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Cartons, verres et déchets ménagers mélangés dans le même camion-poubelle à Gerpinnes: "Dois-je continuer à faire mon tri sélectif ?"

C'est effectivement arrivé et l'ICDI, l'intercommunale des déchets de la région de Charleroi, ne s'en cache pas. Un restaurateur de la région a sorti ses verres et cartons le mauvais jour, et l'ICDI a réglé la situation à l'amiable plutôt que d'opter pour la dénonciation, ce qui aurait pu valoir une amende au restaurateur.

Le mois dernier, alors qu’il dînait dans un restaurant de Gerpinnes, une commune verdoyante au sud de Charleroi, Christian a été témoin d’une scène étonnante. "Il y avait devant le restaurant 3 à 4 poubelles de verres, un gros tas de cartons et la grosse poubelle sur roue avec les déchets ménagers. Voilà qu’arrive le camion de l'ICDI. Les ouvriers ramassent les verres. C'est bien… Puis ils ramassent les cartons (???). On comprime le tout parce que la quantité est importante et on termine par la grosse poubelle et on comprime encore !", nous a-t-il envoyé via notre bouton orange Alertez-nous.

"Je me pose la question: Dois-je continuer à faire mon tri sélectif ?", nous demandait-il en conclusion de son message. La réponse est bien sûr "oui", car sans même parler de la responsabilité de chacun envers l’environnement, non seulement mal trier peut valoir des amendes communales, mais en plus, tout mettre dans son sac destiné aux déchets à brûler vous coûtera vite cher.


"C'est vrai", reconnait l'ICDI

Il n’empêche, ce dont Christian a été témoin est interpellant et n’est logiquement pas censé arriver. Nous avons donc contacté Françoise Lardenoey, la cheffe du service Communication et Prévention de l’ICDI, l’Intercommunale de collecte et de valorisation des déchets ménagers de la région de Charleroi. Munie du nom du restaurant et du jour des faits, elle a mené son enquête pour RTLinfo.be. Résultat: "Le fait relaté est vrai".


Une réglementation différente pour les entreprises

Comment est-ce possible ? En fait, les entreprises ne fonctionnement pas comme les particuliers. Depuis le 1er janvier 2016, elles doivent aussi trier leurs verres, PMC, cartons et autres. Mais au-delà d'un certain volume mensuel, elles sont obligées de signer un contrat avec une entreprise de gestion des déchets pour les évacuer. Cette entreprise peut être soit l'intercommunale de gestion des déchets de la région où ils sont situés, ici l’ICDI, soit une entreprise privée comme Shanks ou van Gansewinkel, pour ne citer que les plus connues.


Une collecte spécifique le vendredi

Ici, "le restaurant fait partie des clients professionnel de l’ICDI ; on a un contrat d’enlèvement avec eux. Ils disposent d’un conteneur de plus grand volume que celui des particuliers et il n’est pas enlevé comme pour les citoyens de Gerpinnes tous les mardis, mais le vendredi avec un camion spécial adapté à ces conteneurs", explique Mme Lardenoey.

"Par contre, pour ses déchets triés (le PMC, le verre et le carton), il n’a pas de contrat. Ils sont donc emmenés tous les premiers mardis du mois par la collecte en porte à porte"
, ajoute-t-elle. Il en a le droit car les volumes de ces déchets chez ce restaurateur ne dépassent pas les limites imposées depuis le 1er janvier 2016 par l'arrêté du Gouvernement wallon du 5 mars 2015.


Le restaurateur a dû oublier de sortir ses verres et cartons le mardi précédent

"Ce qui a dû se passer", conclut-elle, "c’est que 3 jours plus tôt, le restaurateur a oublié de sortir le verre et les cartons à temps. Plutôt que de les stocker pendant un mois et attendant la prochaine collecte, il a demandé aux agents du vendredi d’emporter ces déchets". Comme il ne s'agit pas, selon l'ICDI, d'un comportement habituel dans le chef du restaurateur, l'intercommunale lui a fait une fleur. Pourtant, notre témoin l'affirme: il a assisté à la même scène une seconde fois depuis les faits dénoncés ici. Quoi qu'il en soit, les verres et cartons ont été ajoutés au poids total du conteneur du restaurant. Le patron a donc payé plus cher l'enlèvement, mais il a échappé à une amende.


Des amendes en cas de récidive

Car normalement, en cas d'infraction, les agents des intercommunales peuvent agir. "Si la problématique est récurrente ou si l'entreprise dépasse les volumes prévus dans l'arrêté, ça ne se règle pas aussi rapidement", nous explique-t-on au cabinet du ministre wallon de l'Environnement, Carlo Di Antonio. "Les agents peuvent laisser les déchets mal triés là et alerter la police locale ou les agents constatateurs communaux, qui peuvent dresser un procès verbal avec amendes à la clé."


Comme un particulier qui met ses cartons dans sa poubelle

Dans ce cas-ci, verres et cartons sont partis à l’incinérateur plutôt que d’être recyclé. C’est ce qui se passe aussi avec les particuliers : s’ils oublient le jour de ramassage des cartons et décident de les mettre dans leurs sacs blancs, rien ne les en empêche. "Ce n’est pas illégal, mais pas conseillé", note Mme Lardenoey. C’est juste moins bon pour l’environnement et pour leur portefeuille, puisque ces sacs blancs sont chers dans le but de pousser les citoyens à mieux trier leurs déchets. A noter que le contraire, mettre par exemple les mauvais déchets dans les sacs PMC pour alléger ses sacs classiques, est passible d'amendes.


"Trier ne sert à rien": un mythe

Ce problème de non-tri repéré par Christian, il convient de bien rappeler qu'il s'agit d'une exception et non de la règle. "Il y a encore beaucoup de citoyens qui sont persuadés que leurs efforts de tri sont vains", déplore la porte-parole de l'ICDI. Mais cette idée que tous les déchets sont mélangés et que le tri ne sert qu’à percevoir plus de taxes est fausse, c’est un mythe. D’ailleurs, les statistiques européennes le prouvent : la Belgique et n°1 en Europe du recyclage des déchets ménagers avec un taux de 87,4%. S’il y a donc un domaine dans lequel on est un modèle pour le reste du monde, c’est bien celui-là.

Comment en arrive-t-on à un tel résultat ? Découvrez-le dans cet article.

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