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Créateur de la bière "La Redoutable", Pierre-Yves est victime d'usurpation d'identité sur Facebook: "On le signale depuis des mois mais rien ne bouge"

Quand on est une petite entreprise créatrice de bière, utiliser les réseaux sociaux permet de faire parler de soi à moindre frais. Cependant, il y a un revers à la médaille: les innombrables faux comptes qui usurpent les identités, afin de trouver des victimes potentielles. C'est ce qui arrive actuellement à Pierre-Yves Jacqmin, créateur de la bière La Redoutable. "L'illusion avec ma page est presque parfaite", nous a-t-il confié via le bouton orange Alertez-nous, craignant pour l'image de son entreprise si des personnes se font avoir.

Une bière "de grimpeurs"

C'est en 2016 que l'aventure de Pierre-Yves a commencé. "Je suis de la région liégeoise, j'habite près de La Redoute, (la célèbre ascension) de la course cycliste Liège-Bastogne-Liège. J'ai toujours travaillé dans l'agro-alimentaire, notamment dans la bière. Et je suis aussi passionné de vélo", nous a expliqué ce chef d'entreprise de 44 ans.

"Ça me surprenait qu'aucune bière ne rendait hommage à cette fameuse côte de la Redoute. Et plutôt que d'attendre que quelqu'un le fasse, j'ai lancé la bière 'La Redoutable'. Elle est à 9%, comme le dénivelé moyen de la côte. C'était par passion du vélo et de la bière. Ça a vite pris de l'ampleur, alors je me suis lancé dans l'aventure".

N'étant pas lui-même ingénieur brassicole, "j'ai élaboré mes recettes avec un ingénieur d'une brasserie artisanale, et ma bière est brassée dans une petite brasserie indépendante de Binche". Une "très belle aventure", qui permet désormais à Pierre-Yves "d'en vivre".

Des pages "pirates"

Le gros avantage des réseaux sociaux pour les petites entreprises, "c'est de pouvoir communiquer sur les nouveautés et les produits, de faire des concours, et tout ça gratuitement". Pierre-Yves y consacre donc un certain temps. Sa vraie page Facebook, c'est celle-ci: https://www.facebook.com/laredoutable. "J'ai plus de 7.000 abonnés, ce qui est pas mal".

Il y a quelques semaines, il a remarqué que "quelqu'un a créé un compte, mais c'est une personne et non une entreprise, et elle se fait passer pour ma bière". Il s'agit d'au moins deux comptes, "qui reprennent mes photos, les illustrations, vraiment tout". L'idée des créateurs de ces pages, "c'est probablement d'arnaquer les gens, car il y a parfois des faux concours pour gagner des colis de bières, avec des liens qui renvoient sans doute vers des virus", craint Pierre-Yves :

"On est plusieurs à avoir signalé ces pages, à plusieurs reprises. Et le pire, c'est qu’on a une réponse, mais qui nous dit qu'après analyse, ces pages n'enfreignent pas les règles de Facebook". C'est le comble, pour lui. "Si des gens se font arnaquer en pensant être sur une page de Le Redoutable, ce n'est pas très positif pour mon image. Mais je veux aussi alerter toutes les petites entreprises qui ont une page Facebook: faites attention, veillez bien à cela!".

Pierre-Yves s'adresse aussi au plus grand réseau social au monde. "Que fait Facebook Belgique pour empêcher ça ? Malgré les signalements – et c'est évident car je suis le gestionnaire de la vraie page La Redoutable – rien ne bouge. Je pense que ce sont des algorithmes, car si un humain jetait un œil, il verrait directement le problème".

Que fait Facebook ?

Questionné par nos soins sur cette usurpations d'identité, Facebook nous a répondu que les deux fausses pages faisaient l'objet d'une enquête et seraient supprimées s'il s'avérait qu'elles contrevenaient aux règles. L'entreprise américaine a précisé que ces deux pages ne disposaient pas du "badge" (voir sur la capture d'écran de la page Facebook RTL INFO ci-dessous) garantissant que Facebook avait vérifié ces pages. Si vous ne voyez pas ce petit badge sur une supposée page d'entreprise, il faut vous méfier.

Le géant américain du web le sait bien: les millions de faux comptes et de fausses pages sont un problème qu'il a dû mal à contrôler. Ces dernières années, Facebook a fait des efforts de transparence, n'hésitant pas à reconnaître qu'il y avait 5% de faux comptes parmi ses 2,6 milliards d'utilisateurs (ça représenterait donc 130 millions d'escrocs potentiels, chiffres de 2020).

Pour lutter contre ces faux comptes, Facebook utilise des algorithmes pour les détecter au moment de leur création, comme le pense Pierre-Yves. Mais théoriquement, lors des signalements issus de la communauté après la création de la fausse page, il y a aussi une modération humaine. Force est de constater qu'il y a quelques couacs dans cette organisation théorique.

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