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Cyril, 21 ans, est parti vivre en République tchèque: "Les histoires d'amour à distance, si on y croit, ça marche"

Il y a des histoires d’amour qui commencent mieux que les autres. Avec des bases plus drôles. Un savant mélange de coïncidences, de hasard et de surprise. Des histoires que l’on peut raconter quand on demande "comment vous êtes-vous rencontrés ?". C’est le cas de Cyril et Lenka. Il est belge, elle est tchèque. Pour le tout début de leur histoire, il faut remonter à 2008. Huit ans avant que les deux ne se rencontrent.

Septembre 2008. Un soleil de début d’automne brille dans le ciel de Frasnes-lez-Anvaing. Le bourgmestre Jean-Luc Crucke annonce, heureux, le jumelage de sa commune avec la ville de Boskovice, en République tchèque. Un jumelage pour établir des liens, des échanges humains, culturels et sportifs. Dans leurs maisons respectives, à 1200 kilomètres l’un de l’autre, Cyril et Lenka ne se doutent pas que ce rapprochement administratif va changer leur vie.


Dans la vie, tout est possible

"Notre rencontre, c’est une histoire assez surprenante, entame Cyril. Elle vient de la petite ville de Boskovice, qui est jumelée avec Frasnes-lez-Anvaing. Elle est venue dans le cadre d’un échange, notamment pour jouer un tournoi de volley à Frasnes". Sans ce tournoi, la jeune fille aurait-elle traversé l’Europe pour venir se promener dans le Hainaut ? Rien n’est moins sûr. Aujourd’hui, les deux amoureux vivent ensemble, en République tchèque. Si Cyril a contacté la rédaction via le bouton orange Alertez-nous, c’est qu’il voulait simplement montrer que dans la vie, tout est possible, les histoires d’amour à distance et les nouveaux défis.




Merci Google Trad

Nous sommes en mai 2016. Un groupe de Tchèques vient participer à un échange sportif en Belgique. Au programme : souper d’accueil, match de mini-foot et tournoi de volley. Cyril a 19 ans, il sympathise. "Je suis quelqu’un de sociable, j’aime bien rencontrer des gens et faire connaissance. On a passé une soirée avec tous les Tchèques et j’ai parlé avec elle…malgré mon très faible niveau d’anglais. Je dois avouer que je dois bien remercier Google Traduction !"



Entre Cyril et Lenka, le courant passe bien. Après le retour de la jeune fille dans son pays, ils restent en contact. "On a continué à parler avec Skype, avec Facebook…Avec tous les moyens de communication d’aujourd’hui, c’était facile" confesse Cyril. "Elle m’a demandé si c’était possible de se revoir et m’a proposé de passer des vacances dans son pays. Je n’étais jamais allé en République tchèque, j’aime toujours découvrir de nouveaux paysages donc j’ai sauté sur l’occasion". Cyril passe 15 jours de vacances dans le pays de Lenka. L’idylle qui avait commencé autour d’un terrain de volley se concrétise, les affinités s’installent et Cyril de découvrir ce qu’est une relation longue distance.

"J’ai couru le marathon de Prague, mais c’était plus pour la voir que pour la course"

"Au début, ce n’était pas facile d’y aller régulièrement. On s’arrangeait pour se voir tous les deux mois, environ" détaille Cyril. A l’époque, il travaille en grande surface, avec des horaires qui ne facilitent pas les rendez-vous téléphoniques. "Elle était à l’école, elle jouait au volley à un niveau assez élevé donc avec les entraînements, ce n’était pas toujours facile. Mais comme on dit, quand on aime on ne compte pas". Cyril va jusque chez elle, Lenka vient jusque chez lui. Les deux s’arrangent et profitent de la moindre occasion pour se retrouver. "Je suis allé la rejoindre pour son bal de fin d’année. J’ai aussi couru le marathon de Prague…mais c’était plus pour la voir que pour la course", rigole le Frasnois.




Un peu plus d’un an après leur rencontre, une idée commence à germer dans la tête de Cyril. "On se disait au revoir après avoir passé quelques jours ensemble. On n’allait plus se voir pendant deux mois. La quitter m’a fait énormément de peine. C’est là que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire, que nous n’étions pas les premiers à vivre ce genre de situation".

