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Le coup de gueule d’Erkan contre les "chauffards qui prennent leur priorité de droite et se croient tout permis"

Du point de vue du code de la route, la règle de priorité de droite est très stricte et si Erkan avait eu un accident, il aurait été en tort. Mais du point de vue du bon sens, de la courtoisie sur nos routes, le jeune papa a raison. Oui, prendre sa priorité de droite sans regarder est permis par la loi, mais il vaut parfois mieux anticiper d'éventuels accidents en levant le pied que de risquer sa vie et celle des autres, fût-on en droit. C'est le message qu'il souhaite faire passer par ce coup de gueule: il plaide pour "plus de courtoisie sur nos routes".

On se souvient tous des fameux 'preneurs de droite' dans le film Les Barons du réalisateur belge Nabil Ben Yadir, ces escrocs qui prenaient à fond des priorités de droite dans le but de créer un accident dans lequel ils sont en droit pour pouvoir réclamer de l’argent au conducteur en tort. Et bien Erkan a vécu la même chose, l’arnaque en moins. C’était mercredi dernier à Moignelée (Sambreville), comme il nous l’a expliqué via notre bouton orange Alertez-nous.

"Aux alentours de 18h, je circulais sur la N90 dans la région de la Basse-Sambre. Au rond-point de Moignelée, j’ai tourné à droite en direction de Tamines. Arrivé au premier carrefour, une voiture est sortie de nulle part à toute allure en venant de la droite pour passer devant moi et prendre à gauche. C’était une jeune femme au volant d’une Citroën C3. J’ai dû freiner sec, les ABS se sont enclenchés. J’avais ma femme et mes deux filles de 6 ans et 1 an et demi dans la voiture. La petite était dans son Maxi-Cosi et la ceinture n’était pas bien serrée, donc avec le choc du freinage d’urgence, la tête de mon bébé est venue cogner contre le siège passager. Dieu merci, elle n’a rien. Mais elle était sous le choc et pleurait beaucoup."


"Il n'a pas raison"

"Est-ce que ça vaut vraiment la peine pour un refus de priorité de mettre sa vie et la vie des autres en danger ?", demande-t-il. Le problème pour Erkan, c’est que du point de vue du code de la route, il est en tort. "Je comprends sa réaction, mais malheureusement il n’a pas raison", confirme Benoit Godart, le porte-parole de l’Institut Belge pour la Sécurité Routière (IBSR). En effet, le code de la route ne précise pas à quelle vitesse maximale entrer dans un carrefour quand on a la priorité de droite. C’est à la voiture qui doit céder le passage à ralentir suffisamment et au besoin s’arrêter totalement en cas de mauvaise visibilité, rappelle Benoit Godart.


"Un refus de priorité de droite, c'est parfois involontaire"

Mais Erkan estime que dans certaines circonstances, un refus de priorité de droite peut quand même se pardonner. "Je voudrais dire à ces chauffards qui ont la priorité de droite et qui se croient tout permis, même de mettre la vie des autres en danger, que quand il y a refus de priorité, c’est parfois involontaire. Ici, il y a un manque de visibilité et aucun panneau pour rappeler la priorité. Pour dire qu’il y a une rue là, il faut habiter le coin !", estime-t-il. Il faut avouer que la visibilité à droite est fortement réduite et qu'aucun panneau ne vient la signaler. De quoi laisser les personnes qui ne sont pas de la région perplexes. "Je pensais que c'était une route prioritaire", avoue Erkan.


"Je vois de plus en plus de comportements méchants" sur la route

Le jeune homme est chauffeur poids-lourds dans la vie. Un de ceux qui font honneur à l'adage "les routiers sont sympas". "Quand un camion me double et que ça dure trop longtemps, je décélère pour le laisser se rabattre plus vite et ne pas mettre d'autres véhicules en danger", donne-t-il comme exemple. "Du côté de Charleroi, si vous restez plus d'une seconde sans démarrer au feu vert, on vous klaxonne. Je vois de plus en plus de comportement très méchants au volant ces derniers temps, c'est ce que je constate."

"Le pire, c’est qu’elle m’insulte à travers sa vitre ! Au lieu de s'arrêter parce qu'on a failli avoir un accident et de prendre des nouvelles de mes enfants qui étaient en pleurs. Je voudrais dire à cette dame qu’un peu de courtoisie ferait du bien à tout le monde. S’il était arrivé quelque chose à mon enfant, dans quel état psychologique j'aurais été, et elle aussi?", se demande-t-il.


"A lui de prouver qu'elle roulait trop vite"... avec une dashcam par exemple

Mais si Benoit Godart peut convenir d’un côte "discourtois" dans le chef de la conductrice, il ne peut en aucun cas donner raison à Erkan sur le fond. "En cas d’accident, ce sera à lui de prouver que la voiture de droite s’est engagée dans le carrefour à une vitesse excessive. Pour ça, il faudra des témoins, sinon ce sera sa parole contre la sienne et c’est mal parti pour lui. Oui, il y a bien des articles dans le code de la route qui disent qu’il est défendu de rendre la circulation dangereuse, qu’il faut adapter sa vitesse aux circonstances et qu’il faut se comporter de manière telle qu’on ne cause aucun danger pour les autres usagers, mais la priorité de droite doit être respectée."

Le conseil du spécialiste en sécurité routière ? "Achetez une dashcam", ces caméras qui filment vos déplacements depuis la voiture. Il s’agit du seul moyen légal de prouver qu’un autre conducteur a dépassé les règles élémentaires de prudence en prenant sa priorité sans regarder ou trop rapidement.

Enfin, il faut se rappeler que, là où il y a des priorités de droite d’application, c’est qu’il y a une bonne raison. Ça peut être justement pour obliger les conducteurs à ralentir sur une longue route et s’épargner le placement de casses-vitesse.

Mais le placement d'un panneau de signalisation indiquant clairement la présence d'une priorité de droite à cet endroit ne serait pas superflu, d'autant que la région a récemment été endueillée par la mort du petit Hugo, 8 ans, dans un accident de la route à Lambusart avec un jeune chauffeur sans permis. "Tout le monde est toujours sous le choc dans le village", rappelle Erkan.

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