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Interdit bancaire, Willy pensait ouvrir un crédit en ligne, il a perdu des centaines d'euros: "Je ne dors plus"

Les escrocs en ligne ont fait une nouvelle victime. Un retraité de Molenbeek qui, face à des difficultés financières, pensaient avoir emprunté 5.000 euros à une banque étrangère. Loin d'être renfloué, son compte est encore plus maigre qu'auparavant.

Les escrocs ont ce talent: ils savent profiter de la faiblesse des gens. Willy nous a contactés cet été car il a été victime de son malheur: interdit bancaire, il avait besoin d'argent rapidement pour régler des factures de la copropriété de son immeuble. Il a donc cherché une solution sur internet. Le début des ennuis. "Je n'obtiendrai jamais ce prêt et ma famille a été grugée de 473€", nous a-t-il expliqué via le bouton orange Alertez-nous.

"Des problèmes d'argent"

C'est souvent en promettant de l'argent que les escrocs piègent leurs victimes: lorsqu'elles vendent un objet en ligne, lorsqu'elles espèrent via un SMS avoir droit à un remboursement de l'Etat ou de la mutuelle, etc.

Willy est retraité, il a 67 ans. Cet habitant de Molenbeek le reconnait: "J'ai des problèmes d'argent. J'ai une petite pension depuis deux ans, après avoir travaillé 22 ans dans une entreprise de travail adapté comme travailleur handicapé. A 65 ans, je gagnais 10€ brut de l'heure, ce qui a eu un impact négatif sur le calcul de ma pension".

Avec des revenus limités, la moindre entorse au budget est un problème. "Malheureusement, nous devons payer 1.700 de charges au syndic de l'immeuble de l'appartement que nous louons. Je n'ai pas cette somme à disposition. Or je suis déjà interdit bancaire chez Cofidis, car j'ai beaucoup de mal à rembourser un prêt. Donc j'ai été coincé, et je n'ai d'aide de personne".

Il y avait des choses très douteuses

"J'ai cherché sur internet"

Ayant besoin d'argent, Willy a eu le réflexe, généralement mauvais quand il s'agit d'argent, "de chercher sur internet" un organisme de crédit acceptant les personnes dans sa situation. "Il y a beaucoup d'organismes et de courtiers en Belgique, mais dans le questionnaire, ils sont obligés de demander si l'on est interdit bancaire, et le prêt est refusé".

En continuant à chercher, parce qu'on trouve de tout sur internet, "je suis tombé sur un site, www.kofidaxdevis.com, qui informe assez bien dans le détail comment, en principe, on peut obtenir un prêt lorsqu'on est fiché à la Banque nationale" :

Tout a été très vite. "J'ai rempli un formulaire avec mes coordonnées, et j'ai été mis en contact par email avec une personne qui se fait appeler Aurore Lelangue. Elle m'a envoyé toute la procédure pour obtenir un crédit de 5.000 euros. Il y avait des choses très douteuses: on me demandait d'envoyer deux photos de moi et une de mon épouse, ainsi que la photocopie recto verso de ma carte d'identité".


Des frais d'ouverture de dossier et une assurance…

Dans le besoin et sans autre solution pour trouver de l'argent, Willy continue et s'engouffre dans le piège. "On m'a demandé de payer 178€ de frais pour l'ouverture du dossier, et j'ai payé". Etrange organisme de crédit qui demande de l'argent au lieu d'en prêter… "J'ai versé l'argent sur un compte en banque français au nom de Metbach Shannen".

Quand la victime mord à l'hameçon, les escrocs se précipitent. "Après, on m'a demandé de payer encore 295€ pour débloquer les fonds. A ce moment, toujours par email, j'ai été mis en contact avec soi-disant la Capital Bank". A nouveau, Willy laisse de côté ses soupçons et paie.

Et comme ils n'en ont jamais assez, les arnaqueurs lui demandent alors "encore 393€ pour souscrire une assurance obligatoire liée au crédit, auprès de l'organisme Vienneau", qu'il fallait "virer toujours sur le même compte en banque français".

Il arrête les frais et contacte la police

Mais là, c'est la demande de trop. "J'ai mis un frein, car je sentais bien venir l'arnaque". Il demande alors des précisions par email sur les entreprises concernées par son prêt, puis il regarde tous les documents reçus et se rend compte qu'il y a "beaucoup d'incohérence" dans les entreprises citées, la mise en page, l'orthographe, etc.

"C'est incroyable, comment ai-je pu me laisser berner et perdre 473€?", s'interroge aujourd'hui Willy, qui tient à prévenir le plus de monde possible. Il a passé 1h30 à la police, où il a déposé une plainte et tous les documents. Il attend, espérant que quelqu'un se saisisse de l'affaire. Pour de si petits montants, on sait qu'il est peu probable que des devoirs d'enquête internationaux soient demandés par une justice débordée.

Je ne dors plus depuis trois nuits

Financièrement, sa situation est encore plus délicate qu'avant. "Les charges ne sont toujours pas payées, et je n'ai pas d'argent devant moi. Le pire ? La personne qui m'a arnaquée me menace et me harcèle par email pour que je paie cette assurance, alors que je lui ai fait comprendre que je la trainais en justice".

Un autre problème qui pourrait survenir, c'est l'usurpation d'identité, car Willy a envoyé ses coordonnées, des photos de lui et de sa carte d'identité. Il est possible de s'inscrire sur des banques en ligne, afin d'avoir des comptes en banque permettant de faire transiter de l'argent volé, et de l'utiliser ou de le convertir en billets à un distributeur…

"Je ne dors plus depuis trois nuits, c'est très difficile à vivre. Je me réconforte auprès de mon épouse, près de notre chien et de nos deux chats qui eux au moins sont fiables !"

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