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Le sommeil d'Emilie perturbé par le chant des coqs de son voisin à Waremme: "On ne dort plus!"

Cette femme n'en peut plus d'entendre chanter les nombreux coqs de son voisin. Elle dit subir ce désagrément depuis plusieurs années malgré ses appels réguliers auprès des autorités communales. Le bourgmestre dit avoir demandé un avis de police.

Mère de deux enfants, Émilie vit à la campagne depuis plus de dix ans dans la commune de Waremme. Si elle s'imaginait profiter d'un cadre tranquille, elle a vite déchanté car la situation s'est détériorée au fil des ans.

"Notre voisin aime les coqs et les poules et il en possède des dizaines dont cinquante coqs chanteurs (avec lesquels il participe à des chants de coq). C’est exponentiel depuis qu’on habite là. Au départ, il y avait 1 ou 2 coqs et ça se passait bien, mais là il y en a beaucoup trop", soupire-t-elle. "Cela peut paraître stupide, mais ça vous réveille et ce, toutes les nuits" ajoute cette femme qui a enregistré les chants et nous les a fait parvenir via le bouton orange Alertez-nous (à entendre dans la vidéo ci-dessus).

Cette assistante de direction dans une société de recrutement, qui passe "souvent" de courtes nuits, dit avoir tenté de trouver une solution avec son voisin pour ne plus devoir subir ces "nuisances sonores".


"On ne demande pas qu’il se sépare de ses coqs mais..."

"Le seul problème est que les coqs ne sont pas rentrés et donc toutes les nuits, on les entend. En hiver, ça ne nous gêne pas encore de trop car on dort la fenêtre fermée. Mais en été, cela fait beaucoup de bruit. On est réveillés toutes les nuits entre 3 et 4 h du matin. Quand on est obligés de fermer les fenêtres alors qu’il fait très chaud, on ne dort plus. Et on se rend compte que dans le voisinage, tout le monde est crevé", affime-t-elle. 

Émilie aimerait donc que les volatiles soient placés dans un lieu insonorisé durant la nuit avant d'être sortis durant la matinée. "On ne demande pas qu’il se sépare de ses coqs mais que les animaux soient au moins enfermés pour qu'on puisse se reposer", suggère-t-elle.

Elle a déjà fait appel à l'agent de quartier pour venir constater les nuisances. "Et elle nous a répondu que notre voisin était à distance réglementaire, que c’est sa passion et qu’elle ne pouvait rien faire." Le bourgmestre et le premier échevin ont également été mis au courant de la situation, mais actuellement aucune décision ou sanction n'a été prise. "Finalement, on se retrouve dans une impasse. On n’est pas entendus ni compris", ajoute-t-elle.


Que stipule le règlement de police?

Selon elle, le règlement de police de la commune devrait pourtant entraîner une intervention des autorités.

Dans le chapitre sur la tranquillité publique, et plus particulièrement sur la lutte contre le bruit, il est stipulé que: "Les hurlements, chants et cris d’animaux domestiques ou autres, qu’ils appartiennent à des particuliers ou à des sociétés, qui troubleraient d’une manière excessive la tranquillité ou le repos des habitants, seront sanctionnés."


"On arrive à 70-75 décibels dans la chambre de mon fils"

"Tout comme, je ne peux pas laisser aboyer mon chien toute la nuit, j'estime que mon voisin ne peut pas laisser ses coqs faire autant de bruit", estime Émilie. "J’ai mis une application sur mon smartphone qui mesure les décibels et à 8h du matin, dans la chambre de mon fils, on arrive à 70-75 décibels", assure-t-elle. (NDLR: un coq produit généralement entre 50 et 60 décibels) 

Elle conclut: "Je veux bien vivre à la campagne mais ne pas subir cela. Ce sont des nuisances et c’est pour moi du tapage nocturne."


Le bourgmestre: "J’ai demandé un avis de la police"

Contacté par nos soins, le bourgmestre de Waremme, Jacques Chabot, indique qu'un dossier sur ce cas particulier a été ouvert auprès du Collège communal pour savoir si cette situation nécessite une éventuelle action à l'encontre du propriétaire des coqs.

"C’est à l’étude au Collège et avec la police donc je ne sais pas donner de réponse maintenant. J’ai demandé un avis de la police donc sans avoir tous les éléments, je ne sais rien dire pour le moment. Il y a une réglementation contre les nuisances en général et pas seulement contre les coqs", s'est-il contenté de nous répondre. Preuve que cette problématique n'est pas simple à résoudre pour les autorités.

Mais pourquoi le coq chante-t-il dès l'aube?

