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Depuis 7 ans, la lumière de cette école reste allumée toutes les nuits : "On nous dit que personne ne sait où est l'interrupteur"

À l'heure où la crise énergétique s'immisce dans le quotidien de nombreux Belges, Jean est interloqué par le spectacle auquel il assiste tous les soirs depuis bientôt 7 ans. En effet, une partie de l'école communale en face de chez lui reste en permanence allumée. Le problème: personne ne sait comment déjouer le système automatique. Désemparé face à cette situation improbable, il a poussé le bouton orange Alertez-nous pour évoquer une "aberration".

C'est une histoire digne d'une comédie. Et pourtant, pour Jean, qui habite depuis 1972 à Durnal (province de Namur), c'est devenu son quotidien: "Même moi, j'ai eu du mal à y croire." Ce retraité a toujours été fidèle à son village, changeant de temps à autre de logement: "J'y habite depuis toujours, je ne me verrais pas autre part." En 2016, il décide de choisir un nouveau cocon.

Cette fois-ci, il s'installe juste en face de l'école communale de Durnal. Mais, au fur et à mesure que les jours passent, il commence à être témoin d'un étrange phénomène: "Chaque jour, je remarquais que les lumières de l'école restaient allumées, bien qu'il n'y ait personne à l'intérieur. C'était bizarre… Mais bon, au début, je me suis dit qu'ils organisaient peut-être quelque chose. Ou du moins, que c'était voulu."

Un problème de longue date

Pourtant, les semaines défilent, et Jean continue toujours à voir cette fameuse lumière s'allumer la nuit: "C'est seulement après quelques temps que j'ai compris que quelque chose n'allait vraiment pas. C'était clairement une lumière qui s'allumait et s'éteignait automatiquement". Pour lui, il était temps de prendre les devants: "J'ai commencé à en parler autour de moi et c'est là que je me suis rendu compte que le problème remontait déjà à bien avant mon emménagement. En fait, j'avais l'impression que personne n'avait l'air étonné."

Et pour cause, un an avant son emménagement, l'école avait entamé une série de rénovations. Une nouvelle annexe avait donc été construite en 2015 pour permettre de gagner en superficie. La même, qui pose problème aujourd'hui: "Sur le moment, je ne comprenais pas pourquoi personne n'avait réglé le problème et pourquoi ça coinçait. Ça voulait dire qu'au moment où j'ai emménagé, cette histoire de lumière allumée durait déjà depuis un an… Quelque chose ne tournait pas rond dans toute cette histoire donc je suis allé me renseigner de moi-même. "

"Personne ne savait où était l'interrupteur"

Consterné par la situation, Jean décide alors de prendre les choses en main et de demander aux principaux concernés: "J'ai essayé de rentrer en contact avec la commune, et aussi avec l'école. A chaque fois, c'était la même réponse. Je n'ose même pas vous la dire tellement c'est à la fois comique et désolant." Et pour cause, ce qu'il découvre est complètement invraisemblable: "On m'a dit que personne ne savait où était l'interrupteur et que personne ne savait comment éteindre cette fameuse lumière. Je n'en croyais pas mes oreilles." Au fur et à mesure de ses recherches, Jean se rend compte qu'il a mis le doigt sur un problème bien loin d'être simple à résoudre: "Quand je demandais pourquoi rien ne bougeait, on me disait que l'entrepreneur a fait faillite et que personne n'arrive à le contacter pour savoir."


Sept ans quand même

Une situation irréelle, qui dure maintenant depuis plus de 7 ans et qui commence à susciter de plus en plus l'indignation dans le village: "Quand j'entends que certaines écoles ont des problèmes pour payer leurs consommations et que là, je vois que les lumières restent allumées en ces temps de crise, c'est aberrant…", déplore Jean. L'incompréhension reste encore plus forte puisque le retraité ne comprend pas pourquoi les démarches stagnent: "On pourrait demander à n'importe quel électricien d'y jeter un œil. Tout le monde en parle, mais on espère que quelqu'un fera enfin quelque chose. Il serait temps après 7 ans quand même !".

Du côté de l'échevine de l'enseignement Chantale Eloin, c'est également l'incompréhension, et ce, depuis le début des travaux en 2015: " Dès le début, on a remarqué un problème du système d'électricité au niveau de cette annexe. Il faut bien comprendre qu'ici on parle d'un système de détecteur de mouvements automatiques, qui allume et éteint la lumière en fonction de ce que le système perçoit. Le souci, c'est qu'il y a clairement une faille dans l'installation, et on a aucun contrôle là-dessus. La lumière peut rester allumée toute une nuit si quelque chose fait vriller le détecteur. Quelquefois, ça s'éteint, d'autres fois ça reste allumé. On faisait confiance à cette société, et finalement, on se retrouve avec pleins de soucis."

La seule solution ça aurait été de couper définitivement l'électricité

Et même lorsque la commune essaie d'établir un contact, c'est le silence radio: "La société est en faillite et ne se sent plus responsable du problème. On a essayé de régler ça de notre côté, mais impossible d'obtenir les pièces adéquates pour faire les ajustements. La seule solution ça aurait été de couper définitivement l'électricité dans tout le bâtiment, mais ça reviendrait à plonger dans le noir deux classes de maternelles et la salle des professeurs… ".

Pourtant, après des années à essayer de régler le système, la commune et l'école ont décidé de finalement prendre les devants: " C'est vrai que c'est inadmissible. Et encore plus en ces temps de crise énergétique, c'est devenu infernal. Il y a quelques semaines on a convenu de tout couper et de refaire l'électricité complète avec des interrupteurs normaux."

Mais ce n'est pas encore pour tout de suite. L'école continuera encore d'illuminer le village de Durnal jusqu'à la Toussaint: "Commencer des travaux pendant la période scolaire, c'est toujours compliqué, donc nous les entamerons pendant le congé de la Toussaint. On espère ainsi tourner cette page, une bonne fois pour toutes."

Quant à Jean, le ton reste tout de même amer: "Ça reste une honte de ne s'attaquer au problème que 7 ans après. Il faudrait savoir se poser les bonnes questions."

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