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Les transporteurs bénévoles lui font de l'ombre: Michael, un jeune patron d'une société d'ambulances en colère

Les personnes qui vivent en maison de retraite et doivent se rendre chez le médecin, ou celles qui sont atteintes d'un cancer et doivent se rendre à des séances de radio et/ou de chimiothérapie ont droit à un remboursement de leurs frais de transport par leur mutuelle. Certains font appel à des services d'ambulance ou à des associations transports bénévoles pour effectuer les trajets.

Michael est ambulancier indépendant. Il a créé sa propre société d’ambulances privées il y a trois ans. Avec son équipe, composée de six ambulanciers, il s’occupe principalement du transport non-urgent de personnes âgées de leur maison de retraite à l’hôpital ou chez le médecin, mais il prend aussi en charge des patients souffrant d’un cancer qu'il amène à leurs séances de chimiothérapie et/ou radiothérapie. Durant la période hivernale, il rapatrie souvent des vacanciers blessés aux sports d'hiver vers la Belgique.

Le jeune homme de 25 ans est en colère car les associations de transport de patients non agréées prennent une partie de son boulot. "À côté des vraies sociétés d’ambulances qui doivent respecter toutes les règles pour la sécurité et le bien-être du patient, il y a toute une série d’associations qui ont été créées, notamment par l'intermédiaire des mutuelles et qui emploient des bénévoles. Les patients sont transportés soit dans la voiture personnelle du bénévole, donc sans aucune mesure particulière au niveau sécurité, au niveau confort, où on demande même au patient de sortir de sa chaise roulante, de se lever et de s’installer dans la voiture, ce qui est aberrant, soit dans des véhicules soi-disant adaptés, mais qui sont plus des poubelles que des vrais véhicules adaptés", se plaint-il via le bouton orange Alertez-nous.


Ambulancier, une vocation

Le métier d'ambulancier, Michael l'a dans les tripes depuis l'enfance. "Depuis que je suis tout petit, je suis passionné par l’aide aux personnes. C’est une passion d’enfant, une vocation qui est devenue mon métier et je voulais en faire mon métier", nous explique-t-il.

Il commence par du volontariat pour la Croix-Rouge quand il est ado et assure les postes préventifs de secours dans les festivals, festivités locales, etc.

A 20 ans, il entame une formation pour devenir ambulancier agréé. Pendant un an, il suit des cours théoriques, des cours pratiques, passe des examens et fait des stages dans des services d’ambulance. "Ça permet notamment de montrer ce qu’est la réalité du terrain et préparer les candidats ambulanciers à intervenir par rapport à tout type de situation, que ce soit une urgence ou un transport qui est à caractère moins urgent. On est formé pour réanimer. Même si on n’intervient pas comme les pompiers ou d’autres sociétés pour le 112, quand on fait du transport, on doit être formé pour faire une réanimation, pour prendre en charge qui se blesserait, qui ferait un malaise. Il faut pouvoir faire un bilan, savoir transmettre correctement l’information aux équipes médicales par exemple et savoir prendre en charge au niveau des premiers soins", détaille-t-il.


"J’ai voulu lancer ma propre société parce qu’il y avait ce manque de qualité"

Après sa formation, il commence à travailler pour une société d’ambulances, mais très rapidement, il veut fonder la sienne avec un ami. "J’ai voulu lancer ma propre société parce qu’il y avait ce manque de qualité, ce manque de confort, ce manque de sécurité de la part de beaucoup d’associations et que nous, on voulait offrir un service qui était un service de qualité au juste prix et montrer ce qu’était un vrai service de transport médico-sanitaire sur un secteur où il en manquait cruellement", lance-t-il. Aujourd’hui, sa société basée à Gembloux effectue une quinzaine de transports par jour, entre 75 et 100 par semaine.


"Même pas la sélection médicale sur le permis de conduire qui est normalement obligatoire"

Même si ça fonctionne plutôt bien pour lui et qu’il est vraiment passionné par ce qu’il fait, le chef d’entreprise avoue que certains mois sont plus difficiles. Lui qui exige que ses ambulanciers soient formés correctement se sent impuissant face aux associations et sociétés de transports bénévoles qui, selon lui, ne sont pas aussi professionnelles. "Ils n’ont aucun diplôme, aucune formation, généralement ils n’ont même pas la sélection médicale sur le permis de conduire qui est normalement obligatoire pour le transport rémunéré de personnes. Ils n’ont, généralement, pas de matériel à bord du véhicule donc ne savent pas du tout intervenir s’il y a un problème", affirme-t-il.


Qualité low-cost?

Michael regrette les prix pratiqués par ces associations qui emploient des bénévoles. "Pour faire fonctionner une société avec tous ses frais de personnel et de matériel, on doit pratiquer des tarifs plus élevés." Il reproche aux mutuelles de favoriser ces associations. "Parce que ça leur revient moins cher et que, du coup, ils ont moins de frais à rembourser au patient", assure-t-il. Vincent Fouilloux de la mutuelle Partenamut confirme que le transport effectué par des bénévoles soit favorisé car c’est l’option la moins onéreuse.


Partenamut: une série de critères pour choisir entre les trois services proposés

Une série de critères intervient à la mutuelle pour choisir l'un des trois services proposés, à savoir le transport en ambulance, le transport organisé par certaines associations et le transport via un chauffeur volontaire. "Il y a un numéro que les affiliés appellent quand ils veulent avoir recours à un transport médical non-urgent. C’est la Croix-Rouge qui s’en occupe, précise M. Fouilloux, nous avons un partenariat avec eux car ils sont beaucoup plus spécialisés que nous pour ce genre de question. Ensemble, nous avons établi une grille avec une dizaine de critères comme le fait d’être valide ou non, la gravité de l’état, etc. pour décider lequel des trois transports sera privilégié."


La Région wallonne est la seule à avoir une législation

Du côté de l’AVIQ, l’Agence pour une Vie de Qualité responsable de cette question pour la Région wallonne, et du cabinet de la ministre wallonne de la Santé, Alda Gréoli, on explique que le transport médico-sanitaire est défini comme étant un transport de patients par ambulance, à l’exception des transports relatifs à l’aide médicale urgente, et que la Région wallonne est la seule entité du pays à disposer d’une législation officielle pour ce secteur paramédical.

Les autorités wallonnes constatent que des gens font appel à des transports par ambulance alors que leur état de santé ne le justifie pas. "Le transport qui est organisé notamment par les mutuelles assure un transport de personnes. Face à l’importance de la demande de transport (notamment ce qu’on appelle par ailleurs le transport social) et au coût plus important du transport par ambulance, un grand nombre de personnes font appel au transport médico-sanitaire alors que leur état de santé ne le justifie pas, ce qui entraîne une consommation importante des ambulances au détriment des patients qui en auraient davantage besoin. Il est donc primordial de bien différencier le transport de patient du transport de personnes", détaille Caroline Jauniaux, attachée de presse du cabinet de Mme Greoli.

Elle précise que cette distinction n'est pas encore connue de tous et que des discussions sont en cours avec l'autorité fédérale et les autres entités fédérées dans l’objectif d’arrêter des définitions communes du transport de patient et de pouvoir juridiquement mieux le différencier du transport de personnes.

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