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"Cette limite de temps m'étonne" dit Gregory: pourquoi le certificat de guérison Covid n'est valable que 6 mois?

Gregory, 45 ans, a eu le Covid à la fin du mois de janvier. C'était donc il y a plus de six mois. Par conséquent, son certificat de guérison/rétablissement n'est plus valide et il n'est plus autorisé à entrer dans certains lieux publics, comme les bars et restaurants. En effet, faut-il encore le rappeler ? Depuis le vendredi 15 octobre à Bruxelles et à partir du 1er novembre en Wallonie, la présentation d'un pass sanitaire, nommé Covid Safe Ticket (CST), est nécessaire. S'il veut disposer d'un CST à nouveau valable, cet habitant de Couvin doit se faire tester (validité de 48 heures pour un test PCR et 24 heures pour un test antigénique) ou se faire vacciner.

Pour rappel, si vous avez eu le Covid, votre système immunitaire a été stimulé, des anticorps contre le coronavirus ont été produits, et vous êtes donc protégés naturellement contre une nouvelle infection. Ceci se matérialise par un certificat de guérison sur votre Covid Safe Ticket. Sa validité est de 6 mois après le test PCR positif (plus précisément, il faut attendre 11 jours après le test). Cette "limite de temps" étonne Gregory qui met en avant une quantité encore importante d'anticorps dans le sang. Lorsqu'il nous a écrit via le bouton orange Alertez-nous, il avait été faire une analyse sanguine la semaine précédente. Son taux d'anticorps Covid était de 188, "ce qui est dans la moyenne d'après mon médecin", dit le quadragénaire qui nous a envoyé une copie de son rapport d'analyse (voir extrait ci-dessous).

Pour Gregory, ce taux d’anticorps montre qu'il est encore bien protégé contre le coronavirus. Mais actuellement, on ne peut pas établir un lien sûr entre quantité d'anticorps et protection contre le Covid. Nous l'avions évoqué dans un reportage au mois de mai dernier que nous vous invitons à découvrir : Une faible quantité d'anticorps Covid dans le sang permet-elle de prouver que le vaccin n'a pas marché ?

Revenons à la question principale de cet article : comment a-t-on décidé la durée de validité de 180 jours (6 mois) pour le certificat de rétablissement ?

Nous avons contacté, Sciensano. "Les scientifiques s’accordent actuellement pour dire qu’une personne ayant contracté le covid-19 est moins susceptible d’attraper une nouvelle infection dans les 6 mois, soit 180 jours. C’est une décision européenne", explique Wesley Van Dessel, porte-parole de l'Institut scientifique de santé publique. Plus précisément, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a pris cette décision sur base d’études scientifiques.

Une étude au Danemark sur 1/2 million d'individus testés positivement

Il n'y a donc pas une étude précise qui a abouti à une certitude. On s'est basé sur les résultats de plusieurs études scientifiques qui ont amené à décider que six mois était une durée raisonnable et sûre. Une des études les plus complètes sur la protection conférée par l'infection naturelle est celle publiée en mars 2021 par la revue scientifique The Lancet. Elle mesure le taux de réinfection de 533 381 individus testés positifs sur un total de 4 millions d'individus au Danemark. Elle conclut que près de 80% des individus de moins de 65 ans sont protégés contre une réinfection sur une période de 6-7 mois. Ce pourcentage tombe à 47 % chez les individus de plus de 65 ans, "ce qui suggère que les individus âgés ont besoin d'une vaccination même s'ils ont été infectés", rétorque Eric Muraille. Cette étude date de mars, soit il y a 7 mois, nous n'avons pas trouvé d'étude plus récente qui donne des résultats aussi clairs sur le sujet de la durée de la protection suite à une infection naturelle.

Plus beaucoup d'anticorps mais encore des cellules-mémoire  

Concernant les anticorps, mais rappelons-le on ne peut pas, à l'heure actuelle, faire un lien sûr entre taux d'anticorps et protection, plusieurs études citées par le centre européen (ECDC) montre une diminution de leur quantité à la fin de la période de convalescence, soit 3 à 6 mois après l’infection. "C’est tout à fait naturel. Comme le corps n’est plus en présence du virus, il n’y a plus de production continue d’anticorps", nous répète Eric Muraille, immunologiste à l’Université libre de Bruxelles. Mais des cellules-mémoire sont toujours présentes et peuvent réactiver une production massive d'anticorps en cas de nouvelle infection. 

Ne pas confondre infection, maladie et complications

Apportons enfin une précision très importante. On parle ici de risque de ré-infection, pas du risque d'avoir de gros problèmes de santé suite à cette nouvelle infection. Le vaccin sert avant tout à protéger d'éventuelles complications comme une hospitalisation voire des soins intensifs ou, pire encore, la mort. Au niveau de ce risque d'aggravation, la protection du vaccin semble rester plus stable dans le temps. Une large étude française sur 22 millions d'individus de +50 ans a montré que cette protection était restée quasi intacte pas dans les 5 mois qui suivaient la vaccination (l'étude n'a pas été plus loin dans le temps, il faudra patienter pour savoir si cette stabilité persiste).

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