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Un enfant de 4 ans dépense 320€ pour... de la salsepareille de Schtroumpfs sur l'iPad de son père!

L'explosion des tablettes et des smartphones est proportionnelle au téléchargement croissant des applications. Mais il arrive que certains achats indésirables amènent de vilaines surprises comme celles survenues à Olivier, le papa d'un petit garçon de 4 ans. Explications.

Les smartphones et les tablettes remplacent petit-à-petit les ordinateurs et les consoles de jeu vidéo. Les "store", ou "magasin", servent à télécharger les applications qui vont étoffer votre appareil mobile et vous permettre de travailler, de consulter des informations, de communiquer, et… de jouer. Dès lors, vos enfants sont concernés et il convient de maîtriser leur activité, comme nous allons le voir.

La liste des applications est longue et riche, et s'étoffe de jour en jour. Des centaines de milliers sont disponibles, et des dizaines de milliards ont déjà téléchargées à l'échelle mondiale.

Deux systèmes d'exploitation se taillent la plus grande part de ce gâteau très rémunérateur. Android de Google, que plusieurs constructeurs ont choisi depuis longtemps (Samsung, HTC, Sony, LG, etc…), et iOS d'Apple, que l'on trouve sur les iPhone et les iPad.

Google Play et App Store: c'est quoi ?

"Google Play" est le nouveau nom du magasin d'applications d'Android. "App Store" est depuis toujours celui d'Apple, qui a popularisé le genre avec l'iPhone il y a cinq ans.

Beaucoup d'applications sont gratuites, mais au moins autant nécessitent de passer à la caisse. Les prix sont généralement raisonnables (0,89 €, prix minimum sur l'App Store), mais ils sont fixés par l'éditeur de l'application, qui rétrocède une partie à Apple ou à Google.

Deux solutions existent pour payer: acheter une "carte cadeau" avec un code pour créditer votre compte dans iTunes. L'autre solution, et c'est la seule du côté de chez Google (en Europe en tout cas): lier une carte de crédit qui sera débitée en fonction des achats.

Mot de passe ? Pas toujours…

Une fois que votre compte est rempli, ou votre carte liée, libre à vous de gérer vos emplettes comme bon vous semble. Lors de l'achat d'une application payante, cependant, le mot de passe de votre compte iTunes ou Google vous est systématiquement demandé. Mais pas si c'est gratuit, afin de gagner du temps.

Certaines applications font tout pour vous faire passer à la caisse. Elles sont gratuites au téléchargement, mais pour accéder à certaines options ou améliorations, il faut payer. C'est ce qu'on appelle les achats "in app", à l'intérieur de l'application. Dès lors, il faut rentrer une première fois le mot de passe, mais pas forcément les fois suivantes.

"Chaque fois que vous effectuerez un achat intégré, vous devez confirmer votre achat en touchant Acheter. Si vous avez effectué votre dernier achat ou votre dernière connexion dans l’iTunes Store moins de 15 minutes auparavant, vous n’avez pas à saisir à nouveau votre mot de passe", peut-on lire sur le site d'Apple.

 

320€ pour 8000 unités de salsepareille

Olivier en a fait l'amère expérience récemment. Son fils âgé de 4 ans a téléchargé de la salsepareille pour le jeu Le village des Schtroumpfs, et la facture est sans appel: 320 €. Cependant, il n'y a pas de fraude ni d'erreur: l'aîné de la famille connaissait le code, et l'a donné à son petit frère.

"J'ai de la chance, finalement, ça aurait pu être 3.200€", nous a-t-il confié. Car son fils n'a acheté que quatre "paquets" de salsepareille, à 79,90€ pièce. Il a du entrer le mot de passe pour le premier achat, mais pas pour les suivants (il les a vraisemblablement effectués endéans le quart d'heure).

La salsepareille, ce sont les fruits préférés des Schtroumpfs, destinés à améliorer le Village dont vous avez la charge.

Trop mercantile ?

"Il faut accumuler de l'expérience pour avancer dans le jeu, et les enfants n'ont pas de patience", poursuit-il. Un jeu très basique, destiné aux plus petits, mais qui met en évidence dans l'application le moyen d'avancer plus vite en dépensant de l'argent. Une pratique très mercantile, mais qui n'a a priori rien d'illégal.

D'autant que les options de l'application permettent de bloquer ces achats "in-app". Mais Olivier l'ignorait: "On a téléchargé ce jeu il y a trois ans. Les plus grands n'y jouaient jamais mais quand le plus petit est tombé dessus, il a accroché".

La seule leçon à retenir de cette mésaventure est qu'il ne faut jamais donner le mot de passe à un enfant. Nous laisserons aux développeurs et à Apple le soin de répondre à cette question: faut-il ajouter la possibilité de télécharger des améliorations à 79,90€ dans des jeux destinés aux jeunes enfants ? Entretemps, le "wagon de smurfberries" (le nom l'achat dans le jeu) est passé à 89,90€.

52€ pour des applications… gratuites

Mais parfois, la vigilance ne suffit pas. Sylvain Trossard en a fait les frais. Habitué des nouvelles technologies, ce formateur en télématique à l'IFAPME s'est vu facturer 52 € pour des applications qu'il a téléchargées gratuitement. "Je suis très prudent et je ne télécharge jamais d'applications payantes", nous a-t-il expliqué. Or, le 3 novembre dernier, 10 achats apparaissent sur son bilan de carte de crédit. Dont une à 19 €.

Inquiet, cet utilisateur d'un smartphone Android a contacté Google via le site web "Google Wallet", qui permet de gérer son portefeuille, voir ses dépenses, etc. Dès le lendemain, ces applications lui étaient remboursées, mais avec une explication étrange dans le mail: "En raison des circonstances spéciales de cet achat, nous acceptons de déroger exceptionnellement à nos modalités de remboursement, et de vous rembourser la somme de… €".

Le message de Google

Il y a des règles, mais...

Contacté par nos soins, Google n'a pas souhaité réagir mais rappelle qu'il y a des moyens de prévenir ces achats indésirables. Par exemple, vous disposez de 15 minutes après l'achat pour annuler celui-ci. Dans le cas de M. Trossard, qui pensait télécharger des applications gratuites, c'est plus compliqué.

De plus, le géant du web a plusieurs mécanismes de prévention de la fraude du côté des vendeurs. Mais comme il est plus laxiste (voir encadré), il y a nettement moins de contrôle en amont et plus de remboursements en aval.

Dans le cas de l'internaute qui nous a contactés, difficile de comprendre ce qu'il s'est réellement passé. Mais Google a pris ses responsabilités en le remboursant intégralement.

Conclusion

Les magasins d'applications sont une source de revenu considérable pour Apple et Google. Pas étonnant que le premier soit très regardant avant que l'application soit mise en ligne, et que le second n'hésite pas rembourser en cas de litige.

Deux politiques très différentes, mais qui ont un seul but: garder la confiance des utilisateurs. Et c'est bien normal: au final, c'est vous qui faites le succès de ces magasins du 21e siècle.

Mathieu Tamigniau

 

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