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Mike a fait un gros entretien sur sa voiture, de taille moyenne et d'une marque très répandue en Belgique, le mois passé. Déposant son véhicule en toute confiance, il est ressorti du garage avec une fameuse boule dans le ventre une fois la facture payée. "J'ai déposé mon véhicule pour un entretien. L'entretien standard de 60.000 km. Une chose n'était pas comprise dans ce pack lié à l'entretien et a généré des frais supplémentaires: le changement de mes plaquettes de freins avant. Selon eux, je ne pouvais pas ne pas les changer. Je reviens chercher ma voiture, et voilà que le total de la facture s'élève à 760 euros. Pour un garage officiel, je trouve cela SCANDALEUX de faire payer si cher pour un entretien", nous a-t-il indiqué, facture à l'appui, via notre bouton orange Alertez-nous.
Qu'est-ce qui fait gonfler les prix ?
On l'a compris, entretenir sa voiture fait mal au portefeuille. Chiffres à l'appui, on peut affirmer qu'il fallait en moyenne débourser 33,3% de plus en 2013 qu'en 2006. Et encore 8% de plus en 2016 qu'en 2013. Pour faire simple, si on dépensait 100 euros en 2013, on n'en dépensait que 75 euros en 2006, et on devait en dépenser 108 euros en 2016.
Dans le cas de Mike, hors entretien, on a pu constater que seules les plaquettes de frein avant avaient été changées, pour un coût de 200 euros, à quelques unités près. Cela fait donc plus de 500 euros pour l'entretien. Et pourtant, "les marges bénéficiaires nettes des concessions belges n’en demeurent pas moins structurellement faibles, (...) notamment à cause des importants investissements consentis ces dernières années en infrastructures et mises aux normes", soutient-on chez Traxio, ex-Federauto, la fédération du secteur automobile. "La partie garage des concessionnaires et agents de marques fait également face à des vents contraires. La réduction de la fréquence des entretiens, jusqu’à tous les 40.000 km pour une révision complète, pèse évidemment sur les volumes d’activité", ajoute-t-on.
Ces explications, il est vrai, indiquent en partie pourquoi les prix ont considérablement grimpé ces dernières années. A cela, il faut rajouter les coûts de main-d'oeuvre, qui tendent aussi à augmenter. "D'un point de vue général, on voit bien que les frais liés à l'entretien ou à la réparation d'une voiture suivent l'évolution du prix pour la main d'oeuvre. Quand une convention X ou Y est signée et fait augmenter les salaires des ouvriers, qu'ils réparent une voiture ou fabriquent les pièces, la facture augmente quasi dans les mêmes proportions", conclut-on chez Traxio.
On a testé 3 garages "toutes marques", et il n'y a pas photo...
Par contre, si on nous a expliqué pourquoi il fallait objectivement dépenser plus, on ne nous a jamais indiqué pourquoi il était quasi toujours moins cher de faire entretenir sa voiture chez un garagiste ou réparateur indépendant. Pourtant, nous avons testé trois autres enseignes: un garage Midas, un autre garagiste agréé du réseau "1,2,3 Auto Service", et un petit garagiste de quartier qui travaille à son compte. On a demandé un devis pour la voiture de Mike, incluant là aussi le grand entretien et les plaquettes de frein avant. Verdict: 453€ pour le premier, 482€ pour le deuxième, et "aux alentours de 400-450€" pour le troisième, qui n'a pas fait de devis précis mais nous a donné un prix de référence, précisant "qu'il passe toujours un coup de fil s'il voit quelque-chose d'anormal qui pourrait faire qu'on passe au-dessus de 450€".
Peu de temps après s'être fait passer pour des clients, on leur a révélé qu'on était journaliste et que c'était un test. Puis, on leur a montré la facture de Mike. Voici comment ils ont réagi:
"Ils exagèrent avec les tarifs. Sans doute parce qu'ils ont beaucoup de voitures de société, ou des clients qui mettent ça en frais professionnels et donc qui s'en fichent un peu. Mais bon, les clients le savent et retournent quand-même, donc on ne peut pas vraiment les blâmer", nous a indiqué le patron du petit garage de quartier.
"Cela ne m'étonne pas. On connaît leurs pratiques, et nous, cela nous permet d'avoir de très nombreux clients et quand-même pas mal de succès, parce que nos prix sont largement inférieurs", pense le gérant du garage Midas.
Le garagiste du réseau "1, 2, 3 Auto Service" s'est lui interrogé sur les raisons qui poussaient encore les clients à aller chez des concessionnaires qui pratiquent des tarifs si élevés. "Sans doute par facilité, parce qu'ils ne pensent pas aller ailleurs, chercher autre chose. Puis je pense qu'il y en a qui craignent que chez nous ils perdraient leur garantie. Or ce n'est pas vrai", nous a-t-il confié.
"Il faut comparer des pommes avec des pommes": les représentants des marques à court d'arguments?
David Colantonio, directeur commercial du réseau "1,2,3 Auto Service", va même plus loin et considère que le client sera d'autant plus satisfait chez un petit réparateur qui le connaît, et qui connaît surtout sa voiture. "Les garagistes indépendants ne sont pas assez représentés. Tout le monde n'en a que pour les concessionnaires. Or, on se rend bien compte que le particulier doit avoir une relation de confiance avec son garagiste, peu importe s'il a une belle vitrine ou un beau showroom. Le client y trouve d'autres avantages, comme le fait de pouvoir parler avec un patron qui connaît son véhicule et peut lui expliquer l'état et les réparations faites au véhicule".
Constat à l'appui, nous avons également interrogé les responsables de la communication de diverses marques automobiles, toutes largement représentées en Belgique. Mais le souci, c'est que notre test les dérangeait. Seul un a bien voulu en dire plus. Les autres se sont contentés d'insister sur le manque de données et de précisions de notre petit comparatif. Commençons par les explications du représentant de la marque de voiture identique à celle de Mike. Nous lui avons présenté la facture du concessionnaire du réseau officiel et la facture de Midas. Voici sa réponse: "Il faut comparer des pommes avec des pommes. Dire comme ça qu'un concessionnaire est X% plus cher pour les entretiens et réparations, ce n'est pas correct. Il y a tellement d'éléments qui peuvent entrer en compte qu'il est impossible de répondre".
Un autre responsable presse, d'une autre marque, ne s'est pas montré beaucoup plus bavard. "C'est toujours dangereux de comparer des prix, parce qu'il ne faut pas comparer des poires avec des pommes".
Enfin, un troisième représentant d'une marque, également vendue à grande échelle en Belgique, a accepté d'en dire un peu plus, acceptant le constat que les réseaux officiels étaient "un peu plus chers". "Chez un concessionnaire, il ne faut pas négliger le coût d'exploitation des lieux, avec souvent des espaces plus grands. Puis il y a aussi la qualité de l'accueil, avec le wifi disponible partout, un café ou d'autres services qu'on n'a parfois pas chez un garagiste. Mais cela se voit aussi dans d'autres secteurs. Par exemple, quand vous achetez des vêtements en supermarché, il n'y a personne pour vous conseiller, le service n'est pas le même, et donc c'est moins cher", a-t-il indiqué.
Il a également précisé que les travailleurs de la marque qu'il représente étaient irréprochables. "Après, quand on va dans un garage d'une marque spécifique, le matériel est peut-être plus à jour. Et on a des formations régulières pour notre personnel. Quasi une formation dès qu'un nouveau modèle sort. Je ne dis pas que ce n'est pas le cas chez les réparateurs indépendants, mais en tout cas chez nous cela a un impact sur les coûts, et donc sur les prix", a-t-il conclu.
