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Pas de stage pour Adrien et Adeline, un stage en télétravail pour Solène: nouvelle galère des étudiants avec les mesures anti-Covid

Depuis le samedi 20 novembre, le télétravail est à nouveau la norme dans les entreprises où il peut être instauré. Cette décision découle du comité de concertation du 17 novembre, durant lequel les ministres concernés ont renforcé une série de mesures. Conséquence de ces changements : les stages des étudiants se voient bouleversés. Certains étudiants, comme Adrien et Adeline, ne trouvent même pas de lieu de stage. D'autres, doivent s'adapter et effectuer leurs stages en télétravail.

"Avec les nouvelles mesures Covid, comment trouver un stage alors que le télétravail est de rigueur ?", lance Julie sur notre bouton orange Alertez-nous. Depuis le mois de novembre, les ministres ont décidé de réinstaurer le télétravail comme norme, d'abord à raison de 4 jours par semaine.

Chez lui, à Liège, Adrien se sent bien concerné par la question de Julie. Le jeune homme de 23 ans est étudiant en secrétariat médical. Comme toutes les après-midis depuis près de 3 mois, il est accroché à son téléphone. Devant lui, une liste d'établissements qu'il trouve ça et là après de longues recherches. Mais comme souvent, au bout de fil, pas de réponse. Un répondeur, une musique d'attente, ou une tonalité qui ne s'arrête jamais.

Adrien lance un regard déçu à son smartphone. "C'est décourageant", réagit-il, esquissant malgré tout un léger sourire. "Je me sens dépité."

Des refus à répétition, sur fond de crise sanitaire

En tout, Adrien affirme avoir pour l'instant contacté une cinquantaine d'établissements où il pourrait effectuer un stage en secrétariat médical. Des mails, des coups de téléphone, des messages vocaux souvent sans réponse. Lorsque l'étudiant obtient un retour, celui-ci n'est jamais positif. "Que ce soit à cause des mesures sanitaires ou à cause de raisons incohérentes", raconte-t-il. "A cause du secret professionnel, de restructurations, des mesures Covid, ou alors ils ne veulent pas d’étudiants de mon école… Il y a des raisons diverses, et ça déstabilise."

On se demande si on ne va pas rater notre année à cause du stage

Dans un domaine médical sollicité à l'extrême par la crise sanitaire et le manque d'effectif, Adrien semble collectionner les obstacles. Selon lui, certains établissements lui expliquent qu'ils prennent moins de stagiaires à cause de la crise sanitaire, et ce afin de limiter les contacts. "L'école nous a donné la date limite du 17 décembre, mais c’est impossible", explique Adrien. "On se demande si on ne va pas rater notre année à cause du stage. Et le problème, c'est qu'on ne peut pas accéder aux stages de troisième année sans valider ceux de deuxième."

La situation pèse aussi sur le moral du jeune homme. "Je n’y arrive plus, et à 23 ans j’en suis à demander de l’aide à ma mère pour trouver quelque chose, comme un enfant. Je suis démoralisé, et démotivé."  

Autre domaine, même problème : Adeline désespère

A Ninove, en région flamande, Adeline a la même routine qu'Adrien. Maman d'un enfant, elle est aussi en formation dans une école d'esthétique. La jeune femme est pendue à son téléphone dès qu'elle le peut, à la recherche d'un stage dans un institut de beauté. "Rien qu'aujourd'hui, j'ai passé 24 appels, pour vous dire !", s'exclame-t-elle. "Si je ne trouve pas de stage, j'aurai 0 car c'est obligatoire."

Les instituts ne prennent pas de stagiaires pendant la crise

Adeline a jusqu'au moins de juin pour effectuer 450 heures de stage dans un institut. "Mais les instituts ne prennent pas de stagiaires pendant la crise, parce qu'avec le Covid c'est 'dangereux'. En tout cas, c'est ce qu'ils me disent." L'étudiante pense que le problème concerne principalement Bruxelles, où elle concentre ses recherches. "Mon fils va à la crèche à Bruxelles, donc je dois absolument trouver mon stage à Bruxelles."

Annuler ou reporter les stages ? Pas question

Face aux refus, Adeline se dit pour l'instant "désespérée et abattue". La directrice de son école, Pauline Lebrun, reste toutefois optimiste. Contactée par nos soins, elle ne s'alarme pas de la situation actuelle. "Niveau covid, c’est vrai que certains instituts ont du mal", admet-elle. "Mais l'école a remis à jour sa liste de collaborateurs en début d’année, et on a aussi des entreprises qui nous appellent pour demander des stagiaires."

Pour madame Lebrun, il n'est pas encore question de reporter ni d'annuler les stages. "Nous conseillons à nos étudiants de se présenter à l'heure, en ayant fixé un rendez-vous au préalable, et d'adopter une attitude adéquate. Ce n'est pas facile de trouver un stage, mais c'est une bonne manière de mettre le pied à l'étrier, surtout que les lieux de stage proposent souvent des contrats après."

Le compromis : un stage en télétravail, quand c'est possible

Adrien et Adeline ne peuvent pas effectuer leurs stages en télétravail, et ce malgré la mesure entrée en vigueur le 20 novembre après le comité de concertation. D'autres, au contraire, ont dû adapter leur stage pour ne pas l'annuler. C'est le cas de Solène, étudiante française en stage à Bruxelles.

Une journée en présentiel par semaine

La jeune femme de 22 ans nous confie que pour l'instant, la situation lui convient comme ça. "Des plannings sont mis en place", détaille-t-elle. "On peut avoir une journée en présentiel par semaine, et je m'arrange pour que ce soit un jour où mes managers sont là. Sinon, je m'avance chez moi de manière autonome en télétravail, et j'ai des réunions en visio-conférence avec mes managers."

Dans son domaine, le marketing, elle n'a rencontré aucune difficulté pour trouver un stage. En revanche, elle savait que sa période de stage allait probablement se composer en partie de télétravail. "Pour me faire connaitre, et aussi pour m'intégrer, c'était important pour moi de pouvoir me rendre au bureau au moins une fois par semaine, ne serait-ce que pour mettre un visage sur les prénoms qu'on voit en réunion", ajoute Solène. "Mais j'aime aussi l'indépendance du télétravail".

Après notre tournage, Adrien, l’étudiant liégeois, nous a recontactés pour nous faire part d’une bonne nouvelle. Ses mois de recherches semblent avoir payé, puisqu’il a trouvé un stage dans son domaine, et près de chez lui.

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