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André mange quand 6 policiers surgissent pour fermer le restaurant: "On avait que des cure-dents pour riposter"

Un dimanche récent, dans un restaurant, il y avait André et ses amis, clients. Il y avait aussi des contrôleurs de l'Onss et de l'Afsca. Et il finit par y avoir des policiers venus pour fermer l'établissement. Ces derniers, arrivés en nombre, n'auraient guère fait preuve de délicatesse selon André: "On aurait dit qu'ils venaient en terrain conquis pour arrêter Al Capone".

"Dimanche midi, nous avons décidé de nous rendre dans un restaurant que nous connaissons bien. La serveuse nous a prévenus que cela risquerait de prendre un peu plus de temps que d'habitude, un contrôle AFSCA (Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire) et ONSS étant en cours. Nous nous sommes malgré tout installés et avons passé commande. Malheureusement, pendant notre repas, la situation a très rapidement dégénéré...", nous a communiqué André via notre page Alertez-nous .

"On a alors eu droit à un déploiement de force inutile. Deux combis sont arrivés sur le parking, 6 policiers ont fait irruption dans le restaurant. On aurait dit qu'ils venaient en terrain conquis pour arrêter Al Capone", a-t-il ajouté.

Un "danger" potentiel

Mais que s'est-il donc passé dans ce restaurant, localisé dans la province du Hainaut, pour que les clients assistent à un tel déploiement policier alors que tout semblait très calme. Comme nous a averti André, un contrôle cumulé de l'AFSCA (hygiène, sécurité alimentaire) et de l'ONSS (travail au noir,...) a été réalisé en fin de matinée et sur le temps de midi. Un contrôle lors duquel tout ne s'est pas passé comme prévu. Karel Deridder, directeur général de services d'inspection de l'ONSS, a ainsi confié que "si la police arrive pour mettre des scellés, c'est en général qu'il y a une infraction au niveau de l'AFSCA. En effet, on ne ferme pas comme ça sur le champ un restaurant pour une infraction à l'ONSS, sauf si la faute est vraiment grave. Par contre, s'il y a des problèmes qui concernent la sécurité des clients ou des travailleurs, là ce n'est pas pareil. Que ce soit avec la nourriture servie, avec des ustensiles pas aux normes ou qui présentent un danger pour les travailleurs, un chantier en cours potentiellement dangereux ou que sais-je... Là, on demande à ce que soient mis les scellés".

"Les trois personnes déclarées ne l'étaient qu'à temps partiel"

Mais dans ce cas précis, c'est visiblement l'auditeur du travail qui a exigé la fermeture des lieux. Une décision qui n'a donc rien à voir avec l'AFSCA. "Trois membres du personnel sur six n'étaient pas en ordre. Les trois personnes déclarées ne l'étaient qu'à temps partiel. Il y avait aussi des soucis au niveau des souches TVA", a expliqué Charles Clesse, auditeur du travail de Charleroi. "L'amende pour un travailleur en noir est de 3600 euros. On encourt également une peine allant de 3 à 6 mois de prison", a ajouté Charles Clesse.

Pour ce restaurant, l'AFSCA, elle, évoque des infractions constatées au niveau de l'hygiène. "Les principales sont la présence de denrées alimentaires avariées, le non-respect de l'interdiction de fumer en cuisine, la présence d'un chien dans celle-ci ainsi que l'absence d'autorisation de l'AFSCA", a précisé Jean-Paul Denuit, porte-parole.

"Deux combis et 6 policiers armés, alors qu'on n'avait que des cure-dents pour riposter"

Mais ce qui a outré André et d'autres clients présents lors de l'arrivée des forces de l'ordre, c'est la manière dont les choses se sont passées. "Vous savez, tout était calme. Les clients voulaient juste finir leur repas avant de quitter les lieux sans broncher. Les membres du personnel ne faisaient preuve d'aucune animosité vis-à-vis des policiers. Tout le monde était calme. Et là, ils arrivent, visiblement énervés, et demandent à tout le monde de sortir, sans finir leur repas. Deux combis et 6 policiers armés, alors qu'on avait que des cure-dents pour riposter", a précisé André.

Karel Deridder a lui indiqué que la manière dont intervenait la police n'avait rien à voir avec les contrôleurs. "Quand les contrôles ONSS et AFSCA sont effectués, il y a toujours un inspecteur de nos services sur place. En fonction de l'infraction qui est constatée, et de la dangerosité de celle-ci, il appelle la police pour qu'elle intervienne s'il faut fermer l'établissement. S'il s'attend à de vives contetstations, il va le signaler aux forces de l'ordre, qui enverront alors une plus grosse équipe. Mais après, la façon dont les policiers interviennent n'a vraiment rien à voir avec nous", a justifié Karel Deridder.

"Un policier qui interdit l'accès aurait été suffisant"

Selon le témoignage d'André, la tension était vive: "Si vous ne bougez pas, on vous met dehors par la force", auraient dit les policiers aux clients du restaurant. La police de la zone Mariemont (Manage, Morlanwelz, Seneffe, Chapelle-lez-Herlaimont) n'a pas souhaité s'exprimer sur la façon dont son personnel a agi. "Mais face au calme des clients, ils ont fini par capituler et ont attendu que les gens finissent leur assiette pour mettre les scellés. Finalement, cela s'est bien terminé, mais c'est quand-même incroyable: un seul policier qui interdit l'accès au restaurant, le temps que les clients déjà à table terminent, aurait été suffisant", a déploré André.

L'auditeur du travail de Charleroi, Charles Clesse, s'est clairement opposé à ces déclarations. "On n'a pas capitulé. C'est moi qui ai pris la décision de fermer plus tard parce qu'il y avait une personne âgée dans le restaurant. On a laissé plus de deux heures avant de mettre les scellés judiciaires. Ca n'avait rien à voir avec le calme des clients. Il faut arrêter de nous pointer du doigt. La lutte contre le travail au noir et toute forme d'irrégularité est quelque chose d'important pour la société. On n'est pas là pour sanctionner aveuglément. Si on décide de fermer, c'est qu'il y a une raison", a-t-il réagi aux propos de notre témoin. 

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