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Coronavirus en Belgique: comment se porte le docteur Philippe Devos?

"Comment se porte Philippe Devos avec son infection au coronavirus?", demande Olivier, via le bouton orange Alertez-nous. Vous êtes plusieurs à nous avoir posé la question. En effet, il y a près de trois semaines, nous apprenions que le président de l'Absym (le syndicat des médecins) et chef des soins intensifs au CHC de Liège avait contracté le coronavirus. Il nous explique aujourd'hui être "totalement guéri": "J'ai encore besoin de faire une sieste tous les jours, donc je dors plus qu'avant la maladie, mais je n'ai plus que ça, et c'est de la convalescence. Ce n'est plus lié au virus, c'est mon corps qui doit récupérer des dégâts qu'il a subis. Car entre le 6e et le 10e jour, les choses ont été quand même très difficiles pour moi. Maintenant, je suis à 20 jours et je me sens tout à fait bien".

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"J'étais à la limite de l'hospitalisation"

Au départ, le médecin a fait de la fièvre et au d'autres symptômes comme de la toux ou la diarrhée. "Ça avait été mieux du troisième au cinquième jour, je me sentais mieux, je me disais, ça va, j'ai fait une forme mineure". Mais cela s'est gâté ensuite. Il nous détaille ces jours où les symptômes ont été particulièrement difficiles à vivre: "En me levant, ça a été un véritable enfer. J'avais refait de la fièvre, j'étais vraiment épuisé, avec des difficultés pour reprendre mon souffle, monter quelques marches d'escalier me faisait monter à 150 de fréquence cardiaque et m'épuisait au niveau respiratoire. Je ne savais plus manger. Pendant cinq jours, je n'ai pas été capable de manger le moindre aliment. Ça a été très difficile. Si je n'ai pas été à l'hôpital, c'est parce que j'ai une épouse infirmière et du matériel hospitalier à la maison, et ce depuis des années. Mais je pense que j'étais à la limite de l'hospitalisation quand je vois les paramètres que j'ai eus pendant ces jours-là".

"Mes collègues m'ont beaucoup aidé"

Tous les jours, il est resté en contact avec des collègues: "J'ai un de mes collègues qui est intensiviste, mais infectiologue spécialisé qui prenait de nouvelles de moi tous les jours, je lui transmettais mes paramètres par téléphone, de manière à avoir un regard extérieur au moins sur le niveau de complications que je développais. Mes collègues m'ont beaucoup aidé, que ce soit moralement ou dans leurs conseils pour arriver à passer cette étape."

Aujourd'hui, il est prêt à reprendre le travail, avec un masque, pour être sûr de ne contaminer personne, même si en principe, il n'y a plus de risque: "Je suis maintenant à 20 jours, scientifiquement parlant, il n'y a plus de raison de penser que je suis contaminant pour les autres. Je suis à leur disposition. Maintenant, ils sont organisés autrement ces jours prochains, et donc ils ont plus besoin de moi pour continuer à faire passer les messages, et s'assurer qu'il n'y ait pas de pénurie de médicaments", explique-t-il. C'est son confrère, le docteur Julien Guntz, qui organise le service durant son absence. "Il fait ça de manière merveilleuse et je suis rassuré de savoir que j'ai une équipe autour de moi qui travaille à la perfection que je sois là ou pas là. D'ailleurs, pour moi, c'est une des missions d'un bon chef de service, c'est de faire en force que ses absences puissent être quasi invisibles d'un regard extérieur".

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"J'ai quand même déjà eu quelques collègues contaminés"

L'équipe du chef des soins intensifs du CHC de Liège a été, comme beaucoup de personnel soignant à travers le pays, atteint par la pandémie: "J'ai quand même déjà eu quelques collègues contaminés, on est à 3% de l'équipe qui a été touchée", confie-t-il. C'est l'un des éléments qui rendent le travail particulièrement compliqué. "Les choses sont toujours difficiles dans l'apport de médicaments, au niveau de l'épuisement professionnel des médecins et des infirmiers, puisque les heures s'enchaînent dans des conditions moins simples de travail que d'habitude, puisqu'il y a tout cet isolement, tout cet harnachement à mettre, qui rend les choses difficiles. Il y a toute une série de choses physiques et psychiques qui rendent les choses plus difficiles que d'habitude".

"On est vraiment un groupe uni"

Dans ce contexte particulier, le médecin souligne l'unité au sein du personnel de l'hôpital: "On est une équipe qui se soutient, qui se tient les coudes. On est vraiment un groupe uni dans le personnel, au-delà du personnel médical, et cette bonne entente de longue haleine fait qu'on arrive à avancer avec une certaine sérénité dans l'intérêt des malades". 

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