Accueil Actu

Sourcils, lèvres, yeux, cheveux,...: voici la DERMOPIGMENTATION, une technique de "maquillage permanent"

Pour arborer un maquillage impeccable en permanence ou masquer un crâne clairsemé, de plus en plus de personnes optent pour la dermopigmentation. Une technique qui sert également à masquer les séquelles d’une maladie. Kimberley, une Hestroise de 23 ans, aimerait en apprendre toutes les ficelles.

Kimberley travaille depuis octobre 2017 en tant que coiffeuse à domicile. "J’ai quelques clients mais ça ne me permet pas de vivre correctement", raconte la jeune femme. Afin de développer son activité, Kimberley a une idée qui lui tient à cœur : proposer à ses clients des solutions d’avant-garde pour celles et ceux qui vivent mal la perte de leur cheveux. Pour acquérir ce savoir-faire, elle a repéré la formation adéquate. Mais encore faudrait-il pouvoir la financer. Elle nous a donc contactés via notre bouton orange Alertez-nous pour faire connaître sa page de crowdfunding (cagnotte en ligne).

Tout ce qui a trait à la beauté a intéressé Kimberley depuis son plus jeune âge. Mais au-delà des considérations esthétiques, c’est le regard que les gens portent sur eux-mêmes, l’"aspect social", dit-elle, qui l’a décidé à se lancer dans ce métier. Elle a d’ailleurs en poche deux diplômes : celui de coiffeuse, obtenu en 2013, et un diplôme d’éducatrice, obtenu en juin 2016. Comme elle n’a pas trouvé de travail en tant qu’éducatrice, elle s’est lancée comme indépendante en tant que coiffeuse, tout en continuant à chercher du travail.

Depuis qu’elle est coiffeuse à domicile, Kimberley a fait plusieurs rencontres qui l’ont marquée : des clientes qui avaient peu de cheveux, suite à des traitements de chimiothérapie ou à cause d’un problème hormonal. "Non seulement, souvent, elles ont un parcours assez difficile, mais elles ont perdu une certaine confiance en elles", a-t-elle constaté.

Émue par ces femmes, Kimberley s’est tournée vers internet pour trouver "un moyen de corriger leur apparence afin de leur redonner confiance". C’est ainsi qu’elle a découvert l’existence de techniques nouvelles, comme la tricopigmentation et la dermopigmentation.

Communément appelé "maquillage permanent" ou "semi-permanent", la dermopigmentation est une technique qui consiste, à l’aide de très fines aiguilles, à implanter dans la couche superficielle de la peau un pigment. "C’est un peu le même principe qu’un tatouage, si ce n’est que les pigments sont biorésorbables, donc éphémères", explique Carole Evrard, sacrée championne du monde de maquillage permanent en 2015 et cheffe d’un centre dermato esthétique à Namur. Ce maquillage disparaît au bout d’une ou deux années en fonction de la peau et de la couleur choisie.

Les sourcils, zones les plus demandées

Dans la majorité des cas, la dermopigmentation est utilisée pour corriger l’apparence des sourcils — une tendance qui s’est développée depuis une dizaine d’année. Il s’agit généralement de créer un effet de densité pour des sourcils jugés trop légers, troués ou asymétriques.

"Les techniques ont énormément évolué", indique Carole Evrard. "Maintenant, quand on dessine un sourcil, on créé une illusion d’optique en dessinant des poils avec l’ombre du poil. Et de cette façon, on arrive à avoir une illusion d’optique parfaite. Contrairement à avant où on dessinait juste une ligne et ça faisait très artificiel", explique la Namuroise de 38 ans. "Quelqu’un qui a des sourcils tombants, on va pouvoir les relifter, les dessiner un petit peu plus haut pour rajeunir, dynamiser le regard", poursuit-elle.

Nouvelle tendance : "redessiner" les lèvres

Il est également possible de donner une impression de volume à la bouche grâce à un effet d’ombrage, ou même la colorer pour éviter de mettre du rouge à lèvres tous les jours. "Maintenant la tendance arrive au niveau de la bouche parce qu’on propose des techniques qui sont beaucoup plus naturelles qu’il y a dix ans où on faisait un contour de la bouche brun foncé", raconte la spécialiste.

