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Olivier, le fils de Miss Irta, la Carolo "aux plus gros seins du monde": "On vient de perdre une femme phénoménale"

Un tour de poitrine de 2m22, deux seins de 35 kilos chacun, un poids dépassant les 240 kilos et une taille d’1m78. Les mensurations de Miss Irta étaient exceptionnelles. Cette habitante de Marcinelle était la "femme aux plus gros seins du monde". Elle est décédée mi-octobre à l’âge de 78 ans. Suite à sa disparition, l’un de ses fils tient à lui rendre hommage.

"Notre maman était un phénomène de foire impressionnant. Elle était unique par son physique, par la force qu’elle avait de surmonter ce qui aurait dû être un handicap et par sa gentillesse. Nous sommes tous très fiers d’elle", confie Olivier, l’un des sept enfants de Miss Irta. Ce Carolo nous a contactés il y a quelques semaines via notre bouton orange Alertez-nous pour raconter l’histoire incroyable de sa mère et expliquer comment il a vécu lui-même cette destinée hors du commun.


"Cette soudaine prise de poids l’a beaucoup traumatisée"

Sa maman s’appelait Liliane Blondieau et habitait à Marcinelle. Comme de nombreuses femmes, elle mène d’abord une vie d’épouse et de mère comblée. A l’âge de 35 ans, son poids sur la balance s’emballe. "Elle a subitement pris beaucoup de poids. Cela provient d’un problème hormonal et d’un mauvais traitement médicamenteux quand elle était enceinte de mes frères jumeaux. A l’époque cela l’a beaucoup traumatisée", raconte Olivier. Elle pèse alors 244 kilos et son ton tour de poitrine est de 2m22.

Une rencontre inattendue avec un patron forain va ensuite bouleverser son quotidien. "Elle l’a rencontré par hasard en allant acheter des frites à Charleroi. Il lui a proposé de devenir un phénomène de foire. C’est quelque chose qui n’existe plus maintenant. On ne voit plus l’homme le plus grand, l’homme le plus petit, la femme à barbe sur les champs de foire", poursuit son fils.

Liliane et son mari pensent d’abord qu’il s’agit d’une blague. Mais l’homme est tout à fait sérieux. "Le gars est venu à la maison et finalement elle a travaillé pour ce patron forain belge pendant quatre ans."


Inscrite aux Guinness Book des records 

Son nom de scène est d’abord Miss Cindy, puis Miss Irta. Dans les années 80 et 90, elle sillonne la Belgique et ensuite la France sur les champs de foire. A l’époque, elle détient le record du tour de poitrine le plus grand du monde avec 2m22. "Dans les années 80, elle a d’ailleurs été inscrite au Guinness Book des records", souligne Olivier.

Concrètement, Liliane attend dans un stand que des visiteurs viennent observer sa poitrine volumineuse, mise en évidence par une gaine spéciale réalisée sur mesure. "Les gens étaient là pour voir la dame qui avait la poitrine la plus forte du monde. Elle gagnait de l’argent comme ça. C’était son métier", résume son fils.

Miss Irta devient tellement populaire que des producteurs japonais lui proposent de participer à un concours organisé à Tokyo pour décrocher l’Oscar du phénomène mondial le plus impressionnant. "Elle l’a gagné deux fois dans les années 80. Les Japonais étaient tellement impressionnés par son tour de poitrine qu’ils ont fait un moulage de sa poitrine qui est exposé dans un musée à Tokyo", confie le Carolo.


"Entre deux foires, notre maman revenait en train"

Quand sa mère débute cette carrière hors du commun, il n’a que huit ans. A cet âge-là, il ne saisit pas encore le caractère exceptionnel de sa nouvelle activité. "Quand on est enfant, on ne réagit pas plus que ça, on ne se rend pas compte. Ma maman avait trouvé un travail sur les foires, et voilà", se souvient-il.

La vie de famille est pourtant chamboulée, rythmée par les départs et les retours de Liliane. "Moi je vivais à Marcinelle avec mon père, mes frères et mes sœurs. Entre deux foires, notre maman revenait en train. Toute la famille l’accueillait sur le quai, on était vraiment heureux de la voir revenir", confie Olivier.

Miss Irta reste alors souvent quelques semaines à la maison, auprès des siens. "Elle pouvait être absente plusieurs semaines de suite. Du coup, quand elle revenait, elle se consacrait entièrement à nous. Elle préparait à manger pour tout le monde, elle accueillait tous nos copains à la maison, elle était très généreuse. Après, elle repartait à nouveau en train. Quelque part on avait un manque de notre maman puisqu’on la voyait que trois mois maximum par an. Mais quand elle était présente, elle donnait tout ce qu’elle pouvait", assure Olivier.


