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Christine voulait donner sa cuisinière à une famille dans le besoin à Liège: personne n'a voulu la prendre... à cause de cet escalier

Une Liégeoise voulait faire don de sa cuisinière en bon état. Elle n'a pas pu la donner, tout simplement parce que personne n'a voulu la prendre. La cause: un escalier de 17 marches. Les employés de La Ressourcerie ne peuvent pas les monter pour des questions d'assurance et d'organisation. Et personne n'a voulu les gravir non plus une fois que l'objet a été mis à donner sur un site internet de petites annonces. Au grand regret de Christine, la cuisinière a connu un bien triste fin...

Christine vient de déménager dans un nouvel appartement, à Liège, où elle a emmené sa bonne vieille cuisinière électrique. Mais elle n’a pas pu la raccorder, son nouveau logement étant équipé au gaz. Elle s’est alors dit qu’elle allait facilement pouvoir l’offrir à quelqu’un qui en ferait bon usage, mais les choses ne se sont pas déroulées aussi facilement que prévu... "J'ai contacté la Ressourcerie de Liège (NDLR: une société spécialisés dans la collecte, le tri et la réutilisation des encombrants) pour la donner purement et simplement, croyant ainsi venir en aide à une famille précarisée", nous raconte-t-elle après nous avoir contactés grâce à la page Alertez-nous. Mais l'entreprise spécialisée a refusé de venir récupérer l'objet, "car elle se situe au premier étage, sans ascenseur", nous rapporte Christine. Une situation qui l'agace: "17 marches séparent une cuisinière certes pas neuve mais qui est en parfait état d'une famille qui en aurait sans doute besoin à l'approche des fêtes".





Pas assurés pour ça

De son côté, la Ressourcerie rappelle son rôle: "Notre fonction, c’est la collecte d’encombrants, venir chercher des objets dans les étages des buildings, ce n’est pas notre mode de fonctionnement. Les objets doivent être au rez-de-chaussée", explique Julie Fernandez-Fernandez, échevine PS et présidente de la Ressourcerie du Pays de Liège. Si les employés ne viennent pas chercher les dons dans les étages, il y a plusieurs raisons. Tout d’abord, comme Christine se l’est vu expliquer, ils ne sont pas assurés pour cela. "Si en descendant, ils abîment une porte, on n’est pas couvert pour ça", explique la présidente. Mais plus encore, vu le nombre d’encombrants en augmentation à venir chercher, cela virerait vite au casse-tête pour la coopérative spécialisée dans la collecte, pour laquelle l’organisation des tournées est déjà très technique et compliquée.


Que fait la Ressourcerie?

Actuellement, 51 personnes travaillent pour la Ressourcerie de Liège. "C’est une société coopérative à finalité sociale. On crée de l’emploi durable pour les personnes en difficulté sur le marché de l’emploi. Elles s’occupent de charger, décharger les encombrants, les trier, les démanteler ou les vendre", explique le directeur Michel Simon. La coopérative collecte tous les encombrants (en bon ou en mauvais état) sur 22 communes de la région de Liège. Cette année, 2500 tonnes ont été collectées lors de 16.000 enlèvements chez des particuliers. Le directeur nous explique que 85% de ce qui est collecté est recyclé (soit revendu à des prix démocratiques, soit démantelé, ce qui permet de récupérer des matières premières).


Une réflexion en cours

Ce qui est prévu, c'est que les particuliers déposent au rez-de-chaussée de leur immeuble ou de leur habitation leurs encombrants le jour de la collecte, après avoir contacté l'organisme. "D'abord parce qu'on ne peut plus les mettre en rue dans la ville de Liège. C'est mieux car le matériel reste à l'intérieur et n'est pas abîmé". Mais il est donc impossible de demander aux employés de commencer à se déplacer dans les étages des immeubles, à démonter les meubles, etc.

La présidente nous confie tout de même qu’il s’agit d’une demande régulière, et que la société tente de trouver des solutions: "A Liège, on est conscient que c’est difficile dans les buildings. On a déjà essayé de voir si ce serait envisageable d’organiser cela via une société de titres services, mais ce n’est pas possible. On y réfléchit, mais on est limité". 

Il n’empêche que la situation est absurde pour Christine. On lui a suggéré de se faire aider pour amener l’objet, comme demandé, au rez-de-chaussée. "Je leur ai dit que je ne pouvais pas le faire toute seule, ils m’ont demandé si je ne connaissais pas des amis pour le faire, mais je suis toute seule dans la vie. On m’a dit: dans ce cas-là on ne viendra pas".




"Je pourrais quasiment toucher le toit des voitures qui sont parquées devant chez moi, tellement c’est un petit premier"

Christine change alors son fusil d’épaule. Elle tient vraiment à faire plaisir à quelqu’un. "Elle était belle ma cuisinière, je la briquais, je la frottais", nous confie-t-elle. Elle la prend alors en photo et poste une annonce "à donner" sur 2ememain.be. "Généralement ça fonctionne bien. J’avais déjà donné du mobilier lorsque j'avais un ascenseur. Je vous assure que je pourrais quasiment toucher le toit des voitures qui sont parquées devant chez moi, tellement c’est un petit premier, l’escalier est large et tout était dégagé". Malgré cela, elle ne trouve pas preneur.


Triste fin pour la cuisinière

Elle s’adresse alors à un ferronnier. Il lui a répondu: "Je ne viens pas chercher ça, ça ne vaut même pas 50 euros la tonne". Christine doit pourtant se débarrasser de l'objet qu'elle ne peut pas utiliser dans son nouvel appartement. C’est en achetant la digne remplaçante de sa cuisinière qu’elle finira par trouver une solution. "Je l’ai donnée à Mediamarkt, qui a été obligée de la reprendre parce que je leur achetais une gazinière. Ils m’ont dit qu’elle irait à la casse, alors qu’elle allait encore très bien". 

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