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"La femme de ma vie est une héroïne": le texte poignant de Philippe à son épouse infirmière à domicile

Le coronavirus en Belgique retranche de nombreuses personnes chez elles, tandis que d'autres sont en première ligne. C'est le cas de l'épouse de Philippe, infirmière à domicile. Touché par le dévouement de sa femme, il a pris la plume et nous a transmis son magnifique texte via le bouton orange Alertez-nous.

Philippe observe chaque matin son épouse quitter leur domicile situé à Jodoigne. Elle accomplit quotidiennement son travail d'infirmière à domicile depuis de longues années. "Je vois une épouse qui s'épuise au travail. Les journées sont parfois très longues, jusqu'à douze heures", confie Philippe. "Depuis des années les infirmiers et infirmières à domicile ont de plus en plus de travail et moins de collaborateurs. Ils sont noyés sous la patientèle", ajoute-t-il.

Si le coronavirus pousse de nombreux Belges vers le chômage temporaire ou le télétravail, l'épouse de Philippe continue d'accomplir son devoir sur le terrain. Notre témoin se dit inquiet. "Sans tomber dans l'hystérie, on ne sait pas ce qui se passe dehors", explique-t-il.

Chroniqueur littéraire, Philippe nous a fait part de son admiration pour sa compagne au travers d'un texte poignant. Le voici.

La lettre de Philippe

Mon épouse cette héroïne,

Elle se lève avant l’aurore dans le but avouable de soigner les patients à domicile. La radio et la télé résonnent de sombres nouvelles et pourtant, seule, elle affronte routes et chemins pour une simple raison: soigner les autres.

De maison en maison, elle apporte un peu de sourires, de présence de soulagement. Cependant, alors que l’endémie progresse, malgré toutes les précautions d’hygiène et de protection, je sais qu’il suffirait de peu de chose pour que la maladie s’invite. Elle le sait, j’en suis conscient et pourtant, sans nier l’évidence, elle n’abandonnera pas, c’est son travail, c’est son devoir, c’est le choix de soulager les autres. Je ne l’en empêcherai pas, qui suis-je pour le faire?

Je n’ai que quelques mots à lui confier au début de chaque journée, de chaque tournée: sois prudente, prends soin de toi. Alors, son rire résonne autour de la table du petit déjeuner. Ce petit morceau de joie est sa façon de faire de la résistance. Elle part rejoindre la première ligne, celle que l’on oublie parfois, que l’on oublie souvent. "Ne t’inquiète pas, je me protège car c’est important de protéger les autres" (Les autres sont plus importants que sa personne, sacré leçon pour que brille l'humanité).

Ensuite, en se retournant un peu, elle part malgré son épuisement. Personne ne se présente pour la remplacer. C’est son combat et malgré les quelques minutes de repos qu’elle s’offre à l’heure du déjeuner, le téléphone résonne en écho régulier.

Par la fenêtre je la regarde s’éloigner. Elle porte une petite valise contenant sa pratique. Un simple objet rouge qui prolonge son bras en signe d’urgence, en étendard glorieux qui me fait un peu trembler. Oui, telle que beaucoup d’autres, cette femme porte l’espoir sans faire de vague, sans faire de bruit. La femme de ma vie est une héroïne, c'est l'une des raisons qui m'a poussé à plus de discrétion.

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