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Des dizaines et des dizaines de sacs poubelles DEPUIS 1 AN en face de chez lui à Gosselies: "Ça pue, on ne sait même pas rester dans le jardin"

Les détritus ont été jetés l'année dernière dans plusieurs garages dont les propriétaires sont décédés. Bien qu'en charge de la salubrité publique, la Ville de Charleroi n'a pas encore résolu le problème parce qu'il s'agit d'une propriété privée.

Cela fait plus d’un an que de multiples sacs de déchets ont été placés dans plusieurs garages fracturés de la chaussée de Courcelles à Gosselies. Des détritus qui engendrent une odeur nauséabonde dans tout le quartier, où habite notamment Jean. Ce père de famille, dont la maison se situe juste à côté, nous a contactés via notre bouton orange Alertez-nous pour dénoncer une situation qui, malgré ses démarches, ne fait qu’empirer.


"C’est dégueulasse"

Les propriétaires des 16 garages en question sont décédés depuis plusieurs années. Apparemment, le couple n’avait pas d’héritiers. Leur maison a été cambriolée et certains ont utilisé cinq de leurs garages pour y jeter leurs poubelles. "Ce sont des déchets qui ne viennent pas d’ici, des invendus de magasin", indique Jean. "Si c’était des pneus, on a l’habitude. Mais là, c’est dégueulasse, déplore-t-il. Avec la chaleur, ça pue, on ne sait même pas rester dans le jardin." Outre l’odeur, les détritus attirent les rats et les renards, affirme Jean.


La police et la commune n’ont pas réagi à ses plaintes

Pour tenter de régler le problème, Jean a contacté la police. "Ils m’ont dit ‘on va passer’", rapporte le Gosselien. Malgré ses insistances, la police ne semble pas avoir fait le déplacement. "Normalement ils auraient dû venir sonner chez moi. Ils auraient au moins pu venir voir", s’indigne-t-il.

Jean a également contacté la Ville de Charleroi. Une adjointe du bourgmestre Paul Magnette lui a prêté une oreille compatissante, mais rien de plus. "C’est la deuxième fois que je lui explique. Elle dit que c’est scandaleux, qu’elle va faire le nécessaire… mais je n’ai jamais eu de nouvelles", raconte-t-il.


La Ville de Charleroi face à un problème juridique

Le directeur général de la Ville Christophe Ernotte, que nous avons contacté, est au courant de la situation. S’il reconnait le bien fondé des plaintes des riverains, il explique que la Ville est face à un problème complexe sur le plan juridique. "La salubrité publique, c’est une obligation qui nous incombe. Peu importe le coût. On doit le faire. Sauf que la difficulté qui se pose ici c’est : peut-on le faire dès lors qu’on est sur une propriété privée ?"

Si la succession est réellement vacante, les garages finiront par entrer dans le patrimoine de l’état. Mais c’est un mécanisme beaucoup trop long qui ne répond pas à l’urgence de la situation.

Dans certains cas, la Ville peut prendre une "mesure d’office" et agir d’autorité. Mais pour ce faire, elle doit adresser des courriers d’avertissement, puis comminatoires (qui indiquent la menace d’une sanction), aux responsables, explique M. Ernotte. "Le problème c’est que des responsables, nous n’en avons pas devant nous", souligne-t-il.

La désignation d’un curateur à succession vacante permettrait de débloquer la situation. Mandaté par la justice, celui-ci est nommé pour liquider la succession. Il serait donc habilité à lancer les opérations. "On a veillé à pousser le notaire à faire les démarches en vue de le désigner", confie M. Ernotte. "Une analyse juridique est en cours (…) On attend un retour par rapport à ça", ajoute-t-il.


L’assainissement des garages coûte 23.000 euros

M. Ernotte a quand même demandé un devis à une société qui pourrait prendre en charge l’assainissement de ces garages. Le coût de l’opération s’élèverait à 23.000 euros. "Ce n’est pas anodin", note le directeur général de la Ville, qui souligne l’importance de régler le problème dans la durée : "Il faut empêcher l’accès à l’espace sinon de nouveaux déchets vont être déposés et, tous les mois ou tous les 15 jours, on devra recommencer la même opération".

Malgré l’impatience de riverains comme Jean, M. Ernotte entend rester très prudent : "Une infraction sur un domaine privé est pénalement punissable, des communes ont déjà été condamnées pour avoir outrepassé leur droit", explique-t-il. Jean n’est donc pas près de pouvoir profiter de son jardin, une privation rageante avec l’été que nous connaissons…

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