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Renversée par une voiture à Bruxelles, Vanessa affirme souffrir de stress post-traumatique: "Du jour au lendemain, votre vie bascule"

Fin décembre 2014, Vanessa a été victime d’un accident de la route. Depuis ce jour-là, cette Bruxelloise affirme souffrir d’un choc post-traumatique. Ce qui handicape sa vie au quotidien. Pour témoigner de cette situation difficile parfois minimisée, elle a décidé de raconter son histoire.

"Quand je passe tout près, parce que parfois j’y suis obligée, mon corps commence à trembler et je pleure. Et je me dis que cela a foutu ma vie en l’air ", confie Vanessa, la voix chargée d’émotion.

Cette Bruxelloise âgée de 42 ans nous a contactés via notre bouton orange Alertez-nous pour raconter son histoire. "Je voudrais que les personnes qui vivent la même chose que moi sachent qu'elles ne sont pas seules", souligne-t-elle.


"Elle a redémarré, m’a éjectée et m’a envoyée sur le sol"

Il y a trois ans, Vanessa a été victime d’un accident de la route. C’était le 10 décembre 2014. Le jour où sa "vie a basculé".

"Je suis aide-soignante à domicile et je me rendais chez ma première patiente. J’étais sur le trottoir et je m’apprêtais à traverser sur le passage pour piétons. J’ai fait signe à la conductrice pour la remercier de me laisser passer. Au moment où j’ai entamé le passage, elle a redémarré, m’a éjectée et m’a envoyée sur le sol. Elle ne l’a pas fait exprès, visiblement. Il faisait déjà assez sombre et il pleuvait", se souvient cette habitante de Laeken, mère de deux enfants.

Après le choc, l’automobiliste s’arrête, s’occupe de Vanessa et appelle les secours. "Ils m’ont amenée à l’hôpital. J’avais mal au niveau de la hanche, du côté gauche, à la tête et j’avais des nausées. Le médecin est arrivé, il m’a auscultée. Mais on ne m’a pas fait de radios. Ensuite, la police est arrivée. Les policiers m’ont fait souffler dans le ballon", assure-t-elle.

Par chance, elle ne souffre visiblement pas de blessures physiques graves. Mais les traces au niveau psychologique apparaissent rapidement. "J'aurais mieux fait de me casser les deux jambes ou peut-être avoir un trou dans la tête… Depuis l’accident, je souffre de tremblements et d’angoisse. Deux jours après l’accident, je ne savais plus écrire car ma main tremblait. Vingt jours plus tard, je tremblais de tout mon corps et marchais sur la pointe de mes pieds. Je me suis dit: ‘Je suis handicapée à vie’", souffle-t-elle.


"Il suffit qu’une voiture freine et je saute en l’air"

Aujourd’hui, ses tremblements perdurent. Et Vanessa se sent très fatiguée en permanence.

"C’est un choc post-traumatique. On pense que les personnes qui en souffrent sont à la maison, ont la belle vie. Mais c’est loin d’être le cas", assure la quadragénaire. Elle présente également des troubles d'anxiété. "Quand je traverse la rue, c’est l’angoisse. Il suffit qu’une voiture freine et je saute en l’air. En voiture, mon compagnon me dit que je le stresse parce qu’effectivement quand il est trop près du bord j’ai peur, quand il y a un camion à côté de nous, cela ne va plus", confie la Bruxelloise.

Le syndrome de stress post-traumatique peut en effet survenir chez des personnes ayant eu un accident de la route, subi une agression, vécu un attentat ou tout autre événement traumatique. Les symptômes les plus fréquents sont des maux de tête, des peurs incontrôlables, des insomnies, de l’angoisse ou douleurs diverses.


