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Stéphane se sent ébloui par les nouvelles lumières LED sur les routes wallonnes: comment l'expliquer?

Un automobiliste nous a alertés via le bouton orange Alertez-nous, interpelé par l'intensité des nouvelles lumières sur les routes wallonnes. Le "Plan Lumières 4.0" date de 2019, et vise à remplacer les anciennes lampes orange par des lumières LED. La moitié des anciennes lumières a déjà été remplacée. Ces nouvelles lampes sont-elles vraiment éblouissantes ? Le responsable des travaux, et un ophtalmologue nous expliquent.

Automobiliste, Stéphane a décidé d'appuyer sur notre bouton orange Alertez-nous pour nous faire part d'une interrogation. "Suis-je le seul à être dérangé par les nouveaux éclairages LED installés sur les autoroutes wallonnes ?", écrit-il, interpelé. "C'est extrêmement éblouissant à certains endroits. Faut-il en mettre autant et d'aussi puissants ?"

Stéphane nous cite également des exemples : "Sur le ring 0, entre Waterloo et la jonction de l'autoroute Bruxelles-Mons-Paris, il fait clair comme en plein jour. Je pense également à l'autoroute Halle-Enghien-Lille. Entre Enghien et Ath, de nouveaux LED ont été placés lorsqu'il y a des entrées ou sorties d'autoroute." L'automobiliste pointe du doigt les nouvelles lumières LED utilisées en Région wallonne. Celles-ci sont-elles vraiment éblouissantes ? Et pourquoi les avoir choisies ? Nous avons voulu répondre aux interrogations de Stéphane.

Des lumières orange vers les LED : pourquoi ce changement ?

Les travaux sur les routes wallonnes, y compris les changements d'éclairages, sont gérés par la Sofico (Société de Financement Complémentaire des Infrastructures). En 2019, le "Plan Lumières 4.0" voit le jour, en partenariat avec un consortium privé, Luwa. Il s'agit d'un plan sur 20 ans, dont les premières étapes consistent à remplacer 110.000 points lumineux sur les routes. Selon les précisions d'Héloïse Winandy, porte-parole de la Sofico, "à ce jour, plus de 55.000 luminaires ont été modernisés, soit environ 1.300 km" de route, et la moitié de l'objectif prévu.

Chaque point lumineux pourra également être géré à distance

Si les anciennes lumières sont remplacées, c'est avant tout pour des raisons de sécurité. "Les anciens luminaires proposaient une lumière diffuse et orange, ce qui n’est plus le cas des LED qui proposent, pour leur part, une lumière orientée vers 'l’objet à éclairer et sécuriser' et également plus froide." Autre avantage : cette lumière peut être modulable. "De manière préprogrammée, sur la majorité du réseau (selon le jour ou l’heure de la nuit)", poursuit Héloïse Winandy. "Mais aussi de manière instantanée, à certains endroits stratégiques du réseau. Chaque point lumineux pourra également être géré à distance instantanément depuis le Centre PEREX."

Ce "Plan Lumières" représente un budget total de 600 millions d'euros sur 20 ans, soit 30 millions d'euros par an.

Ces éclairages LED sont-ils vraiment plus éblouissants ?

Pour Stéphane, l'automobiliste qui nous a alertés, ces nouvelles lumières sont trop éblouissantes. La Sofico, elle, dément, et indique que ce n'est pas possible. "Il existe des normes destinées à limiter la perte de perception liée à la présence de luminaires dans le champ visuel des conducteurs", affirme Héloïse Winandy. "Or, il se trouve que Luwa tient compte et respecte ces normes. L’éblouissement des usagers ne doit donc, normalement, pas être ressenti."

Luwa, le consortium privé qui gère l'installation de ces lampes, est sur la même longueur d'ondes.  La température de couleur change, mais pas l'intensité de la lumière. Nous rencontrons Alexia De Gyns, responsable communication de Luwa, sur le bord de la N90 à Farciennes. Ce jour-là, des ouvriers sont en plein travail : d'anciennes lumières sont remplacées par des lampes LED. Sur une journée de travaux comme celle-ci, les ouvriers remplacent environ 18 lampes. 

  • Voici une comparaison AVANT/APRES des lumières sur les routes wallonnes. En haut : avant. En bas : après.

Pour la responsable communication de Luwa, la sensation d'éblouissement, n'est qu'une impression. "Ça peut s'expliquer par le passage d'une zone avec un ancien éclairage, vers une zone avec un nouvel éclairage : l'œil doit s'habituer. Et aussi l'attrait de la nouveauté : les gens ont tendance à vouloir regarder vers le haut, pour voir les nouvelles lampes, et ils se retrouvent éblouis."

Alexia De Gyns ajoute que plusieurs moyens techniques ont été mis en plus pour éviter l'éblouissement des automobilistes. "Par exemple, on a choisi des luminaires à verre plat, et non à verre bombé. Le verre plat oriente encore plus la lumière vers le bas.

Éblouissement et lumières LED : y a-t-il un danger pour l'œil ?

Pour répondre à cette question, nous avons rencontré un spécialiste : Ernesto Bali, chef du service d'ophtalmologie à l'hôpital Delta, à Bruxelles. D'emblée, le docteur nous explique que, face à l'éblouissement, nous ne sommes pas tous égaux. "L'œil fonctionne comme une caméra : la lumière rentre, et est réverbérée", explique Ernesto Bali. "Ça commence par la cornée, puis l'iris, puis le cristallin, avant d'arriver sur la rétine. Tous ces parties jouent sur la manière dont les faisceaux lumineux entrent dans l'œil." Ainsi, une pathologie ou une lésion d'une des parties de l'œil, peut influer sur la manière dont la lumière entre dans notre œil. L'éblouissement dépend donc de différents phénomènes liés à l'œil même, mais aussi des facteurs extérieurs : "des lunettes sales, des lentilles abimées, un pare-brise sale", complète l'ophtalmologue.

 

Stéphane, notre alerteur, se sent peut-être ébloui car il a davantage de probabilités de l'être, en fonction de ces différents facteurs. Une autre personne n'aura pas les mêmes probabilités d'éblouissement que Stéphane, par exemple. Et face à ce phénomène, il n'y a pas d'inquiétude à avoir. "L'éblouissement est gênant, inconfortable, mais il n'est pas dangereux pour l'œil", précise Ernesto Bali.

Derrière le volant, pour éviter un accident lié à l'éblouissement, qu'il vienne du soleil ou des luminaires, le docteur donne quelques conseils simples. Hydrater son œil avant la conduite, car "lorsqu'on est concentré, on cligne moins souvent des yeux". Bien nettoyer son pare-brise et ses lunettes, également. "Mais des yeux myopes, ou des yeux clairs, peuvent aussi être plus sujets à l'éblouissement, et là on ne peut pas y faire grand-chose", conclut le docteur.

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