Accueil Actu

Un pont est devenu sens unique à Bruxelles: un an plus tard, "ma rue est devenue une autoroute", déplore Mathieu

À Auderghem et Watermael-Boitsfort, le trafic s’est intensifié depuis plus d’un an. Tous les jours, aux heures de pointe, de nombreuses voitures s’engouffrent dans ces petites artères résidentielles. En cause : la mise à sens unique du pont Fraiteur, qui reporte le trafic dans des quartiers résidentiels.

Mathieu habite avenue du Martin-Pêcheur depuis plusieurs années. Avant cela, il habitait chez ses parents, non loin de là. Après avoir vécu plus de 15 ans dans le quartier, il avoue n'avoir jamais vu cela : "Aux heures de pointe on se retrouve avec des files assez impressionnantes, malgré le Covid et le télétravail", déplore-t-il. "Le trafic a doublé ou triplé." Pollution de l'air, pollution sonore... dans sa rue, on réfléchit à deux fois avant d'ouvrir la fenêtre côté rue. "Ce ne sont pas des rues qui doivent devenir des autoroutes. Pour le moment, c'est ce qui est en train d'arriver."

Remonter à la source du problème

Pour comprendre la raison de ce report de trafic, il faut aller à Ixelles, au niveau du métro Delta. Fin 2020, le pont Fraiteur est rénové, il est élargi pour pouvoir accommoder les piétons et les vélos de manière plus sécurisée. Résultat : ils partagent un large trottoir. Sur la route, un gros changement : le pont est maintenant un sens unique. Ceux qui rentrent à Bruxelles ne peuvent pas emprunter le pont, excepté bus et taxi. "Le sens unique est très important pour la STIB. Le bus 71 transporte 500.000 personnes par an. Avec le sens unique, il a gagné en vitesse commerciale. C'est très important pour l'attractivité du transport en commun", justifie Elke Van den Brandt, ministre de la Mobilité de la Région de Bruxelles-Capitale.

Pour Laurent Van Steensel, conseiller communal DéFi à Watermael-Boitsfort, ces arguments ne tiennent pas la route : "La STIB a dit que la vitesse du bus a augmenté de 1,5 km/h entre Delta et le cimetière d'Ixelles, on ne parle même pas de temps gagné. Les arguments ne correspondent pas à la réalité. C'est encore ennuyer les automobilistes et les navetteurs plutôt qu'apaiser le quartier", avance-t-il.

 

"C'étaient des quartiers apaisés qui ne le sont plus maintenant"

La conséquence, plus visible, c'est que le trafic qui rentre à Bruxelles et qui passe par le cimetière d'Ixelles passe maintenant par les quartiers de Watermael-Boitsfort et d'Auderghem. Mais la ministre tempère : "Le but du Plan Goodmove, ce n'est pas de reporter le trafic mais de canaliser les voitures sur les axes structurants. La mesure est importante parce qu'entre les deux campus (du Solbosch et de la plaine, NDLR) il y a 3500 étudiants et 500 professeurs qui font le trajet tous les jours."

Mais pour Laurent Van Steensel, la seule solution, c'est de revenir en arrière : "Il existe une pétition qui a récolé près de 3000 signatures. Les citoyens se sont exprimés via le conseil communal pour demander la réouverture du pont Fraiteur".

Une solution évidente pour Mathieu, notre témoin. "J'évite de quitter mon domicile le matin ou l'aprèm, en heure de pointe. Rien que pour quitter ma propre rue, il me faut 10 à 15 minutes", déplore-t-il. Pour la réouverture du pont Fraiteur, "on a encore de l'espoir", ajoute-t-il.

"Répondre aux impacts négatifs"

Un retour au double sens sur le pont Fraiteur est peu probable. La ministre de la Mobilité Elke Van den Brandt a lancé un appel à projet pour trouver des solutions. "L’étude de mobilité va être lancée mi-mars et il y aura un volet participatif. On veut chercher des solutions, des mesures d’accompagnement. On va répondre aux impacts négatifs dans les autres quartiers sans qu'on perde les avantages de ce projet."

L'étude de mobilité sera lancée dès la clôture de l’appel à projet le 8 mars prochain. Les communes d’Ixelles, Auderghem et Watermael-Boitsfort seront consultée, tout comme les riverains touchés par le report de trafic.

À lire aussi

Sélectionné pour vous