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Dario surpris par un conducteur fantôme sur le Ring de Charleroi: "Un système de détection unique en Europe est en test"

Dario et ses amis n’en croyaient pas leurs yeux. Le 29 mars dernier vers 0h30, en rentrant de Bruxelles, ils ont vu apparaître un conducteur fantôme sur le R3 (Ring de Charleroi) à hauteur de Montigny-le-Tilleul. Ils ont filmé la scène pour tenter d’avertir du danger en partageant ces images. Aucun accident n’a heureusement été signalé par la police fédérale dans les heures qui ont suivi cette situation qui aurait pu s’avérer dramatique. Aucun signalement n'a non plus été enregistré auprès des forces de l'ordre, ce qui indique que le conducteur fantôme a pu réparer son erreur rapidement.

Ce type de situation paniquante mène t-elle souvent à des accidents? 

Comme le signale Benoît Godart, le porte-parole de l'institut Vias, chargé des campagnes de sécurité routière, ce phénomène reste "important" en Belgique car "ces accidents sont 6 à 7 fois plus mortels que des accidents normaux sur autoroute, car ils se passent à grande vitesse et sont souvent frontaux. Maintenant, il n’y a pas des dizaines et des dizaines d’accidents impliquant des conducteurs fantômes. On en ressence une douzaine par an, donc ce n’est pas énorme.

"C’est une problématique car dans 70% des cas, le conducteur meurt. Ces accidents représentent toutefois 0,03% de tous les accidents, donc ça ne se passe pas tous les jours. C’est paniquant, quand ça arrive, car ce n’est pas quelque chose qui arrive dans la carrière d’un automobiliste lambda", souligne-t-il.


Qui sont ces conducteurs fantômes ?

Il y a deux types de profils indique Benoit Godart.

Un premier profil plus "jeune", "quelqu’un qui a consommé beaucoup d’alcool, de drogue ou de médicament. Un cas sur 2, le conducteur est sous l’influence d’alcool", indique le porte-parole de Vias.

"Le deuxième profil est plus âgé, soit un senior qui a perdu ses repères et qui a du mal à se retrouver. Il prend une sortie d’autoroute pour une entrée. C’est la raison pour laquelle, les seniors sont 4 fois plus représentés dans les accidents impliquant des conducteurs fantômes."

Comment encore renforcer la sécurité routière ?

Pour le porte-parole de l'institut Vias, la situation en Belgique s’est améliorée, notamment avec la présence d’"énormes panneaux jaunes fluo sur lesquelles il est marqué stop (voir photo ci-dessus). Les conducteurs fantômes sont aussi plus vite signalés grâce aux panneaux avec message variable qui sont sur les autoroutes. Enfin, l’arrêt des programmes radio pour les signaler représente également un atout en plus."

Et d’ajouter : "On n’arrêtera toutefois jamais quelqu’un qui a 3,5 g d’alcool dans le sang et qui ne voit pas ces panneaux. Empêcher totalement ce type d’accident, c’est quasi impossible, mais on a nettement progressé ces dernières années."

Quels comportements adopter dans pareille situation ?

Les deux principaux conseils:

- Ralentir quand le conducteur fantôme est annoncé et serrer à droite car le conducteur fantôme va normalement aussi rouler à sa droite (à votre gauche).

- Il est conseillé aussi de signaler ce conducteur le plus vite possible aux services de secours.

Un conseil pour le conducteur fantôme: "Surtout, il ne doit pas se remettre dans le bon sens elle-même", souligne Benoit Godart. "Elle doit appeler les services de secours et ranger sa voiture, si c’est possible, sur la berme centrale, en sortir et se mettre à l’abri. Il ne faut pas faire demi-tour soit même. Cela doit être fait à l’aide de véhicules de police."

Un système de détection de voitures fantômes, unique en Europe

En mars 2021, le groupe Luwa avait par ailleurs présenté un système de détection de voitures à contre-sens dites "voitures fantômes". Dans le cadre du Plan Lumières 4.0, celui-ci devrait équiper 300 bretelles d'autoroutes wallonnes d'ici à la fin 2023 pour éviter et prévenir les accidents.

"A ce stade, plus de 80 bretelles sont équipées du système. Elles sont toujours en phase de test et de paramétrage", précise Héloïse Winandy, la porte-parole de la SOFICO, le gestionnaire du réseau autoroutier wallon.

Il s'agit d'un nouveau dispositif, "unique en Europe". Il permettra de détecter les voitures dites 'fantômes' grâce à un système lumineux permettant de prévenir à la fois le conducteur fantôme et les autres usagers.

Comment ça marche? Le dispositif de détection de voitures fantômes avertira les autre conducteurs grâce à un éclairage qui clignote et illumine une bonne partie de la route. Impossible donc de passer à côté de ces lumières. Elles s'activent grâce à une caméra intelligente et repèrent les voitures à contresens.

L'éclairage, lui, prévient à la fois le conducteur fantôme mais aussi les autres: ceux qui roulent dans le bon sens et qui ne s'attendent pas à voir une voiture arriver face à eux.

Une voiture fantôme signalée tous les 3 jours

Ce système d’alerte lumineuse est une des mesures mises en place pour lutter contre les conducteurs fantômes sur les grands axes. "En Wallonie, une voiture fantôme est signalée tous les 3 jours. D'où la création d'un tel dispositif. La Belgique est pionnière", souligne Héloïse Winandy.

De nombreuses mesures sont également mises en place sur le terrain:

  • Placement de panneau sens interdit,
  • Flèches au sol,
  • Placement d’un signal spécifique, main sur fond jaune, pas implanté systématiquement à tous les accès mais quand la sortie et l’entrée, par exemple, sont contiguës ou que la sortie est à deux bandes de circulation.

Le placement de herses n’est pas envisagé pour plusieurs raisons rappelle la Sofico :

  • Parce qu’elles provoqueraient des accidents en faisant éclater les pneus,
  • Parce que les sorties doivent pouvoir être prises à contresens par les services de secours.

En 2016, un nouvel outil avait également été mis en place pour faire remonter les informations : un partenariat entre la police et les utilisateurs de Coyote. Les utilisateurs peuvent signaler la présence d’un conducteur fantôme. Une lampe bleue s’allume alors au centre PEREX.

"Le conducteur à contresens est alors localisé. Des panneaux à message variable sont activés sur le réseau et la police envoie une équipe sur place pour l’intercepter", précise Héloïse Winandy. "Signalons enfin que des conducteurs fantômes peuvent également être signalés directement au centre PEREX en utilisant l’application Edwige (application qui remplace les bornes téléphoniques de secours)."

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