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La rue de Livia à Gilly est un "cocktail explosif": les accidents s'enchaînent, le quartier a même dû être évacué en 2019

C'est un scénario digne de la saga à succès Fast and Furious. Cette fois-ci, c'est la version carolo. Des voitures rasant les habitations à des vitesses folles, c'est devenu le quotidien de Livia et de sa famille. Bruits de freins stridents, accélérations et grondements de moteurs, les habitants de la chaussée de Montigny à Gilly (Charleroi) craignent constamment d'être percutés par une voiture. Une source de stress constant, qui a poussé Livia à contacter la rédaction de RTL info via le bouton orange pour alerter sur cette zone devenue hautement accidentogène.

Jour et nuit, les voitures fusent. Pourtant, nous ne sommes pas sur une autoroute, mais bel et bien sur la chaussée de Montigny, à Gilly (Charleroi). C’est dans ce petit village qu'habite Livia, accompagnée de son mari et de ses deux enfants. Venus chercher le calme dans la périphérie de Charleroi, c’est finalement une toute autre ambiance à laquelle ils ont dû faire face. : "On se croirait à Spa-Francorchamps ! On a vraiment l’impression d’être sur un circuit de course. On dirait que les gens prennent ça pour une piste d’essai. On n’a même pas le temps de voir la couleur de la voiture qu’elle est déjà passée."

Courses-poursuites, courses entre amis, fins de soirées arrosées… Dès que la nuit tombe, la chaussée de Montigny se transforme : "Toute la journée, on entend des coups de freins et des klaxons… C’est toujours à la limite de l’accident. Même quand on est à pied, on sort avec la boule au ventre. Il y a des moments où même pour traverser, on a peur parce que les voitures n’ont pas de visibilité sur certains passages piétons".  

Quand les voitures arrivent à toute vitesse, ça devient un cocktail explosif

Et pour cause, le carrefour au niveau de la rue des Auduins est devenu au fil du temps une zone accidentogène dangereuse : "C'est un croisement entre 3 rues. En plus, la route est en forme de S, avec tout au long des habitations qui donnent directement sur la chaussée. Quand les voitures arrivent à toute vitesse, ça devient un cocktail explosif. C’est vraiment atroce. D'autre part, on est à tout juste 100 m de l’hôpital saint joseph. À certains moments, il y a des ambulances qui sont là aussi."

Le quartier évacué en 2019

Des excès de vitesse qui entraînent des répercussions sur le quotidien de Livia et de sa famille : "En 2019, je me souviens d'un conducteur qui fuyait la police. Il allait tellement vite qu'il a fini par terminer sa course en fonçant dans la façade d'une habitation." Dans cette folle course-poursuite, le conducteur a malheureusement percuté une borne de gaz, provoquant ainsi l'évacuation de tout le quartier : "On a dû sortir en pleine nuit avec nos enfants qui avaient peur. On ne comprenait pas trop ce qui se passait, c'était comme si on se réveillait en plein cauchemar." Un cauchemar, qui a duré plusieurs heures cette fois-ci, mais qui se répète inlassablement depuis quelques années.

Des accidents récurrents, qui impliquent bien souvent les véhicules garés des habitants de la chaussée de Montigny : "C'est la troisième fois en 3 ans que mes beaux-parents n'ont plus de voiture, la deuxième fois pour ma belle-sœur, la énième fois pour de nombreux voisins. On n'en peut plus. " Depuis ces incidents à répétition, Livia et sa famille ont adopté certaines précautions : "Personnellement, je n’ose plus garer ma voiture devant ma maison, même si ce n’est pas pratique. À chaque fois, on entend un coup de frein et on se dit : est-ce que ma voiture va être percutée ? J’en viens même à culpabiliser et à me dire que si je ne gare pas ma voiture devant chez moi pour la préserver, c’est finalement ma façade qui va subir l'impact."

Un nouvel accident violent : certains pensent à déménager

Mais il y a quelques semaines, un nouvel accident survient. Un choc particulièrement violent, qui a secoué la petite famille en pleine nuit : "Il était 23h30, on était tranquillement dans notre maison, quand on a entendu un long freinage. Malheureusement, le bruit strident se rapprochait. On retenait notre souffle pour savoir où allait être l'impact. Juste après, on a entendu un boum dans la porte." Bouleversée, Livia sort en urgence et aperçoit quatre jeunes, encore sonnés par ce qui venait de se passer : "On a eu de la chance cette fois-ci qu'ils soient restés, parce que 9 fois sur 10 les conducteurs fuient. C'est compliqué d'entreprendre ensuite les démarches avec les assurances."

Une situation de stress constant qui pousse beaucoup d’habitants à songer à déménager: "J’en connais beaucoup qui ne veulent plus habiter ici. Mon voisin, qui a des jumeaux, me racontait la dernière fois qu’il n’osait plus laisser ses enfants dans la voiture, s’il devait aller rechercher quelque chose chez lui. On parle ici d’un laps de temps de deux minutes, c’est quand même grave d’en arriver là ! On sort de chez nous en espérant que ce soit le bon moment. C'est un peu comme si on jouait à la loterie. Mes neveux, qui habitent en face de chez moi, ont leur chambre qui donne sur la chaussée donc c’est encore plus stressant pour eux. À chaque fois, ils entendent des bruits sourds et ils me demandent ce qui se passe". 

Une voirie régionale

Depuis le dernier incident, les habitants de Gilly ont décidé de se mobiliser : "Depuis le début, on a essayé d'alerter sur la situation. On faisait des pétitions, on en parlait autour de nous." Les habitants se sont donc réunis pour prendre contact avec le bourgmestre. Ils sont pour l'instant encore sans réponse.

Contacté par notre rédaction, le porte-parole de l'échevin des transports et de la sécurité routière nous confie qu'il n'a pas encore eu d'échos par rapport à cette problématique : "On se réunit toutes les semaines avec la commission trafic et mobilité, où il y a tous les acteurs de la sécurité routière. On essaie alors de traiter toutes les demandes que l'on reçoit. Malheureusement, dans le cas de la Chaussée de Montigny, c'est une voirie régionale. On n'a donc pas la main sur tout ce qui est aménagements de sécurité. Notre rôle, c'est de faire l'intermédiaire pour transmettre à la région les problèmes qui nécessitent des dispositions spéciales. Mais pour l'instant, on n'a encore reçu aucun dossier." Autrement dit, pour régler le problème de la chaussée de Montigny, il faut tout d'abord faire valider le projet d'aménagement par le SPW Mobilité et Infrastructures. Des chicanes, des coussins berlinois, ou encore des dos d'âne peuvent alors être envisagés pour réduire ainsi le risque d'excès de vitesse. 

En attendant, Livia et les autres habitants de la chaussée de Montigny continuent à vivre, la peur au ventre : "On craint que la prochaine fois ce ne soit pas une voiture ou une façade, mais des vies qui soient en jeu. La dernière fois, c'était vraiment la goutte de trop. On espère vraiment que quelque chose soit fait."

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