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Panneaux solaires hors d'usage: "On les valorise à 95%" mais le silicium est trop bon marché pour être recyclé

Les premiers panneaux en "fin de vie" commencent à arriver au niveau de l'asbl PV Cycle, qui gère le recyclage un peu comme Recupel, en l'organisant. Par rapport à une machine-à-laver, un panneau se recycle très bien, on dit qu'il est "bien valorisé". Explications.

On l'a expliqué en long et en large dans cet article, la durée de vie des panneaux photovoltaïques est très longue (les panneaux deviennent simplement de moins en moins performants au fil des ans).

Se pose inévitablement la question de leur recyclage. "Un panneau solaire est très encombrant. C'est pratiquement deux mètres carrés, et 25 kg", nous a expliqué Bertrand Lempkowicz, directeur marketing et communication de l'asbl belge PV Cycle. On ne peut donc le déposer soi-même dans son parc à conteneur. Une logistique spéciale existe.

De plus, outre l'encadrement en métal, le câblage et le verre, le cœur d'un panneau, ce sont ses cellules photovoltaïques. Les plus répandues sont constituées de semi-conducteurs qui sont principalement à base de silicium, un élément chimique. Bref, il ne faut pas les déposer un à un dans le conteneur des encombrants de votre déchetterie (de toute façon, on vous l'interdira).


Qui gère le recyclage des panneaux solaires ?

L'Europe impose à ses états membres de veiller au bon recyclage des panneaux solaires dans une directive, comme s'il s'agissait de matériel électronique. Chaque autorité politique locale est responsable de traduire la directive européenne en règlementation.

En Belgique, cette responsabilité est régionale et certaines régions sont un peu à la traîne. Si la Flandre a déjà organisé cette procédure via l'asbl PV Cycle qui organise ce recyclage (il y a un genre de taxe Recupel de 2 euros appliquée sur chaque panneau vendu), Bruxelles et la Wallonie "n'ont pas encore adapté cette législation et ça pose un souci" car ces régions ne sont pas en règle.

"Mais on récupère tout de même les panneaux de ces régions, même si personne ne cotise" pour payer cette logistique. L'asbl PV Cycle, qui a fait des émules dans le monde entier, a un modèle assez proche de Recupel: elle gère au mieux la logistique entre le point de départ (la collecte d'un panneau en fin de vie, cassé ou défectueux) et le but final (son démantèlement et son recyclage par des entreprises spécialisées).


Quelle est la particularité de ce recyclage ?

Tout d'abord, il est en phase de rodage. "On pensait que les panneaux auraient une durée de vie de 20 ans, mais les plus vieux sont toujours en activité. Pour l'instant, les déchets qu'on gère sont dus à des défauts d'origine du panneau, des problèmes d'assurance (incendie, grêle), des dégâts dans le transport ou lors de l'installation". Dans quelques années, "quand les panneaux auront une trentaine d'années" et seront encore moins efficaces, "on devrait avoir beaucoup de travail".

Si des asbl dédiées gèrent le recyclage des panneaux photovoltaïques, c'est parce qu'ils sont assez particuliers et qu'on pourrait difficilement les amener au parc à conteneurs. "On arrive rapidement à des grosses quantités en tonnage et en volume". C'est donc l'installateur (en cas de remplacement) qui va se charger de la récupération, "mais si les quantités le justifient (2 palettes), on envoie nous-mêmes un camion".


Comment recycle-t-on un panneau solaire ?

Plutôt bien, en réalité. "On est à 95% de valorisation après traitement", c'est-à-dire que pratiquement tout est remis à son niveau brut, et sert à de nouvelles fabrications (aluminium, verre, cuivre, plastique, etc). "On travaille avec deux recycleurs en Belgique", chez qui l'asbl envoie directement les panneaux.

Les panneaux en silicium, la majorité du parc en Belgique, se recyclent "très facilement". "A la base, c'est un verre laminé, avec quelques composants supplémentaires". Au fil des ans, "on s'est raffiné, avec l'expérience, on a appris à dégager plus de fractions" (c'est-à-dire que les recycleurs décomposent davantage le panneau en éléments traitables et réutilisables).


Le cas du silicium

Un problème se pose: "le silicium, c'est environ 4% d'un panneau, les quantités sont très faibles. Dès lors en terme de recyclage économique (donc rentable pour une entreprise, NDLR), il n'y a pas assez de silicium dans les panneaux pour justifier la création d'un procédé qui permettrait de l'extraire complètement. Ça couterait très cher, pour récupérer une quantité minimale. Pour l'instant, les recycleurs estiment que ce n'est pas rentable".

De plus, le silicium n'a pas une grande valeur actuellement. Il se trouve de manière abondante (dans des mines, extrait facilement à partir d'un genre de sable). "Il y a quelques années, on était à 500 dollars la tonne. Aujourd'hui, on est à 13 dollars". Quand la tendance s'inversera et que ça vaudra la peine d'extraire le silicium des panneaux pour le réutiliser, il sera sans doute lui aussi revalorisé par les recycleurs.

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