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La voiture de Jonathan a été vandalisée 5 fois en 3 mois à Bruxelles: "J'ai la peur au ventre à chaque fois que je vais la chercher"

Jonathan affirme être à bout. Depuis le mois de septembre, sa voiture a été vandalisée cinq fois dans la même rue, raconte-t-il. Pare-brise tagué, fenêtre brisée, rétroviseur fracturé… "À chaque fois, c'est arrivé lorsque je me suis garé dans la rue des Chartreux, là où j'habite", renseigne-t-il. Et désormais, "chaque matin, je vais chercher ma voiture la peur au ventre", déplore notre témoin.

En ce début décembre, il a retrouvé le flanc de sa voiture complètement rayé. Même le rétroviseur a été pris pour cible. Exaspéré, il a donc fini par appuyer sur notre bouton orange Alertez-nous pour exprimer son désarroi.

De son côté, la police affirme ne pas constater d'augmentation des faits de vandalisme dans ce quartier, au contraire. Mais alors, que se passe-t-il avec la voiture de Jonathan (prénom d'emprunt)?

Pour se garer, il faut tourner jusqu'à prendre la place de quelqu'un qui part

Jonathan est un habitant du quartier depuis peu. Il a emménagé dans la rue des Chartreux, en plein centre-ville, au mois de mai. Auparavant, il avait habité à Ixelles, avant de déménager un temps en province du Luxembourg. Après ce "break" loin de la capitale, il a décidé de faire son retour à Bruxelles dans le quartier Dansaert, près de la Bourse.

Rapidement, Jonathan a compris que stationner son véhicule allait être un souci au quotidien. "Moi je dois prendre ma voiture vers midi et je rentre du travail vers 20h. Et quand on se gare le soir, on n'a pas de place. Il faut tourner, tourner et tourner, jusqu'à tomber sur quelqu'un qui part pour prendre sa place", décrit notre témoin.

Devant ces problèmes de stationnement, Jonathan a bien tenté les transports en commun, mais il dit ne pas avoir été convaincu. "En voiture, il me faut 15 minutes pour arriver au boulot. En transport en commun, il me faut une heure", dit-il. Du coup, Jonathan prend son mal en patience et se gare où il peut… en essayant le plus possible d'éviter la rue des Chartreux. Pour son véhicule, l'artère est comme... maudite.


Vandalisée 5 fois en 3 mois

Lorsqu'il a élu domicile dans la rue des Chartreux, Jonathan ne s'attendait pas à ce qui allait se produire par la suite. Tout a commencé en septembre. "Il m'est arrivé une fois de laisser ma voiture déverrouillée. Et évidemment, quelqu'un a fouillé dedans et a tout retourné", se souvient-il. Pour notre témoin, c'était le début du calvaire. "Peu de temps après, j'ai retrouvé mon pare-brise tagué au marqueur. Lorsque j'ai nettoyé, j'ai vu qu'il y avait un tas de micro-rayures. C'est très gênant quand je conduis, mais on m'a dit que ça coûterait 1.000€ à remplacer, et je n'ai pas les moyens pour l'instant", confie Jonathan.

Les jours passent, et la voiture du Bruxellois est à nouveau prise pour cible. Cette fois, les faits sont plus graves. "On m'a explosé une fenêtre à l'avant. Il y avait du verre partout dans la voiture. Les papiers étaient tout éparpillés. Il était 12h30 quand j'ai découvert ça", raconte Jonathan. Heureusement, il n'y avait rien de grande valeur. Un chargeur GSM, des cigarettes et un briquet ont été volés. Cette fois, il se rend à la police pour déposer plainte, mais le ou les coupables ne seront jamais retrouvés.

Les malheurs de Jonathan se poursuivent. Début novembre, son rétroviseur a été retourné et son miroir fracturé. Il soupçonne un coup de poing ou de batte, voire même un coup de pied. Rien que pour remplacer le miroir, c'est 56€.

Le dernier fait de vandalisme remonte à ce début de mois de décembre. "Il y avait des rayures partout sur le côté droit. Du coffre jusqu'au pare-chocs avant. On aurait dit que ça été fait avec une clé. On s'est vraiment acharné sur ma voiture. Quelqu'un s'est arrêté et a bien pris son temps", juge Jonathan, dépité.

Jonathan nous a transmis quelques images pour illustrer les dégâts sur son véhicule:

  


Jonathan ne se connaît aucun ennemi

Lorsque nous recueillons son témoignage, Jonathan dit ne se connaître aucun ennemi. "Non, vraiment, je ne vois personne qui pourrait s'obstiner comme ça. En plus je viens d'arriver dans le quartier, je ne connais personne. Je m'entends bien avec mes voisins directs", explique-t-il.

Et lorsqu'il se gare, Jonathan affirme être toujours prudent. "Je me stationne toujours aux endroits règlementaires. Je n'empiète pas sur les places devant les garages, ni sur les places pour personnes handicapées ou les aires de livraison, je fais vraiment attention", dit-il.

La seule piste de Jonathan, c'est la rue des Chartreux en elle-même. "Il n'est jamais rien arrivé à ma voiture quand je me suis garé dans une autre rue. Les faits de vandalisme sont toujours survenus dans la rue des Chartreux. Je ne comprends pas ce qu'il s'y passe", confie-t-il.


La voiture de Jonathan n'a pourtant rien de particulier

À ce stade, vous vous demandez sans doute si Jonathan ne roule pas en Porsche ou, au contraire, dans une vieille voiture déjà très amochée. Mais non. "J'ai une Kia de 2010, tout ce qu'il y a de plus normal. Elle n'a aucun signe distinctif", précise notre témoin.

