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Handicapée depuis 4 ans, Blandine ne lâche rien et part seule faire le tour du monde: "Je veux montrer qu’on peut réaliser ses rêves!" (photos)

Piquée par le virus du voyage à la fin de sa rhétorique, Blandine a rapidement rêvé de faire un jour le tour du monde. Cette jeune liégeoise s’imaginait parcourir la Terre sur ses deux jambes, mais la vie en a décidé autrement. Aujourd’hui âgée de 24 ans, elle souhaite prouver que vivre en fauteuil roulant n’est pas une raison suffisante pour abandonner ses projets, au contraire ! Sur son blog, elle raconte ses aventures. Une façon de partager ses bons filons, mais aussi de faire passer un message positif à toutes les personnes souffrant comme elle d’un handicap.

Chaque année, de nombreux jeunes diplômés profitent de cette étape de leur vie pour s’envoler vers d’autres contrées avant d’entamer des études supérieures ou de se lancer dans le monde du travail. Ces "backpackers" partent souvent seuls, à l’aventure, découvrir le monde au gré de leurs rencontres. Blandine, 24 ans, en fait partie... à un détail près. 


"C’est mon rêve depuis toujours, et je suis bien décidée à le réaliser !"

La jeune liégeoise nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour nous faire part de sa situation et de son grand projet. "Je pars faire le tour du monde, seule, avec mon sac à dos et mon fauteuil roulant. Je sais, beaucoup de personnes pensent qu’un tel périple est complètement irréalisable ou dangereux, mais c’est mon rêve depuis toujours, et je suis bien décidée à le réaliser !" 


Elle a toujours aimé voyager mais raconte que c’est lors d’un périple aux Etats-Unis durant un an, après sa rhétorique, qu’elle a commencé à rêver de faire le tour du monde. "C’était mon premier gros voyage", raconte-t-elle. "C’est suite à cette expérience que j’ai attrapé le virus !"

Après cette année de transition, Blandine a entamé des études de traduction à l'Institut Marie Haps à Bruxelles. C’est pendant cette période qu’elle a appris qu’elle souffrait d’une maladie génétique. "Aujourd’hui, ma maladie n’a pas encore été identifiée parce que je suis la seule personne dans ma famille à l’avoir", explique-t-elle. "Je ne sais pas en dire plus, mais cela entraîne une fatigabilité importante de mes bras et mes jambes. C’est pour cette raison que je ne pourrais pas me pousser toute seule dans un fauteuil, c’est grâce à mon fauteuil électrique que je serai capable de partir seule."

"Je me suis dit que j’allais devoir abandonner tous mes projets et arrêter mes études"

Blandine est une jeune fille très positive, mais elle avoue qu’au début, faire face à son handicap n’a pas été évident. "Je ne savais pas trop ce que j’avais, ni comment ça allait évoluer. Je me suis dit que j’allais devoir abandonner tous mes projets et arrêter mes études", se souvient-elle.

Heureusement, Blandine a pu poursuivre ses rêves et ses projets, même si il a fallu s’adapter. "J’ai dû partir faire mes études en France parce que malheureusement, la Belgique, et surtout Bruxelles, n’est pas vraiment accessible aux personnes à mobilité réduite", dit-elle en riant. "A Bruxelles, il n’y avait pas de transports accessibles, pas de logements adaptés aux étudiants non plus... Je pense que à Louvain-La-Neuve c’est un petit peu mieux à ce niveau-là mais fatalement, quand j’ai démarré mes études, je ne savais pas que j’allais me retrouver handicapée..."

Mentalement aussi, Blandine a dû se faire à l’idée. "Pendant plus ou moins un an, avant d’avoir mon premier fauteuil, je ne suis pratiquement pas sortie de chez moi. J’avais 20 ans. Rester chez soi pendant plusieurs mois et n’avoir aucune vie sociale, ce n’est clairement pas évident", pense-t-elle. "Finalement, le fait de pouvoir sortir à nouveau, voir mes amis, avoir une vie sociale un peu plus normale, ça a quand même compensé."


"Il a fallu près de deux ans avant que j’accepte qu’on me prenne en photo"

Aujourd’hui, Blandine affiche publiquement son statut de personne handicapée sur Facebook ou sur son blog. Pourtant, il y a quelques années, elle n’aurait jamais pensé prendre fièrement la pose aux quatre coins du monde, armée d’un grand sourire et de son fauteuil électrique.

"Quand j’ai eu mon premier fauteuil, qui était d’abord manuel et qui m’obligeait à avoir besoin de quelqu’un pour me pousser, j’ai eu beaucoup de mal à me voir. Je crois qu’il a fallu près de deux ans avant que j’accepte qu’on me prenne en photo ou de voir une photo de moi en fauteuil".


