Un appartement de 88m2 en plein centre de Bruxelles à louer pour 400 €/mois: "Ça n'existe pas, ça n'existe pas!"

"Imaginez, vous êtes seule avec un gosse, on vous présente ça comme Versailles: 88 m2, deux chambres, cuisine américaine, parquet partout. À Bruxelles, pour 400 euros!", s'emballe Richard Malchair, le président de l'Office National des Locataires, une asbl qui conseille les locataires à Woluwe-Saint-Lambert (Région bruxelloise). Le matin même, ce juriste avait reçu en consultation une jeune femme de 22 ans. Celle-ci avait repéré l'annonce immobilière de rêve citée plus haut. Elle avait envie d'y croire. Mais elle trouvait ça louche. Mais elle avait tellement envie d'y croire, l'appartement était si "chic", peut-être était-ce une exception fabuleuse? "Mais ça n'existe, ça n'existe pas!" lui a asséné Richard comme il nous le rapporte par téléphone après nous avoir contacté via la page Alertez-nous. Le but de son alerte: "Si on pouvait éviter que des gens se fassent arnaquer, ça me ferait bien plaisir". Suivant l'adage, rappelé par Richard, qui dit que "prudence est mère de sûreté", nous vous rappelons les caractéristiques d'une arnaque très courante qui fleurit sur tous les sites internet d'annonces depuis de nombreuses années.


Créer de fausses annonces à partir d'une vraie

Les escrocs trouvent une annonce immobilière véritable. Dans le cas présent, il s'agit d'un appartement situé quai des péniches à Bruxelles. Ils recréent une nouvelle annonce, avec la même description (parfois, le lieu est changé), les mêmes photos (ou des photos d'intérieur d'un autre bien immobilier trouvées dans une autre annonce) mais avec un prix généralement diminué de moitié. Nous avons retrouvé le véritable appartement qui était proposé à 400 euros sur la fausse annonce. Son loyer réel est de... 1000 euros.


500 euros de caution pour éviter le risque que son mari ne fasse le déplacement inutilement

Les arnaqueurs placent leur offre alléchante sur les nombreux sites d'annonce gratuits. Ils attendent alors qu'une victime potentielle morde à l'hameçon et leur envoie un email (il ne laisse généralement aucun numéro de téléphone). Après plusieurs échanges d'emails, les pseudo-propriétaires qui prétendent habiter à l'étranger, souvent en France, demandent alors au candidat locataire ou acheteur de payer une caution. Les prétextes qu'ils utilisent varient. À la jeune femme, la fausse propriétaire demandait 500 euros pour, disait-elle, s'assurer que son mari n'allait pas faire le déplacement en Belgique pour rien. Elle expliquait que, pas plus tard que la semaine passée, son mari avait fait un long déplacement de France jusqu'à l'appartement de Bruxelles pour faire visiter un couple qui finalement l'avait fait tourner en rond. Le mari avait perdu 500 euros dans le long déplacement...


Western Union prévient: "Assurez-vous de bien connaître la personne"

Outre un prix exagérément bas et la réclamation d'une caution ou acompte, le troisième indice d'arnaque est le paiement par mandat Western Union. Par ce biais, le malfaiteur pourra récupérer l'argent auprès d'une agence Western Union qu'il vous aura renseignée et à laquelle vous aurez envoyé l'argent.

Les mandats Western Union se font dans les agences du même nom mais peuvent se faire aussi dans un bureau de bPost. Dans un des courriers envoyé à la jeune mère, les escrocs contrecarrent les éventuelles actions des employés de la poste pour lutter contre leurs arnaques: "Le postier pourrait vous demander le motif du mandat Western union. Vous n'avez pas à lui mentionner qu'il s'agit d'un dépôt de caution pour location de maison ou autres. Dites-leur tout simplement que vous voulez faire un mandat Western Union à un ami ou à un membre de votre famille pour éviter de payer la TVA et les frais commerciaux" écrivent-ils.

De son côté, consciente que son système est très apprécié des arnaqueurs sur internet, la société Western Union rappelle un principe de prudence: "Assurez-vous de bien connaître la personne à laquelle vous envoyez de l'argent. Si vous achetez des biens ou des services en payant par le biais de Western Union, il est de votre responsabilité de vérifier la réputation et la légitimité du vendeur. Western Union n'est pas responsable de la non-réception ou de la qualité des biens ou services."

Il existe de multiples variantes de ces tromperies. Ainsi, la jeune femme que nous avons jointe par téléphone nous a déclaré avoir vu une autre annonce à Uccle: "Là, ils ne donnaient pas l'adresse tant qu'ils n'avaient pas la confirmation du paiement de Western Union", dit-elle. Enfin, il existe un dernier indice dont nous avons pu nous rendre compte à travers les échanges d'emails que la jeune femme a eus avec les escrocs et qu'elle nous a fait parvenir. Le français des prétendus propriétaires est souvent très approximatif et bourré de fautes.

Ces quatre indices, conjugués au principe de base qui est de ne jamais verser quoi que ce soit avant même une visite du bien immobilier, devraient vous aider à ne jamais tomber dans la piège.