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Voici comment 5 escrocs ont volé la carte du papa de Maria dans une banque de Chapelle-lez-Herlaimont

Le papa de Maria, nouvelle victime du "shouldersurfing" l'a échappé belle. Alors qu'il imprimait ses extraits de comptes, des individus lui ont joué un tour de manège qu'il n'est pas près d'oublier. Résultat des courses, sa carte de banque a été volée sans que les malfrats n'aient pu retirer de l'argent. Plus de peur que de mal.

"Mon papa a été victime de malfaiteurs à la banque Belfius", nous a écrit Maria via le bouton orange Alertez-nous. Cette habitante de Chapelle-lez-Herlaimont dans la province du Hainaut a contacté notre rédaction pour, dit-elle, "éviter que cela ne se reproduise sur d'autres personnes." Dimanche 3 février, le papa de Maria rend visite à sa fille. Vers midi, il décide de se rendre à l'agence Belfius pour imprimer ses extraits de compte. Lors de l'opération, un homme pénètre également dans l'agence. "Une trentaine d'années, propre sur lui et habillé d'une jolie chemise blanche", selon le papa de Maria.


"Mon papa est naïf"

Alors qu'il s'apprête à quitter les lieux avec ses extraits de compte en main, il est apostrophé par l'individu présent avec lui dans l'agence. "Il dit à mon papa que la machine qu'il vient d'utiliser est défectueuse et qu'elle distribue des billets de 10 euros." L'homme va jusqu'à tendre un billet de 10 euros au papa de Maria en lui précisant qu'il doit probablement s'agir du sien. Mis en confiance par ce geste, le papa de Maria baisse la garde. L'individu l'invite à réintroduire sa carte et à vérifier par lui-même que la machine offre gracieusement des billets de 10 euros. "Mon papa, 68 ans, est naïf. Il a remis la carte dans le distributeur et a fait son code, toujours en présence du monsieur", précise Maria.


Des complices entrent en scène

Au même moment, quatre autres individus entrent dans l'agence. "C'étaient des complices. Le tout premier individu a alors réussi à distraire mon père et lui a dérobé sa carte de banque à ce moment-là. Il a fait croire à mon papa que la machine venait de la lui avaler." Moment également choisi par l'individu présent depuis le début avec le papa de Maria pour prendre la fuite, discrètement, avec la carte de banque. Le père de Maria peste. Les quatre complices prennent alors le rôle de bons samaritains. Ils proposent d'appeler le service "Card Stop" pour faire opposition. "En réalité, les quatre individus ont probablement téléphoné à leur ami qui venait de dérober la carte de mon père. Ils lui ont signifié au téléphone que sa carte était bien bloquée et que tout était en ordre."


Aucune plainte déposée

De retour chez lui, le père de Maria explique la scène à son épouse. Ni une ni deux, celle-ci décide d'appeler l'authentique service "Card Stop" et de bloquer réellement la carte. Après vérification des comptes, les malfrats n'ont pas eu le temps de retirer de l'argent. Néanmoins, deux virements - un de 1000 euros et un autre de 5000 euros - ont été effectués du compte épargne vers le compte courant. "S'ils avaient pu retirer cet argent, ç'aurait été catastrophique", conclut Maria dont le père a décidé de ne pas porter plainte.

Joint par notre rédaction, la zone de police en charge de Chapelle-lez-Herlaimont – Mariemont - dit ne pas avoir relevé de faits similaires. "C'est probablement un fait isolé. Ce n'est pas du tout un phénomène dans notre zone de police en ce moment", nous indique-t-on.


Des vols risqués vu le nombre de caméras de surveillance

Ces faits ne sont pas sans rappeler une série de vols, au même mode opératoire, dans la province de Namur en 2017, mais aussi en 2018 à Philippeville où une dame de 87 s'était faite dépouiller de 10.000 euros. La zone de police de Hermeton et Heure en charge de Philippeville indique à propos des faits rencontrés par le papa de Maria "qu'il est possible que ce soit les mêmes auteurs qu'à Philippeville. Ce sont souvent des bandes itinérantes. Le mode opératoire est le même: distraire une personne - de préférence une cible facile - lui soumettre un billet de banque, prétendre joindre 'Card Stop', etc. Ils sont généralement plusieurs. Ces vols sont ponctuels et très risqués, vu le nombre de caméras de surveillance."


Mise en garde

Il y a un peu plus d'un an, Vincent Macq, le procureur du Roi de Namur, mettait en garde les personnes âgées dans les colonnes de la DH face à cette vague de vols: "Une bande organisée s’en prend actuellement à des personnes âgées qui se rendent dans une agence bancaire pour y retirer de l’argent. Les auteurs, usant de subterfuges, subtilise(nt) leur carte bancaire en détournant l’attention de ses victimes." Plus d'un an après cette mise en garde, où en est l'enquête? Charlotte Fosseur, procureur du Roi de Dinant nous en dit plus. "Au vu de l'ampleur du dossier, c'est le parquet de Namur qui l'a pris en charge. Pour l'instant un mandat d'arrêt a été émis et une personne est en détention préventive. C'est un dossier compliqué car il demande une collaboration internationale. Le dossier est toujours actif. Nous ne pouvons pas nous étendre dessus pour des raisons évidentes dues au secret de l'enquête."


Shouldersurfing

Vous l'ignorez peut-être, mais ce type de vol porte un nom précis: le shouldersurfing. Sandra Eyschen, attachée de presse à la police fédérale, nous l'explique en détail: "C'est une forme spécifique de criminalité. Le 'shouldersurfing' se passe lors d'un retrait d'argent à un distributeur de billets. Le fraudeur regarde par-dessus l'épaule de la victime lorsque celle-ci tape son code. Ensuite, l'auteur détourne l'attention de la victime à l'aide d'un subterfuge." Différentes méthodes permettent de distraire: demander des informations sur le fonctionnement du distributeur, demander son chemin, demander si le billet au sol vous appartient (billet déposé par l'auteur). "Durant cette manœuvre de diversion, le fraudeur dérobe la carte de paiement." 

D'après les statistiques des criminalités publiées par la police fédérale, ce type de vol a connu son apogée en 2017: 1427 cas ont été recensés par les services de police sur le sol belge. C'est 330 de plus que l'année précédente, 2016. Les chiffres pour l'ensemble de l'année 2018 ne sont pas encore connus. Mais sur les six premiers mois, 517 cas ont été signalés.       

Rappel de quelques précautions à prendre lors d'un retrait bancaire avec la commissaire de police Martine Mawet, de la zone Haute Senne:

- n'écrivez jamais votre code secret et ne le donnez jamais à un tiers quel qu'il soit ;

- ne confiez pas votre carte

- au distributeur, ne vous laissez pas distraire et tapez votre code secret à l'abri des regards ;

- ne perdez pas votre carte de vue en payant chez un commerçant ;

- conservez vos tickets et vérifiez vos relevés (sur papier ou sur internet) et signalez toute anomalie à votre banque :

- faites immédiatement opposition à votre carte de banque si elle est conservée par un distributeur, perdue ou volée (et gardez en lieu sûr son numéro et sa date d'expiration pour pouvoir le faire).

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