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Un agent constatateur de la ville de Bruxelles verbalise une voiture mal garée, il se fait agresser au couteau: "Je me suis mis en position de protection"

Thomas (prénom d’emprunt) a été violemment agressé le 28 décembre dernier alors qu’il effectuait son travail. Cet agent constatateur à la ville de Bruxelles verbalisait un véhicule en infraction de stationnement lorsque le conducteur lui a infligé un coup de couteau à l’épaule. Il a été roué de coups durant plusieurs minutes. Aujourd’hui, encore fortement choqué, ce fonctionnaire a accepté de témoigner anonymement de ce qu’il a vécu. Nous avons également appris que les auteurs avaient finalement pu être appréhendés il y a quelques jours.

Souvenez-vous, il y a quelques semaines, nous évoquions la violente agression d’un agent constatateur de la ville de Bruxelles en plein exercice de ses fonctions. L’homme était en train de verbaliser un véhicule en infraction de stationnement lorsque son conducteur a surgi, couteau à la main, pour s’en prendre à ce fonctionnaire.

Aujourd’hui, Thomas (prénom d’emprunt) est toujours aussi choqué par ce qu’il s’est passé mais, malgré cela, il accepte de nous raconter anonymement ce qu’il a vécu. Les faits remontent au 28 décembre dernier, il était environ 17 heures. "C’était un camion de société mal garé, se souvient-il. Je le verbalisais et un de ses collègues ou amis s’est arrêté et est descendu de son camion. Il a commencé à m’insulter, à m'engueuler et il a dit qu’il allait me ‘clasher’. Il a téléphoné au propriétaire du camion qui est arrivé deux ou trois minutes après. Moi, j’ai continué mon chemin pour faire mon boulot normalement."

Ils m’ont asséné de coups de pied, de coups de poing et dans l’action, j’ai reçu un coup de couteau dans l’épaule

Thomas ne se doutait pas que les deux individus allaient le suivre et le retrouver quelques rues plus loin. Les agents constatateurs travaillent heureusement toujours par deux, notre témoin n’était donc pas seul au moment de son agression. "Ils sont arrivés à deux comme des fous, en criant. Ils m’ont traité de ‘sale fils de pute’ et ils disaient qu’ils ne travaillaient pas pour moi, donc j’ai expliqué que l’argent n’allait pas dans ma poche", nous détaille le fonctionnaire. C’est à ce moment-là que les choses ont dégénéré. "Le propriétaire du camion que j’ai verbalisé avait une boisson chaude en main, il a voulu jeter le liquide dans ma figure mais j’ai su l’esquiver. Puis il a jeté la tasse, j’ai reculé et il a sorti son couteau. Il me l’a mis près du visage en me menaçant", poursuit Thomas.

Le second homme lui a ensuite donné un coup au niveau des jambes et l’agent constatateur s’est écroulé au sol. "Je me suis mis en position de protection, recroquevillé, pour protéger ma tête et me couvrir au maximum avec les bras mais ils m’ont asséné de coups de pied, de coups de poing et dans l’action, j’ai reçu un coup de couteau dans l’épaule", se remémore-t-il douloureusement.

La pointe de l’arme a traversé tous ses vêtements jusqu’à sa peau. Plusieurs points de suture ont été nécessaires pour soigner la plaie. "Mon collègue s’en veut de ne pas être intervenu, il a pris peur quand il a vu le couteau et s’est encouru pour appeler la police. Mais je lui ai dit qu’il n’aurait rien pu faire d’autre. Il a fait ce qu’il fallait et je serais peut-être mort s’il n’avait pas été là", estime Tomas. La police est rapidement arrivée sur place et notre témoin a été pris en charge par les secours.

Des séquelles physiques et psychologiques

Son témoignage est glaçant, il garde des séquelles, tant physiques que psychologiques. "Je ne me sens toujours pas bien. Je n’arrive pas à dormir, ça tourne en boucle dans ma tête. Je ne sors presque plus de chez moi, parfois je commence à pleurer comme ça sans raison", nous confie-t-il. Ce dramatique événement a fait ressurgir chez lui de douloureux souvenirs, enfuis depuis de nombreuses années. "J’ai pris rendez-vous chez une psychologue. Je suis conscient que j’en ai besoin."

Depuis son agression, Thomas se trouve toujours en incapacité de travail. Il devait normalement être en arrêt durant 13 jours mais il est maintenant prolongé jusqu’au 28 février. Il se dit par ailleurs très reconnaissant envers le bourgmestre de Bruxelles qui, selon lui, a "poussé pour que l’enquête avance vite."


Un acte "absolument scandaleux" comme le qualifie d'ailleurs Philippe Close. "On a un fonctionnaire public qui fait son boulot et, parce qu’il est en train de contrôler les horodateurs et les parkings et que ça ne plaît pas à quelqu’un, la personne lui donne un coup de couteau. On essaye d’attenter à sa vie, on est quand même dans le délire, là", dénonce le bourgmestre socialiste. "J’espère que la justice sera très lourde parce que je pense qu’il y a vraiment un facteur aggravant, d’agresser un fonctionnaire qui, dans le fond, représente l’Etat. Ces personnes doivent être écartées de la société", poursuit-il.

Philippe Close assure qu’il se portera partie civile dans ce dossier et que l’entièreté des frais seront réclamés à l’auteur du coup de couteau. "Nous voulons que cette personne comprenne la portée de son acte parce qu’elle a traumatisé une personne. Au-delà de la blessure que l’auteur a créée à cet agent, c’est la façon dont il l’a traumatisé", dit-il encore.

Deux suspects appréhendés le 20 janvier 

De son côté, le parquet de Bruxelles, annonce que deux personnes ont pu être appréhendées le 20 janvier dernier. "L’enquête a mené à l’identification de deux suspects. Lors d’une perquisition, l’un d’entre eux a été arrêté, tandis que l’autre, absent au moment de la perquisition, est venu se présenter au commissariat un peu plus tard. Les deux ont avoué que la situation s’est envenimée après la verbalisation, mais minimisent leur part de responsabilité dans les faits. Après audition, ils ont été relaxés. L’enquête se poursuit", nous indique-t-on.

Quoi qu’il en soit, Philippe Close promet qu’il se tiendra aux côtés de cet agent constatateur. "Rien ne peut justifier ce qu’il s’est passé et je compte sur la justice pour avoir une réponse extrêmement forte. Nous poursuivrons tous les moyens juridiques pour que cette personne soit lourdement condamnée."

 

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