Olivier, sa sœur Brigitte et leur mère Liliane

"Quand j’étais petit, son métier m’a permis d’être au soleil et de profiter des manèges"

Au début, il n’ose pas vraiment révéler à ses camarades de classe ce que sa mère exerce comme profession. "Pour le gamin que j’étais, cela paraissait bizarre. Que des gens viennent voir les nénés de notre maman. Et puis, quand on a commencé à voir l’impact positif qu’elle avait sur les gens, ce n’était plus une gêne mais une fierté que nous ressentions car elle était unique. Personne ne faisait 2m22 de tour de poitrine. Et quand je disais à mes copains que cette dame aperçue à la télévision, c’était ma maman, ils étaient sur le cul", se souvient-il.

L’activité extraordinaire de sa mère lui permet aussi de découvrir le monde plutôt particulier des forains et de profiter de vacances au soleil. "Pendant les congés scolaires, nous allions parfois la voir à l’une ou l’autre foire. J’ai des souvenirs de la foire du Trône à Paris ou d’une foire en Hérault, dans le sud de la France. On pouvait y profiter du soleil et des attractions. Comme on était les enfants de Miss Irta, on ne payait pas quand on montait sur les manèges." Un peu plus tard, quand Olivier est adolescent, il travaille même pour des forains. "Je me faisais de l’argent de poche en plus d’aller voir ma mère", se remémore le Carolo.

Cette expérience fabuleuse permet également à Liliane de ne pas souffrir de son physique. "Dépasser tout à coup les 240 kilos et même monter jusqu’à 280 kilos à une époque, c’est difficile. Son métier lui a permis de surmonter cela. Elle était d’ailleurs un exemple pour pas mal de femmes complexées par leur poids. Ma mère leur donnait de l’espoir en leur montrant que ce n’était pas une tare", assure Olivier.


De nombreux voyages, un film et des interviews à la télévision

En quelque sorte, elle a ainsi transformé un malheur au départ en une opportunité. Grâce à son statut de femme aux plus gros seins du monde, elle a pu voyager en France, aux Etats-Unis et au Japon. Elle a pu également tourner dans un film avec Sting. Sans parler des nombreuses apparitions à la télévision.

"Chaque année à la foire du Trône, des journalistes venaient pour interviewer les forains. Il y a plusieurs reportages sur ma mère. Un jour j’étais présent quand une équipe de Canal+ a débarqué. Je devais avoir 13-14 ans. Je suis donc apparu à l’image à ses côtés. Et elle a aussi participé à des émissions avec Mireille Dumas, Thierry Ardisson et Patrick Sabatier", énumère fièrement son fils.

Par ailleurs, Olivier souligne l’importance de son apport financier. "Grâce à l’argent qu’elle gagnait, elle a permis de faire vivre sa famille de sept enfants à distance. Le salaire de postier de mon père n’aurait pas suffi. Cela a donc aidé à notre bien-être", souligne-t-il.

L’absence de Liliane a également un impact sur les liens entre frères et sœurs. "Notre papa habitait en permanence avec nous à la maison, mais il travaillait comme postier de nuit. Les plus grands s’occupaient donc souvent des plus petits. Cela nous a soudés."

Enfin, elle semble avoir également transmis sa pugnacité. "En côtoyant les forains, ma mère a développé un franc-parler et un caractère bien trempé. Elle nous a transmis sa force. Elle nous a montré qu’il ne fallait pas s’arrêter à un problème physique ou à un souci quelconque. Il faut composer avec ce que l’on a et ce que l’on est surtout. Elle-même a assumé toute sa vie sa différence", souligne le Carolo.


Olivier et Liliane  

"Nous étions tous à son chevet jusqu’à son dernier souffle"

Début des années 2000, Liliane abandonne les foires, fatiguée et fragilisée par des problèmes de diabète. Pendant de nombreuses années, elle continue de s’occuper de ses nombreux enfants et ses petits-enfants.

Il y a quelques semaines, après un séjour de dix jours à l’hôpital, elle s’est éteinte. "Cette femme extraordinaire est décédée suite à des complications après deux opérations pour des intestins nécrosés. Nous étions tous à son chevet jusqu’à son dernier souffle", confie Olivier, toujours très ému d’avoir perdu celle qui a joué un rôle capital dans sa vie.

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