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A 15 ans, Victor est privé de sa dizaine d'heures de sport par semaine depuis longtemps: "On n'a pas l'impression d'être soutenu"

Tous les jeunes souffrent d'isolement, à une période de leur vie habituellement faite d'activités, de rencontres, de sorties. Pour certains, c'est encore plus dur: les sportifs, habitués à plusieurs heures d'entraînement ou de compétition chaque semaine, et qui se sentent "abandonnés". Témoignage.

On le répète depuis quelques mois: si le coronavirus a coûté la vie a plus de 22.000 Belges en un an, il a également touché profondément le bien-être de millions de citoyens. On pense bien entendu aux personnes âgées et isolées qui n'ont plus reçu de visites depuis 1 an, mais également aux adolescents pour qui les relations sociales et les activités sont essentielles.

Il ne doit pas exister des tonnes de sports qui se pratiquent à l'extérieur en plein hiver en Belgique

Cette semaine, nous évoquons le cas de Victor, 15 ans, emblématique d'une génération. Sa mère nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous, pour qu'on ne l'oublie pas, cette génération. "Mon fils était un grand sportif... avant la crise corona. L'absence de sport lui pèse de plus en plus ! Les dernières mesures d'assouplissement ne l'aident absolument pas puisqu'il pratique l'escrime et l'escalade en salle. J'imagine que beaucoup de jeunes sont dans la même situation que lui : il ne doit pas exister des tonnes de sports qui se pratiquent à l'extérieur en plein hiver en Belgique. Mon fils a de plus en plus l'impression d'être abandonné; ne pas avoir de perspective c'est très difficile", nous a-t-elle confié.

Au début, "des grandes vacances"

Victor est en 4e secondaire, dans une école à Uccle, commune bruxelloise où il réside. Sa vie d'étudiant a changé, forcément. "Au début du premier confinement, ça ne m'a pas dérangé, c'était comme des grandes vacances", avoue-t-il.

En septembre, il a connu, comme tous les élèves, "une rentrée normale". Mais "depuis la Toussaint environ, c'est un jour de cours à distance, puis un jour de présentiel". Un enseignement hybride auquel "on finit par s'habituer" au fil des semaines. Il n'est pas du tout en décrochage scolaire et pense réussir son année sans difficulté.

Parfois, à quatre, on va faire un tour à vélo, mais pas plus

Bien entouré au niveau familial, en classe un jour sur deux, Victor n'est pas déprimé comme d'autres étudiants moins chanceux, même si "au niveau social, c'est un peu long, de ne plus pouvoir voir ses amis quand on veut, faire des fêtes. Mon meilleur ami, je vais parfois dormir chez lui, c'est un peu ma bulle. Et puis parfois, à quatre, on va faire un tour à vélo, mais pas plus", ajoute-t-il.

Une dizaine d'heures (disparues) de sport par semaine

Globalement, donc, Victor affiche une belle résilience. "Ça va encore", dit-il, "mais au niveau du sport, c'est ennuyant, car j'en faisais tout de même pas mal".

Notre témoin est un mordu "d'escalade et d'escrime". Et à un rythme assez soutenu. "Je faisais trois fois par semaine de l'escrime, et le samedi matin de l'escalade". Ce qui représente, par semaine, "7h30 d'escrime quand il n'y a pas de compétition", et une ou deux heures d'escalade. Soit "un dizaine d'heures au total".

"L'escalade, j'en fais depuis longtemps, depuis la première primaire, mais en mode loisir. L'escrime, j'ai commencé en 6e primaire, et là je fais plus de compétition, car j'ai envie d'avoir un certain niveau".

En septembre, on a pu recommencer, c'était cool

Toutes ces activités sportives, vous l'imaginez, ont été fortement perturbée depuis le mois de mars 2020. "En septembre, on a pu recommencer l'escalade et l'escrime, c'était cool. Les compétitions ont même un peu repris. La dernière que j'ai faite, c'était le 10 octobre. L'escrime s'est arrêtée fin octobre, début novembre".   

Sur un an, donc, il a fait 2 mois de sport, plus un stage en été. Pour un jeune sportif, c'est dur. "J'aime bien faire travailler mon corps, avoir des défis. La compétition, gagner… Et je m'y fais des amis. En compétition, il y a beaucoup de gens que je ne vois pas souvent, on se retrouve toujours car on est la même bande depuis des années".


 

"On n'a pas vraiment de nouvelles"

Le sentiment d'abandon dont parlait la mère de Victor dans son message est lié à l'absence de perspective et de communication. "On n'a pas vraiment de nouvelles, au niveau des mesures et des clubs", qui sont eux-mêmes dans l'incertitude et parfois l'incompréhension. "On n'a pas l'impression d'être soutenu, on ne comprend pas".

Ce qui l'ennuie le plus, "c'est le fait d'avoir autorisé les activités sportives à l'extérieur, ça ne concerne qu'une petite partie de la population ; moi, mes deux sports se font en salle". Selon Victor, les politiciens "pensent avoir réglé la question, trouvé des solutions, alors qu'en fait, pas du tout".

C'est quand même dur car on n'a pas vraiment de perspective, ce n'est pas hyper motivant

En attendant la réouverture des salles de sport, "j'essaie de m'entraîner tout seul, je vais courir et mon club d'escrime organise des petites sessions ; mais c'est quand même dur car on n'a pas vraiment de perspective, ce n'est pas hyper motivant".

A l'heure de publier cet article, il n'est pas question d'un quelconque assouplissement des mesures dans les sports pratiqués en salle.


 
 

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