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Fanny fabrique et loue les costumes des Gilles de Binche: son activité à l’arrêt, elle se réinvente avec des poupées

En février 2021, les Gilles de Binche ne battront pas les pavés de la région du Centre, comme il est de coutume, pour célébrer le carnaval. Fin novembre, le bourgmestre de Binche, Laurent Devin annonçait l’annulation du carnaval de Binche, ainsi que de tous les carnavals de l’entité binchoise en raison de la crise sanitaire. Une annonce qui a bouleversé Fanny Kersten, louageuse de costumes de Gilles, qui passera deux ans sans carnaval: "L’entendre de vive-voix a été un vrai coup de massue. J’ai pleuré pendant une demi-heure. On ne savait plus me ravoir", nous révèle la Binchoise, la gorge serrée.

A 54 ans, Fanny travaille dans l’entreprise familiale depuis 32 ans. Un atelier de confection et de location de costumes et chapeaux de Gilles & Paysans situé à Waudrez que possédait déjà son arrière-arrière-grand-père.  

Depuis mars 2020, son business est à l’arrêt total et se rendre dans son atelier lui donne le spleen: "J’y rôde le cœur en berne, et pour prendre les poussières… ", nous confie-t-elle. Et de poursuivre: "Mais c’est vraiment très dur. Je n’ai pas le moral. C’est tellement ancré en nous le carnaval. Il faut le comprendre. Ici dans la région du centre, on vit carnaval, on pense carnaval. Toutes nos conversations tournent autour de cet événement folklorique."

C’est alors qu’une de ses amies a eu l’idée de lui passer une commande assez particulière. "Elle m’a appelée et m’a demandé de lui fabriquer une poupée de Gilles qu’elle exposera dans son salon au moment où les festivités étaient normalement prévues." A la remise de l’objet, l’amie sous le charme de cette nouvelle mascotte en partage une photo sur Facebook.

La poupée est en plastique et elle mesure 75 centimètres, le célèbre chapeau à plumes compris. Elle est bien entendu vêtue du costume traditionnel, confectionné dans le respect de la tradition. Elle coûte 150 euros.

Après cette publication, la magie des réseaux sociaux a opéré. Et les amoureux du folklore, sous le charme, ont commenté la publication en demandant quelle était la procédure pour s'en procurer une et quel était le prix. En quelques heures, une trentaine de commandes a afflué chez la louageuse, agréablement surprise par cet engouement.

"Ces personnes m’ont expliqué que le budget qu’ils auraient habituellement mis dans un costume de Gilles, et dans les préparations des festivités, ils allaient le mettre dans une de mes poupées. C’était magique. Nous avons même reçu une commande du Mexique et du Luxembourg!", nous détaille la dame surexcitée.

Sans plus attendre, samedi matin, Fanny s’est alors remise à sa table de travail dans son atelier. "Confectionner une poupée, cela me prend environ une journée et demi. J’en ai pour quelques jours de travail avec toutes ces commandes et je suis ravie. Cela fait du bien au moral de retravailler. Je suis contente d’avoir une raison de me lever le matin et surtout... de ravoir ma dose de stress."

A la question du prénom qu’elle a choisi pour baptiser cette poupée emblématique, Fanny nous répond: "C'est une question difficile. Mais elle sera à elle seule le Carnaval 2021". 

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