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Nathalie a dû se battre pour voir "30 minutes par semaine" son père hospitalisé et gravement malade: "C'est inhumain"

Depuis le 11 janvier dernier, le papa de Nathalie est hospitalisé suite à un AVC. Dans un premier temps, l'hôpital refusait toute visite dans le service où il se trouve. Grâce à une pétition, Nathalie a pu obtenir 30 minutes de visite une fois par semaine. Une mesure qu'elle juge insuffisante et inhumaine.

"Je suis à bout, en colère, révoltée. Je n'en peux plus d'attendre à la maison sachant que notre place est à ses côtés", ce sont ces mots que Nathalie a utilisés en poussant le bouton orange Alertez-nous pour nous parler de sa situation. Depuis le 11 janvier, son papa, âgé de 77 ans, est hospitalisé suite à un AVC (Accident Vasculaire Cérébrale). Dans un premier temps, l'hôpital en question refusait toute visite dans le service de gériatrie où il se trouve. Nathalie a finalement pu obtenir 30 minutes avec son papa une fois par semaine. Une décision qu'elle juge insuffisante et humaine. "Mon papa est quelqu'un qui a besoin de beaucoup d'aide. Il vivait déjà très mal son entrée en home, donc je me suis battue pour obtenir un droit de visite, mais 30 minutes le mercredi, c'est vraiment très peu."

D'autant que selon Nathalie, l'état de santé de son papa se dégrade de jour en jour. "Il n'a pas envie de se battre parce qu'il ne voit personne et n'est pas bien. Il ne sait pas manger seul, il est allongé dans son lit, il ne sait pas attraper son verre d'eau… Toutes ces choses qu'on fait quand on peut leur rendre visite, il ne les a pas."

Elle peut lui rendre visite au home, mais pas à l'hôpital

Nathalie et son papa n'ont pas choisi l'hôpital vers lequel il a été dirigé en urgence après son AVC. Et son état de santé ne lui permet pas d'être transféré ailleurs. Sur son site internet, l'hôpital concerné explique que les visites sont actuellement suspendues, sauf dans certains cas, comme les urgences, la maternité ou encore la pédiatrie. "Ces mesures difficiles permettent de protéger les patients fragiles", peut-on lire. "L'hôpital nous a simplement dit que la fameux variant Omicron était trop contagieux et qu'ils ne prenaient pas le risque de ramener le covid dans le service. Je trouve ça un peu inhumain."

Nathalie s'étonne en effet que dans le home où se trouvait son papa, elle pouvait lui rendre visite. "Je suis triplement vaccinée, je n'ai pas quitté mon masque depuis deux ans en présence de mon papa et de ma maman… Je fais très attention et au home, je n'avais aucun souci pour rentrer avec le Covid Safe Ticket. Je ne comprends pas parce que c'est exactement la même situation." Nathalie nous révèle que si elle s'est fait vacciner, c'était principalement pour rendre visite à son papa, avec qui elle a un lien très fort. "La première fois que j'ai été le voir, il m'a serré les mains tellement fort que j'ai failli pleurer… Mon papa n'a jamais de gestes tendres comme ça. La seconde fois, il m'a dit : ça fait du bien quand c'est toi qui viens."

J'aurais ne fut-ce que 30 minutes par jour, je suis contente

Si Nathalie a pu obtenir un droit de visite, c'est notamment parce qu'elle a lancé une pétition en ligne. L'hôpital l'aurait alors contactée et le médecin en charge du service, "qui est quelqu'un de très humain contrairement à la direction", insiste-t-elle, lui a accordé ces fameuses 30 minutes. Sa maman n'a pas le droit de venir voir son mari. "Une seule personne était acceptée, j'ai donc dû me mettre d'accord avec elle."

Suite à sa pétition, Nathalie a été contactée par de nombreuses personnes qui vivent la même situation. "Le monsieur qui se trouve à côté de mon papa est dans le même cas. Sa fille m'a demandé comment j'avais fait pour avoir une visite parce qu'elle n'y arrive pas…" D'autres lui ont même confié ne pas avoir eu le droit de voir un proche en fin de vie.

Pour Nathalie, rendre visite à son père tous les jours l'aiderait à aller mieux. "J'aurais ne fut-ce que 30 minutes par jour pour voir mon papa, je serais contente. Je n'en demande pas plus. Au moins, je pourrais le stimuler de manière régulière, lui remonter le moral, lui donner à boire, à manger…" Elle tient à souligner qu'elle n'a aucune rancœur envers le personnel soignant. "Les infirmières font ce qu'elles peuvent, mais elles ont beaucoup de travail et ne peuvent pas être H24 au chevet d'un malade."

"Des personnes âgées vont décéder à cause de la solitude"

En nous contactant, Nathalie veut dénoncer "une situation inhumaine". "Il y a des personnes âgées qui vont décéder à cause de la solitude, du manque d'amour et de soin de leur famille, plutôt que du Covid. Si nous n'avions pas toutes ces interdictions malgré notre triple dose de vaccin, nous pourrions nous occuper de nos aînés quotidiennement, leur insuffler notre force, les aider à manger et à boire. Ces choses qu'ils ont fait pour nous quand nous ne savions pas le faire étant bébé, aujourd'hui, c'est notre devoir de leur rendre et les politiques covid nous en privent. Je crains de voir mon papa partir et je suis en colère contre la Terre entière."

Pour elle, si ces 30 minutes de visite par semaine sont déjà "une victoire", elle se demande si elles sont cependant légales. "Demain, si je franchis la porte de l'hôpital et que je leur dis que je suis vaccinée et que je veux rentrer, qu'est-ce qui se passe ?" Malheureusement, il est difficile de répondre à cette interrogation. Ce n'est pas la première fois que la légalité des mesures prises en période Covid est questionnée.

Que disent les avocats ?

Les avocats que nous avons contactés nous ont expliqué que chaque hôpital gérait les risques de contamination en ses murs. Les visites font partie de ses obligations. Mais la prévention des infections est un point d'attention majeur. L'hôpital devra donc chercher un équilibre entre ses différentes obligations. La décision de suspendre les visites est en général débattue entre les professionnels de soins et la direction de l'hôpital. Elle est donc variable d'un hôpital à l'autre en fonction du type de patients, de la population, de la géographie des lieux, etc. Ce qui explique aussi que dans le cas de Nathalie, les visites sont autorisées dans un service mais pas l'autre.

L'un des avocats contactés nous explique aussi que lorsqu'on parle de santé, il ne faut pas prendre en compte que la dimension physique. Comme la définit l'OMS, "la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité". Un équilibre doit donc être recherché entre la protection contre les infections et le droit aux visites. L'hôpital a peut-être tenu compte de ces éléments pour finalement donner à Nathalie les 30 minutes de visite hebdomadaires qu'elle a pu obtenir.

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