Des symptômes très variés

"Les tremblements ne sont pas fréquents mais il s’agit d’un symptôme anxieux. On peut développer des symptômes très variés. Chaque cas est particulier. Le pire, c’est le symptôme de reviviscence, c’est-à-dire que vous revivez en pensée ou en cauchemar la scène traumatisante, et souvent le pire moment. Les sensations et les odeurs reviennent carrément. Vous revivez la situation par auto-hypnose de façon plus ou moins complète. J’ai une patiente victime d’un braquage qui s’est fait tirer dessus. Elle revoyait la scène. Elle entendait encore le bruit des détonations", explique docteur Eric Mairlot, neuro-psychiatre à l’Institut de Nouvelle Hypnose.

Selon ce spécialiste en état de stress post-traumatique, environ 20% des personnes confrontées à un événement traumatique développent ce genre de trouble. Sa durée et son intensité sont variables. Il peut apparaître tout de suite ou bien plus tard. "J’ai eu un patient qui a fait de grosses dépressions depuis l’âge de 27 ans et qui a des angoisses. Il a fait des thérapies et il n’a jamais fait le lien sauf sous hypnose lorsque l’on cherchait les causes de son mal-être. On a retrouvé un traumatisme à l’âge de 11 ans quand son prof d’ébénisterie a abusé de lui. Les traumas peuvent donc ressurgir longtemps après", assure le neuro-psychiatre.


"En plus, vous devez vous battre contre les assurances"

Pour certains, ce trouble est très handicapant. C’est le cas pour Vanessa. "Cela fait presque trois ans que je ne peux plus travailler, que mon médecin ne m’autorise pas à reprendre. Je suis considérée comme invalide (ndlr: elle reçoit des indemnités de la mutuelle). Donc, quelque part, je reste prisonnière", estime la mère de famille. "Avant l’accident, j’étais aussi artiste-peintre mais j’ai aussi arrêté car je n’ai plus d’énergie. Même pour m’occuper de mes enfants et ma petite-fille. Pourtant, j’étais une personne dynamique", regrette la mère de famille.

"C’est affreux parce qu’il y a tout ça à supporter. Et en plus, vous devez vous battre contre les assurances. Elles n’ont encore rien réglé, c’est un truc de fou", déplore-t-elle.

Deux assureurs différents interviennent dans la gestion de son dossier. L’assurance de son employeur puisque l’accident s’est produit sur le chemin du travail. Et l’assurance automobile de la conductrice. "Elle a reconnu sa responsabilité. Mais cela va faire trois ans et on passe d’une expertise à l’autre. Je suis obligée de répondre aux questions de tous ces médecins."


Les objectifs des assureurs sont différents

Les objectifs poursuivis par ces assureurs sont différents. "L’assurance du travail part de l’idée d’une incapacité de la victime à pouvoir gagner sa vie. Donc, on analyse souvent les choses sous l’angle économique. Autrefois vous aviez un salaire en tant que travailleur salarié, à cause de l’accident vous ne l’avez plus ou votre valeur sur le marché du travail pourrait avoir subi des conséquences", explique Wauthier Robijns, porte-parole d’Assuralia.

"Pour ce qui est de l’assurance responsabilité auto de la dame qui a causé l’accident, il s’agira de réparer intégralement l’ensemble du préjudice subi par la victime. Comme le dommage moral, le préjudice esthétique, etc. Les règles ne sont donc pas les mêmes", souligne-t-il.

Les assureurs désignent donc des experts qui opèrent en suivant des logiques différentes. Ils interviennent en tant que spécialistes médicaux pour identifier les séquelles de nature physiologique ou psychologique. "Par exemple, en matière de responsabilité civile, on va juger la capacité d’une personne à jouer un instrument de musique par exemple. Si c’était un passionné et qu’il ne peut plus le faire, c’est un préjudice. Par contre, en accident du travail, cela n’intéresse pas l’assureur", précise Wauthier Robijns.

Une troisième assurance peut également intervenir : il s’agit de l’assurance de protection juridique de la victime, si elle en a une. "En tant que piéton, elle vise à vous permettre à faire valoir vos droits. Soit à l’amiable, soit de façon contentieuse, en prenant en charge des frais de justice, l’intervention d’un avocat si cela s’avère nécessaire", indique le porte-parole.


