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Alors qu'il roule dans Bruxelles, l'ordinateur de bord lui signale une... ATTAQUE AERIENNE: d'où vient cette étrange info trafic?

Quelle ne fut pas la (mauvaise) surprise de Cihan lorsqu'un message d'info trafic, mardi matin, lui a signalé une "attaque aérienne" entre Wauthier-Braine et Huizingen. RTL info a enquêté pour trouver l'origine la plus probable du problème. Suite à la publication de notre article, d'autres conducteurs nous ont rapporté, photos à l'appui, avoir reçu le même message, cette fois sur la N5, entre Charleroi et Philippeville.

Que seraient les nouvelles technologies sans leurs fameux dysfonctionnements, souvent appelés 'bugs' ? Cihan a reçu cette semaine un bien inquiétant message via le système de navigation de son Audi alors qu'il circulait dans Bruxelles: "Attaque aérienne, danger". Suite à la publication de cet article, mercredi matin, deux autres conducteurs nous ont signalé avoir reçu le même message, l'un en mai, l'autre en décembre, cette fois sur la route nationale N5, entre Charleroi et Philippeville, dans le Hainaut..

Après enquête, il s'avère que l'origine la plus probable du message est sans doute... une mauvaise blague. Explications.

Bloqué sur le Boulevard Lambermont

Cihan était dans les environs d'Evere mardi matin, patientant sur le boulevard Lambermont, tentant de se frayer un chemin vers le travail.

"Je lis souvent les messages de l'info trafic de ma voiture", nous a-t-il confié après avoir contacté la rédaction de RTL info via la page Alertez-nous.

"C'est pratique, et c'est assez précis en général".

"J'ai vraiment cru à une attaque"

Mais ce qu'il a aperçu vers 8h30 lui a directement fait peur, en cette période troublée où planent régulièrement des menaces terroristes sur Bruxelles.

L'écran du système intégré de navigation de son Audi A4 récente lui signale qu'un incident a eu lieu sur le Ring de la capitale, entre Wauthier-Braine et Huizingen. Ce qui effraie Cihan, c'est l'origine de l'incident: "Attaque aérienne, danger", précédée d'un panneau routier triangulaire d'avertissement.

"J'ai cru qu'il y avait une attaque, vraiment... J'ai coupé la musique pour m'informer, et j'ai mis la radio pour savoir ce qu'il se passait". N'entendant rien à ce sujet, Cihan nous a contactés pour en savoir plus. Après l'avoir "vraiment rassuré" en lui expliquant qu'aucune attaque n'avait eu lieu sur notre territoire, nous avons décidé de mener l'enquête pour comprendre l'origine de ce message.

C'est quoi, le TMC ?

Dans l'Audi de Cihan, comme dans d'innombrables modèles de marques différentes (ou même dans certains GPS ou autoradios), le système embarqué peut lire les messages TMC, pour Traffic Message Channel. Le principe du TMC est de transmettre des messages textes très courts via les fréquences de nos radios.

Pour faire simple, des fournisseurs d'informations routières (le Centre Perex, le Verkeercentrum, etc... mais aussi des sociétés privées comme Touring Mobilis ou Tomtom) envoient leurs messages sous forme de codes à des radios, qui se chargent à leur tour de les transmettre via leurs fréquences à toutes les voitures ou appareils capables de les lire.

Ce protocole connait sans doute ses dernières années d'existence: la plupart des voitures et certains GPS sont désormais connectés aux réseaux mobiles - soit avec leur propre carte SIM, soit via un smartphone – et affichent souvent des cartes avec l'état du trafic en temps réel.

"Il n'y a pas de code pour une attaque aérienne": la théorie du bug

Nous avons d'abord contacté Perex, le centre de trafic de la Région wallonne, l'un des fournisseurs d'info trafic.

"Lorsqu'il y a un incident perturbant le trafic, un opérateur encode toutes les informations. Il y a ensuite des codes qui sont envoyés à certaines stations de radio, qui se chargent de les diffuser", nous a expliqué Laurence Zanchetta, porte-parole de la Direction Générale Opérationnelle des Routes et Bâtiments.

"Il y a différents codes" pour les nombreux types d'incidents sur la route mais, comme on le pressentait, "il n'y a pas de code pour les attaques aériennes".

On pourrait dès lors envisager un problème au niveau de la traduction ou de l'application dans l'Audi de Cihan, un genre de bug. Mais la phrase semble un peu trop bien écrite que pour être une erreur de traduction.

De plus, le constructeur nous a confirmé que "ça n'était pas lié à Audi", qui ne fait "que relayer les informations reçues via TMC", et qui s'estime "victime" dans cette histoire. Le responsable de la communication, Thomas de Meuter, nous a précisé que "ça n'était pas la première fois qu'il voyait une photo de ce genre, également chez d'autres constructeurs".


La théorie la plus probable: "Un idiot qui s'amuse"

La théorie du bug étant peu probable, notre enquête s'est orientée vers le nord du pays. Le prétendu incident signalé mardi matin ayant eu lieu "entre Wauthier-Braine et Huizingen", c'est logiquement le Verkeerscentrum (l'équivalent flamand du Perex) qui était le mieux à même de nous éclairer.

"Cette histoire ne me surprend pas du tout", nous a d'emblée affirmé Peter Bruyninckx, son porte-parole. "On sait que ça arrive, on a eu un cas similaire il y a quelques années".

L'explication la plus probable, selon le Verkeerscentrum, c'est que "quelqu'un, un amateur, un idiot surtout, s'amuse à envoyer des messages en utilisant les mêmes ondes FM".

Des petits blagueurs "qui s'installent avec un émetteur radio le long d'une route", diffusant des messages qui, dans le cas de Cihan, n'ont rien d'une blague.

Peter Bruyninckx conclut qu'il "faudrait attirer l'attention de la police" sur ce qui pourrait être considéré comme une fausse alerte. Pour rappel, la peine d'emprisonnement encourue pour l'auteur d'une fausse alerte à la bombe va de trois mois à deux ans et est assortie d'une amende pouvant aller jusqu'à 1.800 euros. 


L'image originale que nous a envoyée Cihan

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