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Aide-ménagères NON vaccinées: Alice a déjà perdu un client, Cigdem a des craintes et trouve ça "dégueulasse"

Sujet sensible depuis longtemps, la vaccination fait l'objet de polémique depuis l'épidémie de coronavirus. Il y a ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, ceux qui veulent attendre. Ces différences d'opinion peuvent avoir des conséquences sur la vie professionnelle et privée de certains Belges.

La vaccination est sur toutes les lèvres depuis plusieurs mois. De nombreux citoyens se posent des questions, et leur éventuelle inquiétude est décuplée par l’actualité mouvementée autour des effets secondaires (très rares mais parfois graves) constatés avec certains vaccins.

Dans ce contexte, Alice (nom d'emprunt) et Cigdem, deux aide-ménagères actives en Wallonie qui ne souhaitent pas se faire vacciner (immédiatement), se sentent coincées. Il est vrai que leur profession les amène à rester plusieurs heures à l'intérieur d'une maison, à y être très actives et à toucher de nombreuses choses. Certains clients ont déjà clairement pris position (ce qui a causé du tort à Alice), d'autres pourraient le faire (c'est la crainte de Cigdem).

"Le lendemain, ma société de titres-services m'a téléphoné"

Alice est aide-ménagère dans une grande entreprise de titre-service dans la région de Liège. Tout se passe très bien depuis environ 5 ans mais dernièrement, elle s'est retrouvée confrontée à une situation délicate. "J’avais un couple de clients le lundi chez qui j’allais depuis 5 ans". Des clients respectueux, avec qui "j'ai toujours beaucoup discuté, et une chose en amenant une autre, on a évoqué la vaccination", nous a expliqué cette Liégeoise de 33 ans.

Un sujet sensible, qui suscite le débat. "Je leur ai dit à un moment que je ne comptais me faire vacciner dans l'immédiat". Une déclaration qui a l'effet d'une bombe pour le client chez qui Alice travaillait. "Le lendemain, ma société de titres-services m'a téléphoné. On m'a dit qu'apparemment je ne souhaitais pas me faire vacciner, que ça ne plaisait pas à ces clients-là, et qu'ils (les clients) arrêtaient avec moi".

"J'ai cru que c'était une blague"

Alice est sous le choc en apprenant la nouvelle. "J'ai cru que c'était une blague. Et surtout, je n'ai pas compris pourquoi on n'en a pas discuté ensemble, moi et les clients". Une situation qui lui parait d'autant plus incompréhensible que ces clients, "ils sont justement vaccinés, donc en principe, ils sont protégés". Il y a de la colère aussi, car elle estime que le refus de travailler avec elle est "discriminatoire".

Selon Alice, "on est libre de faire ce genre de choix pour notre santé, si on veut se faire injecter le vaccin ou pas". Comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus, Alice ne souhaite pas se faire vacciner dans l'immédiat, et préfère attendre.

On est que des numéros, finalement

Quel impact pour la suite ?

Alice n'a pas eu l'occasion d'approfondir le débat avec son entreprise de titres-services. "Ma crainte était de perdre des heures, mais ils ont été réactifs. Ils m'ont retrouvé d'autres clients tout de suite pour remplacer, et c'est tout ce qui m'intéresse" dans un premier temps.

Elle reste amère quant à la manière dont les choses se sont passées, et en tire des conclusions. "Il ne faut pas copiner avec les clients, il faut rester professionnel, et c'est tout. On n'est que des numéros, finalement. J'en ai parlé avec des collègues, et elles m'ont dit que je n'étais certainement pas la dernière mais que je devais parler de mon histoire", raison pour laquelle Alice nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous.

Nous avons contacté la société de titres-services qui emploie Alice. Elle nous confirme être dans une position délicate, entre le marteau et l'enclume, mais que le cas ne s'est présenté qu'une seule fois.

Cidgem veut avant tout "faire passer un message"

Il n'y a pas qu'Alice qui a contacté la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous. Cigdem, une aide-ménagère du Hainaut, souhaite quant à elle faire passer un message.

"Ma plus grosse crainte, c'est de subir certaines discriminations par rapport à mon état vaccinal. Je suis en contact régulier avec mes collègues, et d'après ce que j'entends, ça ne s'annonce pas bon du tout. C'est pour ça que j'ai contacté RTL info, pour faire passer un message aux clients. On travaille déjà dur, notre métier n'est pas très facile. Même si moi j'adore mon travail, avec la pression qui commence à monter, ça devient insupportable. Il faudrait arrêter de poser des questions, de faire sentir que si on n'est pas vacciné, on est mis à la porte. Je trouve que c'est inacceptable, voire dégueulasse. On ne peut pas se permettre de faire ce genre de choses".

Tout se passe bien actuellement pour Cigdem, mais comme elle le dit, elle sent le vent tourner. "Rien ne dit qu'à l'avenir, je ne subirai pas de discrimination, ou des tentatives de mettre la pression" au sujet de la vaccination. Si des gens ou des clients lui demandent si elle est vaccinée, Cigdem sait comment elle réagira: "Je ne donnerai pas de réponse, parce que ça fait partie de la vie privée de chaque individu".

Un flou législatif

La vaccination est un choix personnel, et en aucun cas une obligation. Dans le cadre de la protection de la vie privée, un employeur ne peut pas exiger la vaccination, ni même faire une liste des employés (non) vaccinés.

La situation n'est pas aussi simple qu'il n'y parait. D'un côté, un syndicat que nous avons interrogé se dit "très interpellé" par la situation, et estime qu'avec un peu plus de suivi, d'encadrement et d'explication de la part de la société de titres-services, tout cela n'aurait pas eu lieu.

De l'autre côté, il y a un certain flou législatif autour de cette question, reconnu par Olivier Wéry, avocat spécialisé en droit du travail. Car il ne s'agit pas d'une discrimination basée sur l'état de santé, et qu'un employeur doit protéger ses employés de manière proactive (et ça peut inclure le fait de ne pas laisser venir au bureau quelqu'un qui refuse de se faire vacciner). 

Vous retrouverez leurs explications détaillées dans le RTL info 19h de ce lundi. 

> Qu'en pense la Fédération des Entreprises de Belgique ? La réponse en VIDEO 

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