D'ailleurs, Jonathan a déjà pensé à vendre sa voiture, mais il a finalement renoncé. "Je ne gagnerais pas grand-chose. Et puis, j'ai besoin d'une voiture lorsque je dois sortir de Bruxelles, ou pour transporter des choses. Dernièrement, j'ai acheté un meuble. Si je n'avais pas eu de voiture, je n'aurais pas pu le ramener chez moi. Donc voilà, je ne peux pas me passer de mon véhicule définitivement", dit-il.


Même s'il avait une assurance omnium, Jonathan pourrait difficilement l'utiliser pour ce genre de faits

Face à ces faits, Jonathan a contacté son assurance pour connaître le prix d'une omnium. "Mais mon assureur m'a expliqué que la franchise serait plus élevée que les frais causés par les dégradations", dit-il.

Et même s'il avait disposé d'une assurance omnium avec une franchise suffisamment basse, la faire intervenir systématiquement aurait pu nuire à Jonathan. "Il se peut, en effet, que le contrat d'assurance prévoit certaines situations où la compagnie a le droit de mettre un terme au contrat. Elle couvrirait donc le dernier fait pour lequel il lui a été demandé d'intervenir, mais elle pourrait ensuite mettre un terme à la couverture", explique Wauthier Robyns, porte-parole d'Assuralia, l'union professionnelle des entreprises d'assurances. En résumé, votre contrat d'assurance spécifie certainement une série de situations où la compagnie a la possibilité de mettre un terme à l'assurance, par exemple si les coûts d'un accident sont extrêmement élevés ou si la compagnie est sollicitée à de nombreuses reprises dans un certain laps de temps.


Le vandalisme en hausse? Pas selon les statistiques de la police

Jonathan a aussi fait appel à son agent de quartier. "Il m'a dit qu'il y avait parfois des actes de vandalisme, oui, mais pas plus qu'ailleurs. Il n'y a pas de caméra dans cette rue. Tout ce qu'il m'a conseillé, c'est d'écrire au collège communal de Bruxelles. S'il y avait beaucoup de plaintes, la Ville pourrait se renseigner et peut-être prendre des dispositions", indique Jonathan. "Mais je ne pense pas que ça servirait à grand-chose", avoue-t-il, en reconnaissant ne pas avoir entrepris cette démarche.

Aujourd'hui, Jonathan se sent démuni. Raison pour laquelle il nous a contactés, en espérant trouver la cause de ces dégradations. Nous avons contacté la zone de police de Bruxelles-Ixelles, qui nous a fourni les statistiques pour les faits de vandalisme dans ce quartier. "Pour ce qui est de la rue des Chartreux, nous avons reçus trois plaintes en 2016, et une seule en 2017. Pour le quartier Dansaert dans son ensemble, il y a eu 46 faits de vandalisme sur des voitures durant les 11 premiers mois de 2016, et 35 faits pour la même période en 2017. Il y a donc une diminution", indique Gwendoline Wilmots, porte-parole de la zone de police.

Pour avoir une vue d'ensemble, la police bruxelloise nous a également dévoilé les chiffres sur dix ans:

- Dans le quartier Dansaert, il y avait 81 faits de vandalisme sur des voitures en 2007, contre 35 en 2017 (jusqu'à novembre). "Et la diminution est généralement constante d'année en année", ajoute Gwendoline Wilmots.

- Dans la rue des Chartreux, le maximum de faits enregistrés est de trois sur une année. "2010 et 2017 représentent les pics les plus bas", précise la porte-parole de la police locale.

Ces chiffres, plutôt positifs en matière de criminalité, ne donnent cependant pas de réponse aux faits dont Jonathan a été la cible. Lui qui pensait peut-être faire partie d'un ensemble plus vaste de victimes.


Pas de plainte = pas de trace dans les statistiques de la police

Une nuance est cependant à apporter: les statistiques de la police bruxelloise ne prennent en compte que les événements qui ont fait l'objet d'un dépôt de plainte. Or, de nombreuses victimes de ce genre de faits ne prennent pas la peine de se rendre à la police pour enregistrer une déposition. D'où le conseil donné à toute victime: se rendre à la police. Même si l'enquête ne permettra pas aux agents de trouver le coupable pour un fait en particulier, la répétition de faits pourrait donner des indications aux autorités policières et permettre la mise en place de mesures.

D'ailleurs, à la fin de notre enquête, Jonathan nous a renvoyé de nouvelles photos. Cette fois, il s'agit d'autres véhicules vandalisés, toujours dans la même rue. Il tenait à nous les transmettre pour prouver qu'il n'était pas un cas unique.

"Voici une photo prise ce matin d'une voiture garée à deux mètres de la mienne. J'ai également constaté le même acte sur un autre véhicule il y a quelques jours mais je n'avais pas pris de photo à ce moment-là", nous a-t-il transmis le 2 janvier.

"Voici à nouveau une photo d'un véhicule vandalisé prise hier soir en rentrant chez moi, toujours rue des Chartreux", a envoyé Jonathan le 3 janvier.
 
Aujourd'hui, Jonathan espère juste que les faits de vandalisme en resteront là. Pour les éviter, il tente de se garer ailleurs que dans la rue des Chartreux, là où tous les faits sont survenus. "Malheureusement, on ne peut pas toujours se garer où on veut…", confie le Bruxellois.

@David Fourmanois

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