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Les Grottes de Han déplacent leur billetterie: Kévin perd son emploi dans un restaurant et remet en doute ce choix

C'est la polémique qui secoue Han-sur-Lesse ces dernières semaines. Afin d'accueillir le public dans les conditions optimales d'hygiène, les Grottes de Han ont décidé de déplacer leur billetterie à l'extérieur du village. Des commerçants regrettent ce choix qui dévierait les touristes d'un jour du centre. Kévin, chef de cuisine, a perdu son emploi dans un restaurant suite à sa fermeture définitive. Pour lui, le déplacement de la billetterie n'y est pas étranger.

C'est pour ce qu'il appelle un "petit coup de gueule" que Kévin nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. Il y a quelques jours, ce chef de cuisine originaire de Rochefort (province de Namur) a perdu son emploi dans un restaurant situé à Han-sur-Lesse. Le jeune homme de 26 ans a été remercié par son patron, obligé de fermer définitivement son établissement. Kévin n'en veut donc pas à son désormais ancien employeur. La crise sanitaire aurait eu raison du restaurant mais pas seulement. S'il est en colère, c'est, dit-il, aussi à cause d'un autre élément: le récent déménagement de la billetterie des Grottes de Han.

Un déménagement qui passe mal 

Lors du déconfinement et la réouverture des Grottes au mois de juin, le site touristique a décidé de déménager sa billetterie du centre de Han-sur-Lesse vers un endroit situé à quelques centaines de mètres à l'extérieur: la plaine du Dry Hamptay. Raison avancée par les Grottes de Han, le respect des mesures d'hygiène imposées par les autorités du pays. Elles n'étaient plus assurées dans le bureau du centre de Han, jugé trop exigu. "Nous n'avions pas d'autres possibilités que de déménager vers la plaine", explique Brigitte Malou, administratrice déléguée du domaine des Grottes de Han. "Nous n'aurions jamais pu accueillir les visiteurs dans les anciennes installations."

Un village "dénaturé" 

Conséquence de ce déménagement, les touristes ne transiteraient plus dans le village et les restaurants du centre en pâtiraient. Un déménagement qui passe mal donc pour Kevin mais aussi auprès d'autres restaurateurs. Jean-Pol, l'un des restaurateurs du collectif nous explique: "Le village est très calme dans l'après-midi. Il n'y a plus de safari qui passe, plus de train, etc. Cela a dénaturé le village." Un collectif de commerçants et restaurateurs appelé "Sauvons Han" a vu le jour cet été. Il a adressé le mois dernier une lettre à la bourgmestre faisant fonction Corine Mullens pour l'interpeller à ce sujet. 

Des événements à l'écart 

Les restaurateurs reconnaissent que les mois de juillet et août ont été florissants. Les frontières étaient alors en grande partie fermées et le gouvernent avait invité les Belges à visiter local. Résultat, ils ont été nombreux à se rendre aux Grottes de Han. C'est depuis le mois de septembre que les choses se seraient corsées comme l'explique le responsable de la friterie "Chez Sandra": 'On a eu le sentiment que les gens allaient sur le domaine des Grottes de Han et ne revenaient pas pour le temps de midi." Le restaurateur détaille : "Les touristes prenaient un ticket pour la visite des grottes le matin et un ticket pour le safari l'après-midi. Entre les deux activités, ils devaient repasser par le centre. Mais désormais, tout se passe sur plaine." 

Nous n'avons pas du tout une attitude anti-Grottes de Han

Même explication pour Jean-Pol, propriétaire de la Taverne du Centre : "Avant, les touristes revenaient sur le temps de midi pour la deuxième visite, celle de l'après-midi. Aujourd'hui, il y a aucun touriste. L'animation dans le village est quasi nulle. " L'homme, membre du collectif "Sauvons Han" précise : "Nous n'avons pas du tout une attitude anti-Grottes de Han. Nous avons conscience que le site représente un potentiel énorme pour nous. Les Grottes font partie de ma vie. Je ne vais pas scier la branche sur laquelle je suis assis."

Qu'ils continuent de se plaindre maintenant, je regrette je ne peux plus l'accepter

Ce que souhaite les restaurateurs, c'est trouver une solution qui satisfasse tout le monde. Brigitte Malou, administratrice déléguée du domaine des Grottes de Han, fait savoir: "Cet été tout le monde le dit, il n'y a jamais eu autant de monde que sur le terrasses des restaurants. Ils se plaignent maintenant alors que nous-même nous n'avons plus personne. Nous n'avons plus les Français, les Hollandais. En semaine scolaire en octobre, on n'a vraiment pas grand-monde. Alors qu'ils continuent de se plaindre maintenant, je regrette je ne peux plus l'accepter."

Un projet de longue date

En plus des plaintes de certains restaurateurs, des riverains ont également interpellé les autorités communales. Ils pointent du doigt la mobilité, les problèmes de parking et le ballet incessant de touristes depuis que la billetterie a été déplacée vers la plaine du Dry Hamptay. "Cet impact va s'amplifier dans l'avenir", exprime craintif Jean-Pol. En effet, la S.A Grottes de Han ambitionne d'installer définitivement son entrée sur la plaine. Les demandes d'autorisation sont en cours et s'inscrivent dans un projet plus large, de longue date. "Depuis 2013, on réfléchit à un plan de développement et le déménagement vers la plaine est le cœur de ce plan de développement. Une première demande de permis a été déposée en 2016. C'est un projet qui nous tient à cœur de longue date", explique Brigitte Malou.

Une enquête publique commandée

Les autorités communales veulent se montrer impartiales dans ce dossier mêlant commerçants, riverains et les Grottes de Han. "Le Collège communal doit encore se prononcer. Une décision sera prise en fonction des demandes des Grottes, des commerçants et des riverains. Tout cela doit se faire via une enquête publique. On remettra notre avis en temps voulu", déclare Julien Defaux, deuxième échevin à la ville Rochefort (Han-sur-Lesse) en charge des affaires économiques. 

C'est un coup de massue

En attendant, difficile de dire si le déplacement de la billetterie a plombé à lui seul les affaires du restaurant de Kevin ou si la crise du coronavirus a eu un plus gros impact. A la recherche d'un emploi, les dernières mesures mises en place par les autorités du pays font désormais craindre le pire pour Kévin qui voit  son avenir professionnel s'assombrir: "C'est un coup de massue. Retrouver du travail dans la restauration, c'est devenu impossible."

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