Le "maquillage permanent" pour le contour des yeux ? Oui, mais pas n’importe comment

Le contour des yeux peut aussi être pigmenté, par exemple pour se faire tatouer un "eye-liner", mais certaines zones sont à éviter, met en garde Carole Evrard. "Si on pigmente sur ces zones-là, qu’est-ce qui se passe ? La glande lacrymale va absorber le pigment et va rejeter la couleur comme une larme et donc vous avez des coulée noires près des yeux comme si vous aviez pleuré noir" .

Carole Evrard a suivi des formations Belgique, en France, en Italie, en Ukraine, etc. Elle insiste sur l’importance de s’adresser à un personnel qualifié. "C’est un métier qui n’est malheureusement pas encore reconnu à l’heure actuelle", regrette-t-elle. Pourtant, des règles sont à respecter pour le pratiquer sans risque, souligne-t-elle.

Si Kimberley tient à suivre une formation avant de se lancer, d’autres sont moins scrupuleux. "Il y a des personnes qui regardent quelques tutos sur internet et qui commencent à pigmenter", déplore Carole Evrard. Presque tous les jours, Carole Evrard est confrontée à des clients qui ont eu affaire à des personnes peu professionnelles. "Les conséquences peuvent être dramatiques. Il faut passer par du laser pour dépigmenter. C’est fastidieux", prévient-elle.

La dermopigmentation pour remédier à des traces tant physiques que psychologiques

Outre les améliorations en termes de look, la dermopigmentation permet de masquer des séquelles ou malformations : cicatrices, bec de lièvre, asymétrie des aréoles (la zone de peau circulaire qui entoure le téton). C’est cet aspect du travail qui intéresse le plus Kimberley.

Suite à un cancer du sein, dans une démarche de reconstruction de celui-ci, il est par exemple possible d’entièrement recolorer cette zone.

La tricopigmentation, une technique de dermopigmentation au niveau du cuir chevelu

La tricopigmentation vise à créer l’illusion d’une densité capillaire. Des micropigments choisis selon la nature et la couleur du cheveu sont injectés dans le derme du cuir chevelu.

Des femmes dont les cheveux ou les sourcils n’ont pas bien repoussé à la suite d'une chimiothérapie, ou d’autres dont les cheveux chutent anormalement à cause d’un dérèglement hormonal, ont recours à cette technique.

"Les femmes touchées par un cancer qui viennent chez vous, c’est de plus en plus fréquent", indique Carole Evrard. "Beaucoup de jeunes", précise-t-elle.

Pour les hommes touchés par la calvitie, il existe une formule donnant un effet "cheveux rasés", assez bluffant. "On pourrait penser que les hommes vivent bien leur perte de cheveux mais honnêtement je suis très surprise", confie la responsable d’un centre dermato esthétique.


Un effet bluffant, un coût en conséquence

Si le résultat de ces traitements impressionne, leur prix est à la mesure. Pour un maquillage permanent des sourcils et de la bouche, il faut compter entre 400 et 500 euros, indique Carole Evrard. Entre 250 et 300 euros pour le contour des yeux.

Concernant la tricopigmentation, le travail est souvent plus important. Le prix dépend du nombre de zones de cuir chevelu à traiter. "Une zone, c’est l’équivalent de 4 doigts en largeur. En général, c’est une zone à faire, deux, trois, parfois quatre", indique la spécialiste. Il faut compter entre 750 et 800 euros par zone.

Comme les pigments disparaissent avec le temps, des séances d’entretiens sont nécessaires. Elles sont moins chères que la séance initiale.


Kimberley cherche à financer son projet sur une plateforme de crowdfunding

La dermopigmentation gagne en notoriété et de plus en de personnes souhaitent apprendre cette technique. Kimberley, qui souhaite faire les choses dans les règles de l'art, a identifié une formation complète dans un centre à Aiseau-Presles (Charleroi). 5 mois de cours pour 3.250 euros. Le but final est de proposer à sa clientèle des séances dans son propre centre. Le dermographe (la machine pour faire des "tatouages"), les encres, les aiguilles… lui coûteraient environ 3.500 euros, estime Kimberley. L'objectif de sa cagnotte en ligne est de collecter 7.250 euros.

À lire aussi

Sélectionné pour vous