendez-vous. Les guichets ont rouvert depuis le 23 juin dernier. Selon la CAPAC, cette réouverture des bureaux a permis de désengorger une bonne partie des demandes qui coinçaient. Une fois sur place vous aurez la possibilité de prendre un rendez-vous avec l'un des collaborateurs de la CAPAC. "La réouverture (des guichets) s’est particulièrement bien passée, sans tensions et en pouvant servir tout le monde", explique la responsable de la communication à la CAPAC. Hormis prendre un rendez-vous au guichet accueil de votre bureau, il est également possible de fixer un rendez-vous aux bureaux par téléphone ou via internet. "Les délais pour un rendez-vous sont plutôt fort court. Deux jours en moyenne lorsque les rendez-vous sont pris par téléphone ou au guichet accueil. Les délais sont un peu plus longs lorsqu’on prend rendez-vous sur internet", reconnait la CAPAC. Seul le bureau de Bruxelles rencontre des lenteurs plus importantes.  

Nous sommes en train de recruter de façon importante

Le 14 avril, 16% des dossiers pour le mois de mars attendaient encore que l'employeur encode les prestations des travailleurs. Sans cette déclaration, le paiement ne peut avoir lieu. Le 23 avril, cette proportion était de 5,5%. Aujourd'hui, le chiffre atteint les 0,05%. Quelques cas restent donc problématiques. "Ils sont traités quotidiennement et la plupart du temps la résolution de ces dossiers est dans les mains d'un tiers", fait savoir Inge Huyge. Soit de l'assuré social qui omet de transmettre certaines données, soit de l'employeur. "Il ne faut pas oublier que le paiement des allocations se fait au moment où l’employeur envoie une déclaration de risque social. Sans cela, nous ne pouvons procéder au paiement", rappelle Inge Huyge.

La CAPAC se prépare à une vague de chômage

Les dernières perspectives du Bureau du Plan en matière économique ne sont guère encourageantes. La consommation des particuliers est par exemple plombée par la crainte de l'avenir et plus particulièrement du chômage qui plonge de 8,8%. Sur le marché de l'emploi justement, les mesures gouvernementales ont limité la casse jusqu'à présent d'après le Bureau du Plan, mais leur effet ne sera que temporaire. Il faut dès lors s'attendre à un automne noir, avec au final 108.000 pertes d'emploi sur la période 2020-21, indique toujours le Bureau du Plan. La CAPAC se prépare déjà à ces pertes d'emplois annoncées. "Nous sommes en train de recruter de façon importante. Ainsi, 15 nouveaux collaborateurs ont commencé au mois de juin et une vingtaine devrait commencer en juillet. D’autres sont attendus pour le mois de septembre pour faire face à la croissance attendue du chômage complet", conclut la CAPAC.

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