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Des corneilles mortes servent d'épouvantail dans un champ de Fleurus: "Une méthode des plus barbares"

Véronique* s'étonne d'une pratique vue sur une plaine dans la commune de Fleurus : l'utilisation de carcasses de corneilles, accrochées à des piquets. Ce procédé éloignerait les oiseaux prédateurs des terres des agriculteurs. Une pratique autorisée sous certaines conditions mais que déplore la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux.

Des corneilles mortes accrochées sur des piquets le long d’une plaine à Fleurus dans le Hainaut. Ce paysage morbide a poussé Véronique (prénom d'emprunt car elle veut garder l'anonymat), outrée, à presser notre bouton orange Alertez-nous pour nous envoyer des clichés avec une interrogation: est-ce autorisé ? "Je trouve cette méthode des plus barbares, écrit-elle, j’espère que vous obtiendrez des réponses."

Ces réponses, c’est Jean-Philippe Bizoux du service public de Wallonie (SPW) qui nous les a fournies. Pendre des carcasses de corneilles autour d’un terrain n’est pas un acte qui l'étonne. "Cette pratique est à priori interdite par la Loi sur la Conservation de la Nature mais une dérogation peut être obtenue auprès du DNF (Département de la Nature et des Forêts)."

La technique est permise aux agriculteurs pour effaroucher les autres oiseaux "et se prémunir des dégâts occasionnés", explique monsieur Bizoux. Il est nécessaire d’obtenir une dérogation auprès du Département de la Nature et des Forêts (DNF). Une autorisation d’exposer des carcasses, autrement dit des oiseaux morts, doit être demandée. D’autre part, il est nécessaire d’obtenir une autorisation spéciale d’abattre des corneilles à cet effet.

À Fleurus, dans le champ où des corneilles servent d’épouvantail, tout est, semble-t-il, légal. "Des autorisations ont bien été délivrées à une entreprise locale pour se prémunir des dégâts sur les essais de culture", confirme Jean-Philippe Bizoux. "La centrale a délivré une autorisation pour les corbeaux freux et le cantonnement pour les corneilles."

Des destructions d'oiseaux "inutiles"

Impossible d’obtenir plus d’informations sur l’entreprise qui possède cette autorisation. Pour autant, le DNF, lui, doit systématiquement mener sa propre enquête avant d’accorder toute autorisation de destruction d’oiseaux, comme l’explique Jean-François Buslain, le directeur de la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO). "Le DNF doit d’abord avoir vérifié s'il y avait des dommages importants, et si tous les autres moyens d'éloignement de ces oiseaux ont été utilisés sans résultats suffisants."

Sur ce point, le directeur de la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO) émet quelques doutes. "Il est connu que l'exposition de dépouilles est un moyen efficace d'éloigner les corneilles. Néanmoins, faire des réalisations, sorte de peluches très semblables, pourrait être tout aussi efficace sans que des oiseaux soient sacrifiés."

Il peut arriver que ces méthodes de substitution ne fonctionnent pas totalement, mais selon Jean-François Buslain, cela vaut la peine de les tester, pour sauver la vie des oiseaux tués. "Étant donné l'acuité visuelle des oiseaux, il est nécessaire que la ressemblance des formes soit la meilleure possible. C'est une expérience importante à réaliser, qui sauverait beaucoup de corvidés de la destruction."

La LRBPO propose par exemple d’utiliser un leurre comme ceux que les chasseurs utilisent couramment. "Ils fonctionnent, sinon les chasseurs n'en utiliseraient pas. Suspendue à une ficelle au bout d'une perche, la forme doit être suffisamment légère pour bouger avec le vent et sembler ainsi se débattre pour se libérer."

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