Pour les amateurs de grasses matinées, il est préférable de ne pas habiter trop près d'un poulailler car un coq chante dès le lever du soleil.

Réveillé par les premières clartés (non-visibles par l’œil humain), ce volatile se déchaîne en effet avec un pic sonore en début de journée et un dernier à la tombée de la nuit. Si on observe une diminution des chants entre les deux, le coq, réputé pour être un "réveille-matin", pousse des cris toute la journée, pour par exemple, amener une poule à s’accoupler avec lui. 

"Les oiseaux comme les coqs (sauf les oies) sont hypnotisés pendant la nuit car, ils sont dans le noir. Et comme le coq est le mâle le plus vigilant, dès qu’il voit la première lumière du soleil, il doit éveiller toutes les poules pour aller faire leur travail", explique le vétérinaire Eric Vanden Eynde. "Par ailleurs, si vous avez un coq derrière chez vous et que vous allumez la lumière, il va penser que c’est le soleil et il va réveiller tout le monde."

Pourquoi chante-t-il aussi durant la journée? "Le coq va devoir de temps en temps rallier toutes ses fidèles pour leur dire qu’il est temps de faire l’une ou l’autre chose. Aujourd’hui souvent, il fait cocorico pour rien du tout puisqu’il est dans un poulailler fermé ou qu’il est le seul coq dans le jardin de nos gens modernes. Quand il y a énormément de coqs, il faut énormément de poules car il leur en faut un nombre suffisant. N’avoir que des coqs, c'est de l’exploitation. Ce n’est pas respecter la nature", ajoute-t-il.

Cet animal se réveille en chantant "car c'est un mal dominateur", précise Emmanuel Sobry, le propriétaire du Poulailler du Loan à Chimay. "Il fait ça pour impressionner ses poules et montre qu'il est le chef de la basse-cour. Le volume sonore est un artifice sexuel. Le coq chante toujours à son maximum jusqu'au coucher. Après, le volume, c'est une question de puissance physique."

Dans un article du quotidien français Ouest-FranceChristophe Thébaud, un professeur d’écologie et de biologie évolutive à l’université de Toulouse, précise qu'il est possible que les coqs chantent parfois au milieu de la nuit (vers 3-4h du matin). "C’est le cas notamment dans les environnements urbains et périurbains. La pollution lumineuse due à l’éclairage public perturbe son rythme biologique et dérègle son horloge interne", explique-t-il.


Le cri indique le statut social

Le premier chant du coq ne serait par ailleurs pas une histoire de lève-tôt, selon une étude parue en 2015 dans Scientific Reports de la revue Nature, mais un privilège de leader.

Des scientifiques ont mis en évidence que le chef du poulailler est toujours le premier à annoncer la rupture de l'aube, ses condisciples ne chantant qu'après et en respectant scrupuleusement l'ordre décroissant de leur rang social.

Les coqs, comme les poules, vivent ensemble d'une manière très hiérarchisée, qui influe sur le vie quotidienne de ces gallinacées. C'est pourquoi le coq dominant mange en premier, choisit ses compagnes, le meilleur nid et a le privilège de réveiller tout le monde.

Les scientifiques ont également observé que les coqs de rang inférieur chantaient moins souvent que les autres. Ainsi, si le coq de haut rang est retiré de l'expérience, le coq de deuxième rang devient le premier à chanter.


Très respectueux de la hiérarchie

Les coqs sont donc très respectueux de la hiérarchie. Cette dernière se met en place de façon très simple: par la force, ce qui donne lieu aux fameux combats de coqs.

"Quand des coqs qui ne se connaissent pas sont mis ensemble, ils commencent par se battre. Dès que les plus forts sont identifiés, les combats diminuent et seuls les plus 'gradés' continuent parfois de provoquer les autres par des coups de bec, jamais l'inverse", avait précisé à l'AFP Tsuyoshi Shimmura de l'université de Nagoya (Japon), coauteur de l'étude.

Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont mis ensemble quatre coqs et les ont laissé se battre et définir leur hiérarchie. Ensuite, ils les ont mis dans quatre cages différentes pour observer les changements de comportement.

Le chant du coq est inné, il n'est pas appris. Il ne varie pas selon la position hiérarchique du chanteur. "Nous n'avons pas observé de spécificités particulières au cocorico du dominant", avait expliqué le scientifique dont l'objectif final est d'identifier le gène impliqué dans cette vocalisation innée.

Et si "le chant du coq annonce la levée du jour depuis la civilisation de l'Indus (2600 à 1800 avant J-C), on ne sait toujours pas pourquoi il le fait", avait reconnu le chercheur. 

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