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À 35 ans, Geoffrey est "trop vieux" pour rejoindre l'armée: "On dit partout qu'on a besoin de personnel et on me sort ça"

Geoffrey se sent "grugé". Homme à tout faire, cet habitant de Huldenberg est la preuve que l’on peut réussir dans la vie sans avoir le moindre diplôme. Pourtant, il s'est vu refuser le poste de ses rêves à l'armée.

"J’ai commencé à travailler vers 15 ans, j’ai lancé ma première entreprise à 20 ans et ma seconde à 21 ans", raconte-t-il. Lancé dans la vie à 200 km/h, il faisait "des semaines de sept jours, sans jamais prendre de repos."

Mais la pression a fini par le rattraper et l’a obligé à changer ses habitudes. "Il y a deux ans, j’ai tout changé", se souvient celui qui avait plusieurs employés dans son entreprise. Aujourd’hui, plus d’employé, et des semaines avec des week-end, "une vraie nouveauté pour moi", confie cet abatteur-élagueur. 

Durant sa phase de transition, Geoffrey a passé son permis CE (pour les camions). Il a voulu également réaliser son rêve d’enfance : entrer à l’armée. "J’ai postulé trois ou quatre fois en tout. Quand j’étais plus jeune, j’ai raté les tests sportifs. Je pouvais rentrer, mais dans des trucs qui ne me plaisaient pas trop et je pense que je n’étais pas encore prêt."

"Trop vieux"

Vers la fin avril de cette année, une annonce, postée sur le site d’intérim Indeed, retient son attention. "J’ai vu une offre d’emploi pour chauffeurs de camion pour l’armée. Je me suis dit que j’allais encore essayer de postuler". Malheureusement pour lui, il essuiera un nouveau refus. La cause est toute simple : "Je suis trop vieux."

Âgé de 35 ans, Geoffrey ne rentre pas dans les critères d’admission qui fixent 30 ans comme âge maximum pour s’engager à ce poste.

"Je ne comprends pas très bien. On dit partout qu’on a besoin de personnel dans l’armée et on me sort ça", peste le trentenaire qui estime que le raisonnement est "absurde". "J’ai du mal à imaginer qu’on puisse prendre un jeune de 18 ans qui sort de l’école, qui n’a pas forcément [cet amour du métier], mais qui cherche simplement un boulot. Ce n’est pas ‘juste’ un boulot. On parle de défendre un pays, redorer le blason de notre armée et j’en passe", ajoute-t-il en faisant parler sa fibre patriotique.

"Un chauffeur de camion comme moi qui a une certaine rigueur sportive, qui sait utiliser des machines et qui a un auto-questionnement. Je croyais que j’étais vraiment taillé pour ce job-là", regrette Geoffrey qui estime que "c’est bête de dire à tout-va qu’on cherche des gens, mais qu’on ne regarde pas les profils."


Bientôt plus de diplôme du tout

"Il y a des règles strictes", nous explique-t-on du côté de la Défense. "Pour les soldats, l’âge maximal est fixé à 30 ans. Les chauffeurs sont des soldats avant tout."

De fait, sur la liste des offres d’emploi de la Défense, le mot "soldat" accompagne chaque profession recherchée (technicien, chauffeur, magasinier, ambulancier, etc.).

Outre le critère de l’âge, il est demandé d’avoir son CEB pour postuler comme soldat. Une demande "qui disparaîtra l’année prochaine", nous explique-t-on. À partir de 2023, il sera donc possible de postuler sans avoir le moindre diplôme en sa possession. 

Cependant, pour être sous-officier, le CESS est obligatoire et pour être officier, un diplôme de bachelier (ou master) est exigé.

Des critères qui sont fixés "par les politiques", explique notre source à la Défense. Comme Geoffrey, certains candidats sont frustrés et trouvent la situation injuste. "Certains écrivent même à la ministre de la Défense", pour manifester leur mécontentement, poursuit-elle. 

L’armée veut recruter "2.500 personnes par an" essentiellement pour les postes de techniciens "pour l’entretien des avions, des bateaux, etc", de médecins ou encore de paracommandos.

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