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Passionnés de MMA, Thibaut et Julia ont ouvert "La Cage" à Jambes: "Tout le temps que les jeunes passent ici, c'est du temps qu'ils ne passent pas dans la rue"

Dans le Namurois, une nouvelle salle de sport souhaite déconstruire les stéréotypes associés au MMA et offrir un espace structuré aux adolescents et aux jeunes adultes, qui souhaitent se lancer dans cette discipline attirant de plus en plus de combattants.

Voici un peu plus de trois semaines que "La Cage" s'est installée à Jambes. Cette salle de sport de 350 m2 est spécialisée dans le MMA (Mixed Martial Arts). Le principe ? Des combattants s'affrontent au sein d'une discipline mêlant tous types d'arts martiaux, à l'intérieur d'un ring entouré d'une cage en métal de plus de 2 mètres de haut.

Un sport réputé d'une violence extrême et qui fascine toute une frange de la jeunesse. "Je regardais les combats en ligne. C'est ça qui m'a motivé à me lancer", confie Islam, 15 ans. "Cela fait un an et deux mois que je pratique le MMA. Au début, ma mère ne savait pas ce que c'était. Alors je lui ai montré des vidéos. Elle trouvait ça assez violent et elle ne voulait pas que j'en fasse", explique-t-il. Le jeune garçon multiplie les compromis et obtient finalement l'autorisation de poursuivre le MMA. Aujourd'hui, "Islam est un de nos jeunes espoirs" explique Julia Walter, co-gérante de la salle.

La jeune femme de 25 ans atteste de l'engouement des jeunes pour ce sport, malgré les a priori parentaux: "Les mamans ont tendance à être terrifiées, mais une fois dedans, elles voient bien que leurs enfants gagnent en assurance".

Le MMA traîne une image de sport violent et brutal… mais le mental est très important

Un sport plus intellectuel et plus exigeant qu'il n'y paraît

"Si je devais donner une définition du MMA, il s'agirait du sport où le combat qui se déroule est le plus réaliste", explique Thibaut Paoletti, co-gérant et fondateur du club. Ici, pas d'arme, mais des combats pouvant se dérouler aussi bien debout qu'au sol. Coups-de-poing, de pieds, prises, tout est autorisé… ou presque. Sont interdits les coups de coude, de tête, les griffures, ainsi que les coups portés à la nuque, à la gorge, aux reins, aux articulations et aux parties génitales. À noter que les règles peuvent être adaptées selon l'âge et le niveau des pratiquants.

Aussi, les combats requièrent une capacité de concentration intense et une grande maîtrise de soi selon Thibaut: "Il s'agit d'un sport où la technique est primordiale" défend-il, " le MMA requiert un panel de compétences très élevé de la part du combattant et d'une bonne connaissance de son propre corps". "Au final, un combat de MMA est plus proche d'une partie d'échecs que de la bagarre", précise-t-il.

Même son de cloche de la part de sa compagne Julia: "Le MMA traîne une image de sport violent et brutal… mais en réalité c'est un sport où le mental est très important". "Il s'agit de self-control avant tout, de discipline et de motivation. Mais toutes ces choses, les gens ne les voient pas" insiste-t-elle.

Aussi, les entraînements sont rudes. À "La Cage", les élèves alternent sessions d'entraînements aux techniques de combat et préparation physique. Rings, équipements, matériels de fitness… tout est là pour offrir un véritable cadre sportif aux athlètes. "Nous avons dû investir environ 50.000 euros pour ce projet" explique Julia, "nous sommes également en passe d'avoir notre propre cage métallique".

Islam prend quant à lui des leçons de lutte et de kickboxing en plus. "En tout je m'entraîne environ 15 à 17 heures par semaine" explique-t-il.
"Nos jeunes sont extrêmement motivés. Ils sont toujours ponctuels et déterminés. Je suis impressionnée par leur capacité à gérer les cours, leurs vies et leurs entraînements" raconte Julia, une pointe de fierté dans la voix.

Je pense que cela les aide de se dire qu'ils ont une autre famille

Offrir un cadre à la jeunesse

À peine quelques semaines après son ouverture, "La Cage" compte déjà 40 adhérents. Pour Julia et Thibaut, offrir un lieu adapté aux jeunes était une priorité dès le début. "Je travaillais comme préparateur physique avec un groupe de jeunes athlètes. Avec le Covid-19, leur coach est parti à l'étranger. C'est à ce moment-là qu'on a décidé de monter un club de MMA autour d'eux", explique Thibaut avant de poursuivre: "Je pense que cela les aide de se dire qu'ils ont une autre famille qui a des attentes vis-à-vis d'eux et à se dire qu'ils ont une place ailleurs que dans la rue".

Le jeune homme de 33 ans explique aussi avoir été témoin de beaucoup de changements positifs parmi ses recrues: "L'entraînement est au centre de leur vie. Certains ont arrêté de fumer et ils gagnent un certain équilibre". Pour Julia, "tout le temps que les jeunes passent ici, c'est du temps qu'ils ne passent pas dans la rue".

Je veux aller le plus loin possible, faire carrière

Le MMA, un sport en pleine expansion

Ludovic Boulvin travaille dans l'industrie pharmaceutique. Le reste du temps, il est président de la Fédération belge de MMA (BMMAF), un sport qu'il pratique depuis 25 ans. Ces derniers temps, il a pu constater certains changements autour de ce sport qui, selon lui, ont favorisé son attrait auprès d'un plus large public: "Je crois que le MMA a longtemps souffert de l'image de ‘sport de combat ultime’ qui lui a été accolée. Avec le temps, tout ça s'est transformé en une réelle discipline avec des règles, un cadre, et un vaste panel de techniques".

La médiatisation des combats et de la discipline en tant que telle a aussi contribué à sa popularisation. "Aujourd'hui le MMA est partout, sur Instagram, dans les films ou encore les jeux vidéo. Mais cela reste quelque chose de relativement nouveau, qui plaît aux personnes à la recherche d'adrénaline".

Il faut ajouter à cela la création d'une fédération internationale en 2013, l'IMMAF, qui a permis d'ouvrir la voie à une meilleure reconnaissance de ce sport dans de nombreux pays. C'est notamment le cas de la France, où le MMA est légal depuis 2021.

Quid en Belgique?

Avec une soixantaine de clubs, dont une trentaine en Wallonie, la discipline se concentre sur son développement au niveau amateur. La fédération compte actuellement 500 licenciés.

"En Belgique, la MMA n'est pas officiellement considérée comme une discipline sportive" regrette Ludovic. Les compétitions ayant lieu chez-nous se déroulent aussi bien à un niveau amateur qu'à haut niveau. Mais il est encore difficile de parler de professionnalisation de la discipline selon Ludovic.

Aujourd'hui, l'ancien champion d'Europe amateur souhaite une meilleure reconnaissance du MMA auprès des pouvoirs publics, afin de poursuivre le développement de la discipline et d'aller vers une plus grande professionnalisation des athlètes.

De son côté, Islam rêve d'une carrière dans le MMA. "Je veux aller le plus loin possible, faire carrière. Pourquoi pas devenir champion du monde!", s'enthousiasme l'adolescent.

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