"Je suis consciente que tout le monde ne peut pas partir tout seul comme moi"

Malgré ces épreuves, Blandine garde en tête le fait que d’autres personnes font face à des situations plus compliquées. "Moi, même si je ne marche plus aujourd’hui, j’arrive quand même encore à me débrouiller toute seule pour certaines choses, comme m’habiller ou me laver. Je suis consciente que tout le monde ne peut pas partir tout seul, des gens ont besoin d’aide humaine 24 heures sur 24."


"Comme mon tour d’Europe s’est relativement bien passé, j’ai décidé d’aller plus loin !"

La jeune diplômée garde sa liberté et compte bien en profiter ! "Même si c’est plus compliqué qu’avant, j’ai décidé de continuer à voyager quand même. J’ai toujours adoré voyager, et le fait de me retrouver en fauteuil roulant il y a 4 ans n’y a rien changé !"

Après un Erasmus en Ecosse, Blandine a effectué un tour d’Europe en train l’été dernier. "C’est un voyage que j’avais envie de faire depuis longtemps", explique-t-elle. "C’était aussi une sorte de test pour voir si j’étais capable de voyager sur une longue durée et toute seule en changeant régulièrement d’endroit avec tous mes bagages. Comme ça s’est relativement bien passé, j’ai décidé d’aller plus loin !"

"On ne peut pas partir à l’improviste, sur un coup de tête, sans rien réserver"

L’arrivée d’un fauteuil a entraîné pas mal de changements dans sa vie, la façon dont elle prépare ses voyage en fait évidemment partie. "Le problème, quand on voyage en fauteuil, c’est qu’on ne peut pas partir à l’improviste, sur un coup de tête, sans rien réserver", explique Blandine. "Je me suis vite rendue compte qu’il était très difficile, voire impossible de trouver des informations fiables et précises sur l’accessibilité d’un hôtel par exemple. Je passais toujours des dizaines d’heures à faire des recherches sur internet, à envoyer des mails ou à téléphoner, et malgré cela, j’avais parfois quelques mauvaises surprises en arrivant sur place, comme une salle de bain inaccessible ou encore la présence de marches devant l’entrée de l’hôtel".

Pour les transports aussi, tout est plus compliqué. "Que cela soit les trains ou les avions, il faut toujours bien se renseigner sur l’accessibilité et réserver des assistances dans les gares ou les aéroports".

"Un pneu crevé ou une panne, ça peut être assez embêtant"

De son côté, Blandine s’inquiète plus pour les problèmes techniques ou de sécurité que pour sa santé. "En dehors de mon handicap, j’ai la chance de ne pas avoir besoin de traitement ou de soins particuliers. Par contre, j’ai déjà eu des soucis de fauteuil pendant mon tour d’Europe l’été dernier, comme un pneu crevé ou une panne et ça, ça peut être assez embêtant."

Elle essaye donc de penser à un maximum de chose qu’elle doit emporte r avec elle pour éviter des stress inutiles. " Je prends par exemple du matériel de remplacement, si j’ai des problèmes techniques sur mon fauteuil. Dans ma situation, il vaut aussi mieux réserver des vols directs, même si ça coûte plus cher", explique-t-elle. " Lors des vols avec correspondance, il y a toujours un risque que le fauteuil soit malmené et cassé pendant les changements d’avion."

"On m’a interdit d’embarquer pour un vol de retour à cause de la batterie"

Blandine voyage en fauteuil électrique. Il possède une batterie et à cause de cela aussi, voyager en avion est toujours plus compliqué. "Au mois de juin, j’ai passé quelques jours à Budapest et Ryanair m’a interdit d’embarquer pour mon vol de retour à cause de la batterie", raconte-t-elle. "Les réglementations sont de plus en plus strictes à ce niveau, ils considéraient sans doute que c’était dangereux parce qu’il y avait du lithium alors que de telles batteries, il y en a dans les GSM ou les appareils photo". Finalement, au dernier moment, le commandant de bord a accepté que Blandine embarque. Plus de peur que de mal, mais "c’était quand même un très mauvais moment à passer", regrette-t-elle.

Quitte à vivre des situations pénibles, autant qu’elles servent de leçon à d’autres personnes. En 2014, Blandine a créé son blog "1000 découvertes 4 roulettes". "J’y partage mes aventures, conseils et bonnes adresses accessibles. Vu le temps que je passe à préparer chacun de mes voyages, à vérifier les infos sur place, autant en faire profiter d’autres personnes à mobilité réduite !", explique-t-elle.

