Accueil Actu

Ces ados testent les commerçants en achetant des cigarettes malgré la loi qui l'interdit: "Le résultat est assez interpellant"

La loi interdit la vente de tabac en Belgique aux jeunes de moins de 16 ans depuis le 1er janvier 2005. Pourtant, sur le terrain, force est de constater que cette interdiction n'est pas toujours appliquée. Muni d'une caméra, Tristan Sanchez, un jeune YouTubeur de 28 ans, l'a démontré en "testant" les commerçants. " Il s'agit d'une petite investigation dans les commerces bruxellois. Avec l'aide d'un jeune adolescent de 15 ans. J'ai cherché à savoir si les commerçants vendent facilement des cigarettes ou de l'alcool aux mineurs. Le résultat est assez interpellant ", nous a-t-il indiqué. Si son expérience ne reflète peut-être pas exactement la réalité du terrain, le constat est sans appel: sur 16 commerçants, 6 refusent de vendre les cigarettes au jeune, contre 10 qui ferment les yeux. Pire, dans un cas le commerçant refuse même de rembourser quand il lui est signalé que le jeune n'a que 15 ans. Une autre dame indique quant à elle qu'elle ne vend pas de cigarettes, et incite l'ado à acheter une bouteille... de vodka! Des sanctions sévères, mais pas assez dissuasives? Pourtant, les commerçants risquent gros en ne respectant pas cette règle qui interdit la vente de cigarettes aux moins de 16 ans depuis 2005. Les sanctions peuvent aller de 8 jours à 6 mois d'emprisonnement ainsi qu'entre 156 et 18.000 euros d'amendes. Et le SPF (Service Public Fédéral) Santé veille pour débusquer les contrevenants. " On fait des contrôles tout le temps, surtout dans les Night Shops parce que c'est là qu'on rencontre les plus de problèmes ", assure Vinciane Charlier, porte-parole.

Mais alors, pourquoi cette interdiction est-elle si peu respectée ? Pour Christine Mattheeuws, présidente du syndicat neutre pour les indépendants, la loi en vigueur depuis 2005 en Belgique montre ses limites. "Il faut d'abord bien souligner qu'un commerçant n'est pas un agent de police et il n'est pas une personne qui doit décider à la place de ses clients ce qu'il peut faire ou ne pas faire. Tant que les mineurs, qui ressemblent de plus en plus à des personnes majeures, ne se rendent pas compte que la cigarette est nocive, rien ne changera", juge-t-elle.


Pour les jeunes, "ce qui est interdit est très attirant"

D'autant que le risque pour le client est très faible, et pas du tout dissuasif. D'une certaine façon, cela pourrait même pousser à "jouer avec le feu". "Les mineurs ne risquent pas grand-chose. Donc ils essaient, d'autant que ce qui est interdit est très attirant. Mais c'est surtout les commerçants qui sont sanctionnés. Ce n'est pas très juste", estime Christine Mattheeuws. "Pour nous c'est très clair. Il faut arrêter de toujours taper sur les doigts des commerçants. Il faut plutôt mettre en place des campagnes d'information et de sensibilisation", insiste-t-elle.

Les derniers chiffres du SPF Santé relatifs aux infractions à la loi interdisant la vente de cigarettes aux moins de 16 ans sont largement inférieurs aux "résultats" de la vidéo ci-dessous. En 2014, on notait ainsi 23 infractions constatées pour 1.637 contrôles effectués. 33 infractions pour 1.503 contrôles en 2013 et 17 infractions pour 1.530 contrôles en 2012. Mais le ministère ne compte pas pour autant relâcher la pression sur les commerçants, comme proposé par le SNI. Que du contraire même. "On accentue les contrôles et les amendes sont de plus en plus sévères", avertit Vinciane Charlier.

À la une

Sélectionné pour vous