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Coronavirus en Belgique: une mère n'a pu entrer avec sa fille dans le supermarché, est-ce une règle générale?

Le coronavirus en Belgique nous force à repenser beaucoup d'aspects de notre vie quotidienne et notamment la manière de faire nos courses. Virginie s'est vu refuser l'accès d'une grande surface de Bierghes dans le Brabant wallon car elle était accompagnée de sa fille. Les autorités recommandent de se rendre seul dans les magasins. Mais, il ne s'agit pas d'une règle stricte.

"Ce n'est pas possible pour moi de laisser ma fille de 9 ans à la maison ou dans la voiture comme un chien", s'exclame Virgine, une mère célibataire habituée à faire ses courses avec sa fille qui nous a écrit via le bouton orange Alertez-nous. Pourtant, c'est ce qu'un employé de l'Intermarché de Bierghes (commune de Rebecq dans le Brabant wallon) lui a demandé. "Il m'a dit que ce n'était pas possible de faire ses courses à plusieurs. On m'a donc refusé l'accès parce que j'étais accompagnée de ma fille", s'étonne-t-elle.

Révoltée, Virginie se dirige alors vers le magasin concurrent à deux pas de là. "Là, il n'y a pas eu de problème. On m'a laissé entrer avec ma fille et j'ai gardé mes distances avec les autres clients", explique-t-elle. "Après les courses, j'ai décidé de téléphoner au commissariat pour demander si j'avais même le droit de laisser ma fille seule chez moi à l'âge de 9 ans. On m'a dit que je n'avais pas le droit, comme je le pensais", insiste la jeune mère.

"Il faut un peu de bon sens"

Virginie travaille dans le secteur de la sécurité. "A l'Intermarché, on m'a dit que ma fille pouvait rester dehors et qu'elle serait surveillée par le personnel. Avec les mesures actuelles, je n'allais certainement pas permettre à ces inconnus de surveiller ma fille, qui aurait été à 1 mètre 50 de distance avec la distanciation sociale qu'on nous impose. C'est mon droit de surveiller ma fille moi-même pendant que je fais mes courses", pense-t-elle.

 Lorsqu'une maman ou un papa se présente avec un jeune enfant, il faut bien sûr un peu de bon sens

Du côté d'Intermarché, la direction affirme que la situation actuelle implique beaucoup de directives qui peuvent créer des interprétations différentes d'un employé à l'autre. "Nous sommes un grand groupe composé de nombreux magasins. Dans la situation actuelle, nous leur faisons part de leurs obligations. Parmi ces directives, il y a bien le fait de laisser entrer les personnes une par une", explique Jacques Lechat, l'attaché de presse d'Intermarché en Belgique. Cette directive a pour but de limiter la propagation du Coronavirus.

La ligne directrice du gouvernement est que les clients fassent leurs achats seuls, c'est-à-dire sans partenaire et sans enfants. C'est une recommandation, et non une règle stricte

Y a-t-il une interdiction d'être accompagné?

Cependant, Jacques Lechat affirme que le bon sens doit entrer en compte. "Lorsqu'une maman ou un papa se présente avec un jeune enfant, il faut bien sûr un peu de bon sens. Cela dépend de l'employé sur lequel on tombe, tout le monde a sa subjectivité. Certains prennent la directive au pied de la lettre, d'autres non", pense monsieur Lechat. "Dans ce cas, je pense qu'une enfant de 9 ans peut rester seule dans la voiture en attendant que sa maman fasse les courses. Mais je comprends l'étonnement de cette cliente", poursuit-il.

Pour savoir si l'enseigne était dans son bon droit, nous avons contacté Comeos. La Fédération belge des commerces et des services clarifie les choses: "La ligne directrice du gouvernement est que les clients fassent leurs achats seuls, c'est-à-dire sans partenaire et sans enfants. C'est une recommandation, et non une règle stricte. Si un parent est accompagné d'un enfant, le supermarché ne s'y opposera généralement pas", précise Hans Cardyn, le porte-parole.

Certaines de nos enseignes ont déjà été contrôlées 8 ou 10 fois sur une même journée par les forces de l'ordre

Toutes ces nouvelles règles sont inédites et elles s'imposent aux particuliers et aux employés, souvent débordés, qui sont chargés de les appliquer. Ce qui pourrait en partie expliquer cette confusion. "Certaines de nos enseignes ont déjà été contrôlées 8 ou 10 fois sur une même journée par les forces de l'ordre. S'il y a trop de monde dans le magasin, ce dernier risque la fermeture. Cela ne serait profitable pour personne. Le SPF Santé nous impose un nombre maximum de clients dans le magasin. Ce nombre est défini par le nombre de mètres carrés de la surface commerciale. La fréquentation maximum est d'1 client par 10 mètres carrés", détaille l'attaché de presse d'Intermarché. 

"Qui sait ce que les policiers auraient dit s'ils avaient vu cette jeune mère et sa fille de 9 ans ? Eux aussi ont leur subjectivité. Peut-être qu'ils auraient fermé le magasin. Nous n'en savons rien et notre employé avait peut-être peur d'être responsable de cette fermeture forcée", conclut Jacques Lechat.

Les règles dans les supermarchés pas toujours respectées

Au-delà du cas bien compréhensible de Virginie qui veut faire ses courses avec sa fille, il y a d'autres situations qui posent problème aux travailleurs dans les magasins. Un agent de gardiennage d'un supermarché bruxellois nous a écrit pour faire part de la difficulté de sa tâche: "Des gens viennent faire leur course à plusieurs alors qu'ils vivent sous le même toit. Quand nous leur disons qu'une seule personne par foyer peut entrer dans le magasin, ils nous répondent que ce sont des comptes séparés mais nous les revoyons dans les rayons côte à côte en train de faire les courses ensemble. Nous constatons aussi que certaines personnes viennent faire leur course en trois ou cinq fois sur la journée car ils s'ennuient".

Des comportements qui ont des conséquences: "Cela entraîne des files énormes à l'extérieur et parfois certains clients qui viennent plutôt en soirée font la file pour rien car il est l'heure de fermer le magasin. Sachant que certaines personnes travaillent et non pas toujours le temps de venir faire leurs courses avant", note l'agent de gardiennage qui confie encore: "Nous essayons de faire respecter les règles du mieux que nous pouvons mais c'est parfois difficile car on ne nous respecte pas et on nous insulte."

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