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Le contrat PTP de Vanessa s'arrête à la veille de Noël et ne peut être reconduit: "C'est un cadeau empoisonné"

Vanessa, une jeune femme de 34 ans, profite d'une aide à l'emploi pour travailler depuis deux ans comme assistante maternelle. Tout se passe pour le mieux: "J'adore mon boulot, les enfants et mes collègues", dit-elle. Seulement voilà, le programme d'aide à l'emploi va prendre fin et Vanessa va se retrouver sans travail quelques jours avant Noël. Un coup dur pour cette passionnée qui a enfin trouvé sa voie.

"Je suis anéantie, confie Vanessa (prénom d'emprunt, elle souhaite garder l'anonymat), une jeune trentenaire vivant en province de Liège. Pendant deux ans, j’ai bossé comme assistante maternelle (sorte de puéricultrice, ndlr). J'ai toujours effectué correctement mon travail, j'ai toujours été présente lors des divers événements organisés par l'école. Mais voilà, vendredi 22 décembre, 3 jours avant Noël, je vais devoir quitter un travail que j'adore, je vais perdre mon salaire et retourner dans l'enfer de la recherche d'emploi".


L'école ne peut pas engager Vanessa: elle coûterait "trop cher"

Si Vanessa a pu décrocher ce job, c'est parce qu'elle a bénéficié d'une aide à l'emploi intitulée Programme de Transition Professionnelle (PTP). Or, le programme a une durée limitée de 24 mois. À l'issue de cette période, le contrat de la jeune femme prend donc fin. Et ce, même si tout se passe pour le mieux dans cette école. "Ils ne peuvent pas m'engager car ça leur coûterait trop cher, se désole Vanessa. Ils sont donc contraints de reprendre quelqu'un qui bénéficie d'un PTP, comme moi à l'époque", explique-t-elle.
D'après la jeune femme, sa directrice ne demande qu'à la garder. "Pour elle non plus ce n'est pas facile: elle va devoir reformer quelqu'un, refaire confiance, voir si la personne est capable, l'intégrer dans l'équipe,… Il faut tout reprendre à zéro, c'est une perte de temps et d'énergie".


Vanessa avait trouvé sa voie: "J'adore mon job"

Pourtant, Vanessa est persuadée d'avoir trouvé sa vocation. Travailler deux ans en tant qu'assistante maternelle a été une véritable révélation pour cette trentenaire, mère d'un enfant. "J'ai perdu ma mère l'an dernier et le travail m'a vraiment aidée, se souvient-elle. Cet emploi m’a sauvée, je me suis réellement épanouie, j'adore mon boulot, mon environnement de travail est devenu comme une 2e famille pour moi. J'ai une très bonne relation avec ma directrice, mes collègues, avec les enfants de maternelle et primaires, avec leurs parents. Je me suis attachée à eux", raconte-t-elle.


Pour pouvoir continuer, Vanessa devrait avoir le diplôme requis: "Oui, il peut y avoir un piège"

A contre cœur, Vanessa doit donc faire une croix sur son job d'assistante maternelle dans cet établissement. Mais pourquoi ne pas tenter sa chance ailleurs? La jeune femme pourrait-elle faire valoir ses deux ans d'expérience et poursuivre en tant qu'assistante maternelle ou puéricultrice dans une autre école? "Malheureusement, c'est impossible, regrette Vanessa. Je n'ai pas de diplôme de puériculture et je ne peux donc pas poursuivre ce métier".

"En effet, c'est une spécificité du milieu scolaire: dans ce secteur, la Fédération Wallonie-Bruxelles ne reconnaît pas l'expérience des personnes, mais bien le titre, donc leur diplôme", explique le Forem, joint par notre rédaction. Autrement dit, Vanessa pouvait être assistante maternelle durant deux ans en passant par un PTP, mais pour exercer ce métier en dehors de ce programme, elle doit obligatoirement être détentrice du diplôme requis. "Là effectivement il peut y avoir un piège dans ce cas-ci, reconnaît le Forem. Nous ne retrouvons pas ce cas dans les autres secteurs".

On peut dès lors légitimement se demander quel était l'intérêt d'instaurer un programme PTP dans le secteur scolaire si on sait pertinemment que le bénéficiaire ne disposant pas du diplôme requis n'aura aucune possibilité de poursuivre dans cette voie à l'issue de la période. A cette question, le Forem dit "ne pas pouvoir répondre", n'étant pas "à l'origine de la loi". "Il y a néanmoins une réflexion en cours pour trouver des alternatives. Par exemple, permettre à ces personnes de pouvoir bénéficier d'aides à l'emploi à l'issue de ce PTP, qui a par ailleurs été abrogé le 1er juillet dernier."


Prête à reprendre des études, mais pas à n'importe quel prix

D'ici-là, la jeune femme sera-t-elle prête à reprendre des études à 34 ans pour poursuivre son rêve? "Je l'envisage, admet-elle. C'est vraiment ça que j'aime faire. Mais pourrais-je conserver d'éventuels revenus issus du chômage si j'entame une telle formation? Serais-je privée de moyens financiers?" Les réponses à ces questions seront déterminantes pour Vanessa qui a une famille à nourrir.


C'est difficile à vivre pour Vanessa, mais l'objectif du PTP a été atteint malgré tout

Malgré que ce programme ait permis à Vanessa de travailler durant deux ans, elle trouve qu'il est mauvais. "C'est clair que ça m'a apporté mais ce n'est pas le premier plan avec lequel on m'engage et finalement, on me vire, se désole-t-elle. C'est un cadeau empoisonné. C'est pénible de devoir tout quitter. J'ai 34 ans, je cherche une stabilité dans ma vie professionnelle". Pour le Forem, le PTP a rempli son rôle: permettre à des personnes de "goûter" à une première expérience professionnelle dans un secteur donné. "La personne a été formée et a acquis une expérience professionnelle qu'elle peut ensuite faire valoir, donc l'objectif est atteint", dit le Forem.

Mais ne faudrait-il pas réfléchir à la suite? Que deviennent toutes ces personnes à l'issue du programme? "Des travaux sont en cours actuellement pour permettre aux travailleurs ayant été occupés sous statut PTP de bénéficier de nouvelles aides à l'emploi", informe le Forem.


Peut-être une solution pour que Vanessa puisse continuer à travailler au sein de l'école

À l'heure où nous bouclions ce sujet, Vanessa nous a recontactés avec une lueur d'espoir. Si elle n'a aucune possibilité de retrouver son poste, l'école lui proposerait cependant une autre fonction, en contrat bénévole. Elle espère désormais que "l'Onem accepte ce travail sous ces conditions", ce qui la "rendrait vraiment heureuse". 

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