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Depuis 8 ans, Viviane sauve des chats abandonnés à Liège: "Je leur ai créé un coin de paradis, mais je crains que ce soit la fin"

Une infirmière au coeur “gros comme ça” est spontanément venue en aide à des chats errants ou abandonnés qui avaient élu domicile sur un terrain de l’Université de Liège. Mais le démarrage d'un chantier à cet endroit est venu changer la donne: Viviane Vercheval a dû trouver un nouveau lieu et a construit un abri à ses frais pour les félins. Malheureusement, ce petit coin de paradis est aujourd'hui en sursis: "Avec mon petit salaire, je ne peux plus suivre la cadence", se désole cette Liégeoise qui a décidé de lancer un appel aux dons.

Il y a Blacky, Henri, Maya, Tigrou,... Les chats dont Viviane Vercheval s’occupe sont aujourd’hui très nombreux. Et ils sont toute sa vie. "J'ai toujours aimé les chats, depuis toute petite", se souvient cette Liégeoise, après nous avoir écrit via notre bouton orange Alertez-nous. Pour cette infirmière de 47 ans, il était tout à fait normal de prendre soin des chats errants trouvés dans son quartier à Liège. “Je n’ai pas d’enfant et j’ai beaucoup d’affection pour ces boules de poils”, confie-t-elle.

Tout a commencé il y a huit ans. Lors d’une promenade, Viviane tombe nez à nez  avec des chats errants. Ils avaient élu domicile dans une sorte de terrain vague appartenant à l’Université de Liège. "Ils étaient au moins une dizaine, raconte-t-elle. Là, c'était la prolifération car personne ne les stérilisait. Donc, j'ai commencé à m’occuper d'eux, à les nourrir, les soigner". Visites chez le vétérinaire, stérilisations, détartrages, médicaments,... Viviane ne lésine pas sur les moyens et paie la plupart des frais de sa poche. "L'asbl 'Poils et moustaches' m'a un peu aidée lorsqu'il fallait payer les stérilisations, précise-t-elle. Et puis, certaines opérations ont été faites gratuitement".


L’état de santé des chats dont Viviane s’occupe a clairement évolué

Le terrain vague est alors bien utile pour protéger et rassembler les chats dont le nombre varie en fonction des moments de l'année. La petite dernière, c’est Maya. “Elle a été lâchement abandonnée par ses maîtres, dit Viviane. Elle est restée 4 mois devant sa maison. Les nouveaux locataires la chassaient à coup de brosse et lui jetaient des seaux d'eau à la tête pour qu'elle parte! Elle souffre de diarrhées je la fais suivre de près par le vétérinaire. Quand je l'ai eue, elle pesait 2 kg 700, maintenant elle a atteint 3 kg 300 mais elle reste fragile et très marquée par son abandon”.

Il y a aussi Blacky, le “beau chat noir abandonné” que Viviane a retrouvé dans le bois derrière le terrain. “Il était malade, maintenant il est en pleine forme!", se réjouit l'infirmière.

Marco et Felix sont, eux aussi, en bonne santé.


Sans parler de Juliette, “à qui on a dû retirer toutes les dents”, Leo, le chat “qui a une broche à la patte arrière”, et Henry, le chat abandonné et mal en point. “Il lui manquait une oreille, commente Viviane. Il était séropositif, et souffrait beaucoup. Les médicaments ne l’ont pas soulagé et j’ai récemment dû l’euthanasier”.


Le terrain vague va disparaître: que vont devenir les chats ?

Mais un jour, tout bascule. L'année dernière, les habitants du quartier d’Outremeuse reçoivent une lettre du nouveau recteur de l’Université de Liège. La missive annonce des travaux: le petit terrain vague qui abrite les chats secourus par Viviane va être rasé. "On est effectivement en train d'y construire la future annexe consacrée à l’enseignement des langues, confirme Didier Moreau, responsable communication de l'ULg. Les travaux sont en cours, un nouveau bâtiment va y prendre place". Un drame pour Viviane: "Devais-je abandonner les chats? Les laisser là dans la rue?”, s’est-elle demandé, pleine d’inquiétude.

La Liégeoise cherche alors un autre terrain susceptible d’accueillir les félins. Elle se tourne vers le cabinet du bourgmestre. “L’échevin responsable du bien-être animal s’est démené, mais n’a rien trouvé pour accueillir les chats. Je voyais les mois passer et je me suis dit ‘Au secours! On ne va pas y arriver! Jusqu’au jour où j’ai réussi à trouver un propriétaire formidable qui a accepté de mettre à disposition son terrain gratuitement pour les félins”, se réjouit Viviane. Seules contraintes: “Il fallait débroussailler et poser une clôture à nos frais”.


Viviane construit un petit coin de paradis pour ses hôtes: “Ca m’a coûté 5.000€”

Avec sa maman, et parfois l’un ou l’autre ami, Viviane commence donc à aménager l’espace afin qu’il puisse accueillir la dizaine de chats. Problème: les frais augmentent rapidement et démesurément pour cette infirmière. “La clôture a coûté 4.000 euros, pose comprise, comptabilise-t-elle. Quelques connaissances m’ont aidée, en me donnant 20€ par-ci, 30€ par-là, mais j’ai puisé dans mes économies pour le bien-être des chats”. Et ce n’est pas tout: pour protéger les animaux du froid, Viviane considère n’avoir eu d’autre choix que d’installer un abri de jardin. Coût supplémentaire: 1.000€. Sans compter les frais de vétérinaire qui ont continué à s’ajouter. En tout, Viviane dépasse les 5.000 euros de frais. “Bien sur que c’est énorme!, admet-elle. Mais j'ai voulu sauver ces chats. Quand vous suivez ces boules de poils depuis 8 ans, vous les nourrissez tous les jours, eh bien vous finissez par les considérer comme les vôtres”.




“Avec mon petit salaire, je n’y arrive plus”

L’entretien de l’abri de jardin coûte également cher. “Avant, je n’avais que les croquettes et quelques soins vétérinaire à payer, se souvient-elle. Mais une tempête a abîmé le toit de l’abri de jardin, il faut le remplacer. Puis, il y a ce poêle à pétrole, qui a chauffé un peu l’endroit pendant l’hiver. Avec mon petit salaire, je n’y arrive plus”.

Aux yeux de certains, l’engagement de Viviane peut sembler démesuré. Dans le même temps, il faut reconnaître que les chats errants, chouchoutés, sont désormais en pleine santé.






Quelle solution pour Viviane? "Je lance un appel aux dons"

Où Viviane peut-elle trouver de l’aide? Elle qui n’est pas structurée en association. “Madame est très gentille de faire tout cela, entame Marie Minet, porte-parole du ministre du bien-être animal, Carlo Di Antonio. Il est vrai que, selon la loi, madame pourrait être considérée comme la propriétaire de ces chats, puisqu’elle s’en occupe. Elle a simplement l’obligation de les enregistrer et de s’en occuper de façon adéquate, ce qu’elle semble faire parfaitement. Mais les moyens financiers que la Wallonie prévoit, s’adressent aux refuges et autres organismes. Madame pourrait les confier aux refuges”.

“Je suis en contact étroit avec les refuges de la région, mais ils sont pleins, rétorque Viviane. C’est la raison pour laquelle je m’en occupe moi-même”. Viviane espère donc recevoir des dons pour l’aider à entretenir le nouveau terrain, prendre soin des chats et éviter la prolifération de maladies parfois fatales.

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