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Fausses infirmières pour faux test Covid: Jeanine, 82 ans, a reçu leur visite à Grâce-Hollogne

Le phénomène se poursuit. Les fausses infirmières qui sévissent sur le sol belge depuis le début de la crise sanitaire ont à nouveau frappé. Des dizaines de personnes, toujours âgées, ont déjà été victimes. Jeanine, une habitante de la province de Liège, reste sous le choc de la visite des fausses infirmières.

Les escrocs ne reculent devant rien et la situation sanitaire que nous traversons semble avoir même donné des idées à certains ou plutôt certaines d'entre elles. Ces derniers mois, RTL INFO vous a rapporté à plusieurs reprises l'histoire de vols réalisés par de fausses infirmières se présentant au domicile de personnes, souvent âgées, et prétextant un test covid.

Malgré un appel à la vigilance de la police fédérale il y a quelques semaines, le phénomène des fausses infirmières semble toujours d'actualité. Véronique, une habitante de la région liégeoise, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour faire part de la mésaventure qu'a rencontrée Jeanine, sa belle-mère de 82 ans.

Le mystère du nom de famille

En ce jour de décembre, l'octogénaire, seule chez elle, entend frapper à sa porte à Grâce-Hollogne. La topographie des lieux lui permet de voir qui est à l'entrée via une fenêtre. Deux femmes se présentent comme des infirmières. Suspicieuse dans un premier temps, Jeanine ne souhaite pas ouvrir la porte. Sa famille lui rappelle régulièrement de ne jamais ouvrir à des inconnus. Mais un élément va faire baisser la garde de l'octogénaire. Véronique sa belle-fille raconte: "Les infirmières l'ont interpellée par son nom de famille. Il ne figure ni sur la sonnette, ni sur la porte d'entrée."

Jeanine reçoit régulièrement des infirmières pour des prises de sang. Seules elles peuvent connaitre son nom de famille. La voilà donc rassurée.

No cash, only card

A peine la porte ouverte, les deux prétendues infirmières pénètrent dans l'habitation. Elles disent devoir réaliser un test covid. Avant d'y procéder, Jeanine doit payer 10 euros. "Elles ont insisté pour que le paiement se fasse par carte de banque et pas en liquide. Elles ont sorti une machine et ma belle-mère a saisi son code." Le piège s'est déjà refermé mais Jeanine ne le sait pas. C'est probablement le moment choisi pour retenir le code et saisir la carte de banque.

Elles filent à l'anglaise

Quelques instants plus tard, les "infirmières" invitent la belle-mère de Véronique à se rendre dans la salle de bain pour se rincer la bouche avant le test covid. Une seule des deux infirmières l'accompagne. L'autre reste dans le salon. Un banal coton tige est frotté dans le palais de Jeanine. "Une fois de retour de la salle de bain, elles se sont levées et sont parties. Rien n'a disparu. Il n'y avait rien à voler chez ma belle-mère de toute façon. Mais elles se sont empressées vers la sortie." 

A 82 ans, Jeanine ne se démonte pas. Elle comprend que quelque chose cloche. Elle a déjà subi un test covid et ce coton tige passé sur son palais n'est en rien un test covid. "Ma belle-mère les a suivies pour réclamer sa carte de banque car elle était toujours dans la machine." Les fausses infirmières pressent le pas et filent à pied, impossible de remettre la main dessus.

Venez vite, je viens de me faire agresser

A ce moment-là, Jeanine à la présence d'esprit de joindre immédiatement le service "Card Stop" et les services de police. Ensuite, elle contacte sa belle-fille, Véronique: "Venez vite, je viens de me faire agresser", se souvient notre alerteuse quand elle évoque l'appel de sa belle-mère. A son arrivée, Véronique trouve sur place la police qui a déjà fait le déplacement. Constations d'usage, récolte du témoignage de la victime. La routine. 

Plus de peur que de mal

La carte ayant été bloquée rapidement par Jeanine, aucun retrait n'a pu être réalisé. "Ce qui traumatise ma belle-mère c'est que les infirmières aient pu pénétrer chez elle. Pour le même prix, les choses auraient pu mal tourner. Elle m'a dit qu'elles (les infirmières) étaient très gentilles, mielleuses et qu'il n'y avait eu aucune violence", ébruite Véronique. D'après cette dernière, les enquêteurs se pencheraient sur la piste de l'hôpital où Jeanine se voit prodiguer des soins régulièrement à son âge. Le fait que les deux fausses infirmières connaissaient le nom de famille interpelleraient fortement les enquêteurs. Feraient-elles réellement partie du corps médical?

Des clichés diffusés pour des faits en Flandre

Quoiqu'il en soit, les faits vécus par Jeanine collent en tout point au modus operandi décrit par la police fédérale dernièrement. "Les personnes visées sont souvent des personnes âgées vivant seules. Les faits sont généralement commis par deux dames âgées entre 25 et 30 ans, cheveux foncés, souvent gantées et masquées. Les tests sont réalisés avec du matériel inadéquat et dans de mauvaises conditions. L’une d’elles emmène la personne à la salle de bain afin de lui faire le test. Pendant ce temps, l’autre personne reste seule dans les pièces à vivre et en profite pour faire le tour de la maison..."

Des faits similaires ont été rapportés ces derniers mois en de nombreuses provinces: Namur, Brabant wallon, Liège, Charleroi. Mais aussi dans le Limbourg où deux suspectes ont pu être photographiées en juillet dernier. Les photos ont été diffusées par la police:


Deux personnes interpellées, puis relâchées

Impossible pour le moment de savoir s'il s'agit d'un réseau qui agit en différents endroits en Belgique ou si les deux mêmes infirmières rodent dans les différentes régions. L'hypothèses d'un réseau semble tout de même être privilégiée. Pourquoi ? Le 22 juillet 2020, deux femmes avaient déjà été interpellées pour tentative de vol à Vottem (Herstal). Une femme de 32 ans et une mineure. Elles se faisaient passer pour des infirmières qui venaient chez les habitants afin de les dépister du Covid-19. Après que plusieurs septuagénaires avaient reçu la visite des deux suspectes, la police d'Herstal avait été avertie. Arrivés sur les lieux, les policiers avaient pu interpeller les suspectes sur le fait.

 Photos de deux fausses infirmières du Limbourg

Lors de la fouille du véhicule, des perruques et des tenues d'infirmières avaient été retrouvées. Un mandat d'arrêt avait été délivré pour la dame majeure et le parquet de la jeunesse avait pris en charge le dossier de la mineure. Aucun butin n'a été retrouvé ce jour-là. Malgré cette double arrestation, les faits s'étaient pourtant poursuivis, comme nous le racontait Océane, une alerteuse, en septembre dernier. 

Un dossier à l'instruction

La femme majeure interpellée à Herstal a été libérée depuis, nous informe le Parquet de Liège. "Elle a été libérée par la Chambre du Conseil" précise Catherine Collignon, premier substitut du Procureur du Roi de Liège. Le parquet de Liège a regroupé des dizaines de plaintes rien que sur son territoire. "Le dossier a été mis à l’instruction mi-décembre afin de solliciter certains devoirs d'enquête. L’instruction est toujours en cours", conclut Catherine Collignon.

Le parquet de Liège dit également être informé de nouveaux faits commis en fin d'année 2020, soit au même moment que Jeanine. En attendant, le mystère des infirmières qui peuvent désormais interpeller les victimes par leur nom de famille, reste entier. 

> Si vous êtes confrontés à cette situation, surtout ne laissez pas rentrer ces personnes et appelez tout de suite le 101, rappelle la police fédérale.

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