"Déménager là-bas, j’y avais déjà pensé mais je crois que je ne voulais pas en parler. Je n’osais pas soumettre l’idée à mes parents". Parce qu’ils ne le soutiennent pas ? Loin de là. "Mes parents voyaient que j’étais heureux donc ils nous ont beaucoup aidé, ils ont mis tout en œuvre pour la réussite de notre couple". Mais malgré ce soutien, Cyril a du mal à évoquer ses projets avec sa famille. "Nous sommes très soudés. Leur dire que j’allais partir, qu’on n’allait plus se voir régulièrement, c’était compliqué. Mais quand j’ai fini par en parler, ils ont compris. C’est mon choix et j’en accepte les avantages comme les inconvénients".



Le grand saut

Avant de boucler sa valise, il reste quelques détails à régler, notamment en termes d’emploi. "Lenka m’avait promis que je trouverais un boulot en six mois mais au début je n’y croyais pas trop". Cyril est titulaire du CESS et d’un diplôme d’éducateur, il ne parle pas un mot de tchèque. "Je pensais que ça allait être galère mais j’ai trouvé un travail en 15 jours". Et sa connaissance du français l’a aidé. Cyril a été engagé par une boite de services informatiques. Il travaille dans le recrutement pour une partie française de l’entreprise, "donc je peux encore utiliser mon français de temps, ça c’est chouette". Le reste du temps, le jeune homme travaille en anglais, langue qu’il a continué à apprendre sur le tas.




Le 1er juin dernier, Cyril s’assied dans un avion, direction sa nouvelle vie. Son quotidien aujourd’hui, c’est Brno, la deuxième plus grande ville du pays. Il y travaille, elle y étudie. "Lenka étudie l’économie des pays en développement. C’est un cursus de trois ans avec possibilité pour une spécialisation pendant deux ans". Cyril s’est parfaitement acclimaté à la ville et après quelques mois d’entrainement, il se débrouille même en tchèque. "Je fais comme un enfant, je répète quand j’entends des nouveaux mots. Au moins maintenant, je peux me débrouiller seul dans un magasin mais c’est encore un niveau de débutant".

Et d’ici peu, le jeune homme sera encore plus occupé. Il va commencer un nouveau travail…comme professeur de français. "C’est une école privée donc je n’avais pas besoin d’un diplôme spécifique pour enseigner mais c’est tout à fait officiel". Des cours pour tous les âges et tous les niveaux. De conversation, de vocabulaire et de conjugaison. "C’est drôle parce qu’on peut se rendre compte des fautes qu’ils font. Ils ont beaucoup de mal avec le genre, le le ou le la".



"En commun ? Le sens de la fête !"

En emménageant en République tchèque, Cyril a découvert un pays, une langue mais aussi une culture…pas tellement éloignée de la sienne. "Il n’y a pas de différence énorme entre Belges et Tchèques. Il n’y a jamais que 1000 gros kilomètres et un pays entre les deux. Parmi les points communs, il y a le sens de la fête quand même. On sait s’amuser ici". Par contre, Cyril estime que le niveau de vie est un peu moins confortable qu’en Belgique, que les salaires sont moins hauts. "Par exemple, en Belgique je m’achetais régulièrement des vêtements pour faire du sport…Ici je ne le fais plus sinon c’est une grosse partie de mon salaire qui s’en va".


La sauce andalouse lui manque

Le jeune homme regrette-t-il sa décision ? "Non". Evidemment, certaines choses lui manquent. "Les plats typiques, les sorties avec les copains…la sauce andalouse". Mais l’expérience a fait grandir Cyril. "Bien sûr il y a des sacrifices à faire, c’est dur pour moi et ma famille mais on fait avec. Partir, ça m’a aidé à devenir indépendant. Puis c’est comme ça qu’on reconnait les vrais amis, ceux qui continuent à prendre des nouvelles".



En contactant la rédaction, Cyril voulait raconter son histoire mais également faire passer un message. Celui de la confiance en soi et en ses rêves. "Je n'avais jamais imaginé vivre une relation à distance, mais si les deux en ont envie, c'est tout à fait possible", explique Cyril. Le jeune homme ne s'était pas, non plus, imaginé vivre à 1000 km de son foyer à 21 ans. "Il faut croire en ce que l'on ressent", ajoute-t-il.

Et l’avenir, où s’écrira-t-il ? Les amoureux ne savent pas encore, mais Cyril précise que les études de Lenka "devraient lui permettre de travailler en Belgique".

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