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Martin accuse ce coussin berlinois d'endommager sa maison à Bruxelles: "Les murs se lézardent!"

Le fils d'un habitant de Bruxelles nous a alertés des nuisances qu'il subit depuis l'installation d'un coussin berlinois devant sa maison. Pour l'instant, la Ville de Bruxelles ne veut pas enlever le dispositif et lui demande de prouver ses accusations via un expert envoyé par son assurance.

Des coussins berlinois ont été installés en 2015 dans la rue de Verdun, à Haren, une section de la Ville de Bruxelles, pour réduire la vitesse des véhicules. Depuis, Martin dit vivre un calvaire. "Les maisons tremblent et se fissurent à une vitesse inquiétante", va jusqu'à affirmer Martin, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous.

Pour la Ville de Bruxelles, il revient à Martin d'accomplir les démarches auprès de son assurance pour faire venir un expert et établir la cause exacte des fissures. "Nous ne sommes pas de mauvaise volonté, mais c'est à un spécialiste de dire si oui ou non il faut enlever le coussin berlinois", explique Els Ampe, l'échevine bruxelloise de la Mobilité (Open VLD, libéraux flamands).

Comment entreprendre les démarches évoquées par la ville? Nous avons contacté un expert en assurances.


Martin: "C'était une rue paisible, jusqu'à ces travaux en 2015"

Originaire de Haren, Martin nous décrit la rue de Verdun comme un coin paisible et calme, pourtant situé à proximité de la capitale. "Mais en 2015, la Ville a rénové la rue et a placé un coussin berlinois devant la maison. Le bâtiment a été bâti en 1937, et il subit de plein fouet les effets du dispositif", avance notre témoin. Martin dit avoir vu les fissures lézarder son habitation au fil des mois, au point de s'inquiéter pour la stabilité de l'immeuble.

Face à ces désagréments, notre témoin a rapidement contacté l'administration communale pour demander le retrait du coussin berlinois. "Nous sommes en contact avec le cabinet d'Els Ampe, l'échevine de la Mobilité. Un dossier a été introduit il y a un an. Ils disent qu'ils vont voir et reprendre contact, mais ça traîne. J'ai insisté et un responsable est finalement venu constater les dégâts en ce début septembre. Mais le coussin berlinois est toujours là…", déplore Martin.

Nous avons contacté les autorités communales pour obtenir leur version de la situation.


La Ville de Bruxelles: "Nous lui avons dit de contacter son assurance"

L'échevine et sa cheffe de cabinet confirment avoir été sollicitées par Martin. "En octobre 2016, il nous a contactés pour dire que des fissures étaient apparues. Dans ce cas, nous lui avons dit que l'idéal était d'utiliser son assurance protection juridique, qui prendrait alors en charge l'appel d'un expert et négocierait avec l'assurance de la Ville selon les résultats des analyses", explique Floriane Bonnier.

"Par contre, c'est le seul riverain à nous avoir appelés pour ce problème", ajoute-t-elle.

La cheffe de cabinet d'Els Ampe tient à souligner que, par le passé, la Ville avait déjà été à l'écoute de notre témoin, pour d'autres soucis. "Il a mes coordonnées. Il nous a déjà contactés pour un problème de stationnement sauvage, et on a fait le nécessaire. Il nous a également appelé car des gens roulaient sur le trottoir, donc on a envoyé des ouvriers intervenir sur place", précise Floriane Bonnier.

Mais pour le coussin berlinois en question, la Ville ne souhaite pas le retirer sans l'avis d'un spécialiste. "Il est tout à fait possible que l'origine du problème soit ailleurs, et que ce soit le dispositif qui révèle la cause initiale. Car le souci est que beaucoup de vieilles maisons sont bâties sur des fondations partagées avec la voirie. Ce n'est pas la façon correcte de construire une habitation, mais ça arrive. Si c'est le cas ici, le coussin berlinois n'est pas la cause des fissures", précise l'échevine Els Ampe.

Celle-ci demande encore au riverain de passer par son assurance. Pour mieux comprendre ce genre de procédure, un expert nous a fourni son éclairage.


Un expert en assurances: "C'est toujours à la victime d'apporter les preuves"

En premier lieu, Wauthier Robyns rappelle que dans tout conflit de responsabilité, "c'est toujours à la victime d'apporter les preuves". Lorsqu'un citoyen fait face à un dommage, le porte-parole d'Assuralia, l'Union professionnelle des entreprises d'assurances, rappelle aussi que le premier réflexe à avoir est de vérifier si une assurance déjà contractée par la personne ne couvre pas les dégâts.

"Dans ce cas-ci, il est peu probable que l'assurance incendie ou habitation du témoin couvre les dommages, car il ne s'agit pas d'une cause naturelle", commente Wauthier Robyns. "Dans ce cas, si le témoin estime que les dégâts sont causés par une intervention humaine, ici la Ville, il peut faire appel à son assurance protection juridique", ajoute-t-il. Ce genre d'assurance offre généralement la possibilité de faire valoir ses droits face à un tiers (dans ce cas la Ville), en prenant en charge les honoraires des experts et des avocats.

Comme l'explique le porte-parole d'Assuralia, l'intervention des experts de chaque assurance (celle de la personne se présentant comme la victime, et l'assurance protection juridique du tiers accusé), peut déboucher sur trois situations:

- Les deux experts identifient la même cause des dégâts, et un accord est trouvé entre eux.

- Les deux experts ne sont pas d'accord. Ils peuvent alors désigner un confrère pour les départager.

- Les deux experts ne sont pas d'accord et aucune procédure à l'amiable n'est possible. Dans ce cas, la procédure peut se poursuivre en justice. Dans ce cas, le juge désignera lui-même un expert judiciaire. Les parties devront ensuite obéir aux conclusions de cet expert, à moins qu'elles ne les remettent en cause en faisant appel.

Dans tous ces cas de figure, l'assurance protection juridique intervient pour accompagner le preneur d'assurance, du moins jusqu'à un certain montant (spécifié dans les conditions générales ou particulières du contrat d'assurance).


La suite en justice?

Après avoir recueilli la réaction de la Ville de Bruxelles, qui demande à Martin de passer par son assurance, nous avons rappelé notre témoin. "J'ai contacté mon assureur à la fin 2015, mais lui m'a dit qu'il verrait avec l'assurance de la Ville. Depuis on attend…", rétorque-t-il. Aujourd'hui, il envisage de relancer les démarches et peut-être d'aller en justice.

De son côté, la Ville affirme que son assureur, Ethias, n'a été contacté qu'en 2017. "Ils nous certifient que monsieur Martin ne les a jamais contacté en 2015 ou en 2016", précise Floriane Bonnier.

Rappelons qu'il y a quelques mois, nous avions traité le témoignage d'un habitant de Walhain, devant chez qui un coussin berlinois avait été placé. Le riverain s'était plaint des nuisances auprès des autorités communales, qui avaient rapidement enlevé le dispositif par mesure de précaution. Mais cette fois, à Bruxelles, la situation est bien différente.


@David Fourmanois

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