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L'opération de Jessica, atteinte d'un cancer du col de l'utérus, reportée à cause du Covid: "En attendant, je souffre"

Même si la situation Covid tend à s'améliorer au CHU Tivoli de la Louvière, le service de soins intensifs est toujours complet et seules les opérations urgentes sont pratiquées. Jessica, 32 ans, d'Houdeng-Goegnies, fait les frais de cette situation difficile, alors que son opération est jugée "urgente", nous assure-t-elle. C'est son compagnon qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. "Ma femme devait se faire opérer d'un cancer du col de l'utérus sans perdre de temps. Tivoli avait programmé une intervention le 21 mai et vient de la reporter d'un mois", nous a écrit Fabrice. Un message de "désespoir" nous dit-il, car il est très inquiet quant à la santé de sa compagne.

La jeune femme a été diagnostiquée il y a seulement quelques semaines et dans ce genre de cas, une intervention rapide est essentielle. "Heureusement que vous êtes venue rapidement", lui aurait d'ailleurs dit la gynécologue en lui communiquant les résultats de ses examens : un frottis puis une biopsie. Son intervention a donc été programmée pour le 21 mai. L'opération consiste à enlever les lésions précancéreuses en rétrécissant le col de l'utérus.

Rassurée par la prise en charge rapide de ses problèmes de santé, Jessica déchante malheureusement quelques jours plus tard. "La gynécologue m'a a rappelée car, à cause des mesures Covid, elle n'avait pas droit à la salle d'opération avant le 18 juin", selon les propos rapportés par Jessica. Cette annonce désespère la jeune femme qui ne veut pas patienter un mois de plus. "En attendant, je souffre, et j'ai des grosses sautes d'humeur", nous confie-t-elle.

Tout a commencé début 2021

Ses douleurs au niveau de l'utérus sont apparues en début d'année. Elle s'est rapidement rendue chez sa gynécologue afin d'effectuer un frottis. Les résultats n'arrivant pas, elle s'est rendue en février chez une autre spécialiste au CHU Tivoli de La Louvière où un nouveau frottis a été effectué, révélant des "anomalies". Une biopsie a alors été pratiquée et les résultats ont révélé la présence de lésions précancéreuses CIN1 (lésions de bas grade) et CIN2 (lésions de haut grade). Pour ces dernières, une opération s'impose. Elle consiste à "découper en forme de cône la partie du col de l’utérus atteinte et à la retirer. Selon la technique utilisée, la partie du col retirée est plus ou moins importante", peut-on lire sur le site e-cancer.fr.

Par téléphone, la gynécologue de Jessica se serait montrée "embarrassée" : "Elle m'a dit qu'elle n'a pas pu faire autrement. Elle n'a droit à la salle d'opération qu'une journée ou deux par mois".

"L'organisation des salles d'opération est clairement perturbée"

Le CHU Tivoli est bien conscient de la situation délicate dans laquelle se trouvent certains patients, comme Jessica. En raison du secret médical, l'hôpital ne peut communiquer sur le dossier spécifique de cette patiente mais nous explique comment s'organisent les interventions chirurgicales en cette période troublée.

"Chaque chirurgien étudie chacun des dossiers et décide"

"On est toujours en mode Covid, et donc, l'organisation des salles d'opération est clairement perturbée", explique Cynthia Colson, responsable de la communication du CHU Tivoli.

Elle rappelle que les soins intensifs sont toujours complets à l'heure actuelle et ils nécessitent la présence de ressources humaines qui proviennent principalement des salles d'opération. Raison pour laquelle toutes les salles d'opération ne peuvent pas fonctionner à plein régime en ce moment. Malgré tout, les interventions les plus urgentes sont pratiquées.

"Chaque chirurgien étudie chacun des dossiers et décide, suivant les possibilités opératoires qui lui sont données, de postposer en fonction du niveau d'urgence", ajoute-t-elle. 

Comment sont établies les priorités ?  "C'est en analysant chaque dossier médical que le chirurgien détermine le caractère urgent de l'intervention, au cas par cas. Et les cas de cancers restent prioritaires", répond Cynthia Colson.

L'hôpital CHU Tivoli de La Louvière tient à rassurer : "On va vers un mieux. Les hôpitaux du Hainaut ont un peu de retard par rapport aux autres car on a été plus impactés par la 3e vague que les autres. On est toujours en phase 2A avec nos soins intensifs surchargés", explique la responsable de la communication.

Elle dit "comprendre la détresse" des patients mais rappelle que les décisions des spécialistes ne sont pas prises à la légère.

Un désir d'enfant

Jessica, qui ne veut pas attendre le 18 juin pour se faire opérer, a déjà contacté plusieurs hôpitaux afin de voir s'il était possible de subir cette intervention ailleurs plus rapidement. Elle attend désormais des réponses.

Si elle est si pressée de venir à bout de ses problèmes de santé, c'est aussi parce que la jeune femme et son compagnon souhaitent avoir un bébé. Après cette intervention, une grossesse pourra être envisagée mais elle sera à risque. Jessica est déjà maman d'une précédente relation, mais son compagnon, Fabrice, n'a pas encore d'enfant. C'est l'une des raisons pour laquelle le couple souhaite très rapidement mettre les ennuis de santé de la jeune femme derrière eux.

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