"C’est à vomir, c’est à pleurer, c’est à crier"

Possédant ce genre d’assurance, Vanessa a fait appel à une avocate pour la défendre. Les premiers médecins désignés n’ont en effet pas reconnu de stress post-traumatique, excluant toute indemnisation. "Il y a quand même eu une petite avancée récemment", souligne la Bruxelloise. Le dernier rapport d’expertise de l’assureur de l’automobiliste reconnaît bien une incapacité permanente professionnelle. Elle est toutefois évaluée seulement à 3%. Une estimation bien loin de la réalité, selon la Bruxelloise.

"Quand vous entendez ça et tout ce que moi je dois subir… Moi je n’ai rien demandé. Je n’ai pas demandé à ce que l’on m’écrase… Je suis obligée de prouver que je ne simule pas mes tremblements. Des proches ont notamment écrit des lettres. Si je jouais la comédie, il y a un moment où je me trahirais", souligne-t-elle. Aujourd’hui, Vanessa est à bout. "C’est à vomir, c’est à pleurer, c’est à crier. J’ai vraiment envie parfois de hurler parce que c’est injuste. Je ne suis pas reconnue en tant que victime et en plus on vous prend pour une menteuse."

Pour apaiser ses angoisses, la mère de famille a déjà consulté plusieurs psychiatres qui reconnaissent son état de stress post-traumatique.

L’un d’entre eux affirme que la mise en avant de ses tremblements, qui ne sont pas un symptôme courant, joue en sa défaveur. Alors qu’elle souffre d’autres troubles anxieux bien plus éloquents.


Des soucis financiers

Au-delà de ces soucis au niveau psychologique, Vanessa révèle ses soucis financiers provoqués par cette situation."Du jour au lendemain, je ne gagne plus que 40% de mes revenus. Après avoir payé mon loyer avec mon compagnon, la moitié des charges et de la nourriture, je n’ai plus rien. Heureusement qu’il est là parce que sinon je devrais porter des chaussures avec des trous dans mes semelles."

L’avocate de Vanessa a déjà contesté l’expertise de l’assurance de la conductrice. "En cas de désaccord entre experts des différentes parties, il y a deux possibilités. Soit on règle cela à l’amiable en nommant un nouveau docteur dont la compétence est reconnue par les deux parties. Elles s’en remettent alors à son avis. Ce médecin reçoit ainsi une mission d’arbitre. Soit on ne parvient pas à s’entendre et l’affaire est renvoyée devant la justice. C’est alors le juge qui nomme un expert judiciaire. Ce sera aux avocats des deux parties soit à se plier aux conclusions de ce médecin soit de les contester devant le juge qui tranche", indique le porte-parole d’Assuralia.


Guérie grâce à des séances d’hypnose ?

La quadragénaire attend à présent le dernier rapport d’expertise de l’assurance de son employeur prévu en mars. "Le combat n’est pas fini et je me demande bien quand il le sera. Je ne demande pas des millions, ce qui m’intéresse c’est la reconnaissance de mon état et le versement des salaires que je n’ai pas perçus pendant tout ce temps", confie-t-elle.

En attendant, la mère de famille espère pouvoir guérir grâce à l’hypnose. "Dans certains cas, cet état de stress part tout seul avec le temps. Mais, dans d’autres cas, il faut passer par l’hypnose ou la méthode EMDR qui sont des techniques spécifiques pour guérir ces troubles. La durée de ces thérapies dépend de l’intensité du trauma et de la personnalité de la personne", souligne le docteur Eric Mairlot.

Depuis qu’elle a commencé des séances d’hypnose, Vanessa constate une amélioration. "Mes tremblements disparaissent totalement. Mais dès que je suis de nouveau face à la réalité, la moindre chose me fait sursauter, c’est terrible."

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