"La meilleure source d’information, ce sont les personnes à mobilité réduite elles-mêmes"

"Dans les guides classiques, on n’en parle pas du tout. Sur internet, on trouve parfois des choses mais pas toujours fiables, pas toujours concrètes. Je me suis rendue compte que la meilleure source d’information, ce sont les personnes à mobilité réduite elles-mêmes". Aujourd’hui, plusieurs centaines de personnes parcourent son blog chaque semaine, et plus de 3000 suivent ses aventures sur Facebook.


"Certains messages m’ont beaucoup touché"

Un grand succès qui prouve que son message d’espoir touche bien des personnes. "Tout le temps, toutes les semaines, je reçois des mails ou des messages de personnes qui me demandent des conseils pour telle ou telle destination", dit-elle. "D’autres me remercient tout simplement de leur montrer que voyager avec un handicap, c’est possible. Certains messages m’ont beaucoup touché, comme par exemple les parents d’un enfant handicapé à qui on avait dépeint une vie future assez triste et qui ont réalisé que finalement, c’est possible de faire plein de choses, même avec un handicap."

"Sur place, ça sera plutôt auberge de jeunesse et transport en commun que hôtel quatre étoiles et taxi limousine"

Depuis le 9 septembre, chacun peut suivre les nouvelles aventures de Blandine. Première étape de son tour du monde : la Chine ! "Mon idée de départ était de passer quelques mois en Australie. J’en rêve depuis longtemps, j’ai donc j’ai réussi à trouver un stage là-bas.  Mais je me suis dit que quitte à partir aussi loin aussi longtemps, autant en profiter pour faire des arrêts en route. Je vais donc commencer par passer trois mois en Asie, en sachant que le coût de la vie est quand même nettement inférieur à celui en Europe ou en Australie. Sur place, ça sera plutôt auberge de jeunesse et transport en commun que hôtel quatre étoiles et taxi limousine !"


"Je ne demande d’argent à personne, ce n’est pas à monsieur et madame tout le monde qui ont à me payer ce voyage", précise Blandine. Grâce à son blog, la jeune handivoyageuse a créé plusieurs contacts, notamment au Japon et en Nouvelle-Zélande. "Partir dans les autres pays où ils parlent moins anglais ça me paraissait moins évident", explique-t-elle.

"Mes parents sont rassurés, ils voient que je suis quelqu’un de très organisée"

Son père et sa mère, eux, s’inquiètent comme n’importe quel parent pour leurs enfants, mais Blandine dit faire le maximum pour les rassurer. "Je leur envoie des messages tous les jours, parfois plusieurs fois par jour. Ils voient que je suis quelqu’un de très organisé, j’ai aussi pris une bonne assurance. Ils savent qu’ils peuvent me faire confiance, même si c’est vrai que cela parait un peu fou. Je ne pars pas dans l’inconnu total non plus."

"En décembre, je fêterai mes 25 ans en Nouvelle-Zélande"

Après la Chine, direction le Japon, que Blandine traversera en train. Ensuite, elle partira au Vietnam avant de terminer son périple asiatique par une escale de quelques jours à Singapour. "En décembre, je fêterai mes 25 ans en Nouvelle-Zélande, et je terminerai l’année 2016 à Sydney, en Australie, où je m’installerai pour mon stage de 6 mois. Après l’Australie, rien n’est encore décidé, mais l’Amérique latine sera probablement au programme !"

En plus de tenir son blog, Blandine aimerais profiter de ce temps passé à l’étranger pour rencontrer des jeunes personnes handicapées dans ces différents pays. "Qu’ils soient étudiants, travailleurs ou autre, j’aimerais leur poser quelques questions, faire leur portrait, voir un peu comment se passe leur vie de personne à mobilité réduite là où ils vivent." 


"Ils s’imaginent qu’on est forcément malheureux et déprimé, mais ce n'est pas une fatalité"

Si Blandine réussi à redonner espoir à quelques personnes handicapées comme elle, la jeune liégeoise aura tout gagné! "Mon idée, c’est vraiment de passer un message positif et de montrer que même avec un handicap, même quand on est en fauteuil roulant, on peut avoir des projets, on peut voyager, on peut réaliser ses rêves. Pour beaucoup de gens, se retrouver en fauteuil c’est la pire chose qui pourrait leur arriver dans leur vie. Ils s’imaginent qu’on est forcément malheureux et déprimé, mais non, ce n'est pas une fatalité. C’est tout à fait possible d’être heureux avec un handicap."

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