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Un expert veut déclasser la voiture de Nathalie endommagée lors d'une tempête: "Je devrais continuer à payer mon prêt en me retrouvant piétonne, c'est aberrant"

Lors d’une tempête en février, la voiture de Nathalie a été endommagée par la chute de débris de la façade d’un voisin. L’expert de son assurance auto estime qu’il faut déclasser son véhicule et non pas le réparer. Mais la jeune femme risque-t-elle alors de devoir continuer de payer son crédit pour un véhicule qu’elle n’aurait plus ?

"A un mois du sinistre, mon dossier reste flou. Rien n’est clair, c’est un enfer", soupire Nathalie début mars. "Et n’oublions pas que je suis la victime dans cette histoire", souligne cette habitante de Strombeek-Bever, en périphérie bruxelloise. "Faites attention à ces assurances omnium dégressives qui sont peu connues jusqu’au moment où un souci vous tombe dessus", avertit cette mère de famille via notre bouton orange Alertez-nous.

Son souci survient en février dernier, lors du passage d’une tempête qui provoque des dégâts. "C’était le vendredi 12 février. Ce jour-là, j’étais garée dans ma rue. Pour une fois, ma voiture était loin des arbres, devant les maisons. On a été faire les courses avec la voiture de mon mari et, en revenant, on voit ce qui semble être des papiers par terre. En s’approchant, il s’avère que mon voisin a une façade en vieux carrelages style boucherie et avec la tempête toute une partie s’est décrochée et a atterri sur ma voiture avant de s’éclater au sol", se souvient Nathalie.

"Il y a des coups partout dans la carrosserie"

Les dégâts sur son véhicule, acheté il y a à peine un an et demi, sont assez conséquents. "Le pare-brise fissuré a dû être changé. Le toit est renfoncé et il y a des coups partout dans la carrosserie", énumère-t-elle.

Le soir-même, une patrouille de police vient constater les faits. "On a un PV de la police qui est venue parce qu’il y avait du carrelage partout sur la route. On les a appelés, ils ont bien pris note du fait que la façade du voisin avait atterri sur ma voiture", explique Nathalie.

Selon elle, son voisin remplit directement une déclaration de sinistre à son assurance habitation. "Il était très embêté. Un peu tous les deux sous le choc, il a complété le document en ligne devant moi. Il est donc vraiment de bonne foi", souligne la mère de famille. "Théoriquement, tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais c’est la joie des assurances qui font que je ne sais pas trop vers où je vais", regrette la jeune femme.

Au départ, Nathalie pense en effet que tout va bien se passer. Comme elle a souscrit une assurance omnium pour sa voiture, la conductrice pense que son assureur va se charger de payer les réparations, va ensuite introduire un recours auprès de l’assureur habitation du voisin et que l’affaire sera vite terminée. "Avoir une assurance omnium pour son véhicule est une bonne chose car cela permet de réparer les dégâts propres. Ensuite, un éventuel recours dépend de la compagnie d’assurance. Ce n’est pas automatique", précise Nevert Degirmenci, porte-parole d’Assuralia.

L'expert estime que ma voiture doit être déclassée car les frais sont trop importants

Comme le veut la procédure, Nathalie demande un devis auprès d’un garagiste agrée. "Selon lui, les réparations s’annoncent aux alentours de 8.000 euros. J’ai transmis ce devis à l’expert de ma compagnie d’assurance qui estime que ma voiture doit être déclassée car les frais sont trop importants par rapport à la valeur résiduelle de mon véhicule", explique la mère de famille.

Alors que ce scénario de perte totale se dessine, elle prend connaissance d’un détail important en discutant avec son courtier. Une mauvaise surprise. "Visiblement, je ne vais pas récupérer le prix d’achat qui était de 16.000 euros car j’ai une omnium dégressive. Cela veut dire que la voiture perd de sa valeur dès le 7ème mois de vie du véhicule et ma voiture a un an et demi", déplore-t-elle.

Omnium: les formules varient d'un contrat à l'autre 

Une situation qui n’a rien de surprenant mais qui n’est pas toujours connue. En réalité, tous les contrats d’assurance automobile comprennent une formule de dégressivité calculée via un tableau d’amortissement. "Selon la formule choisie, qui dépend d’un contrat à l’autre, la valeur du véhicule est maintenue durant une certaine période au cours de laquelle vous êtes assuré à 100%. Après cette période variable d’un contrat à l’autre, la formule de dégressivité s’applique. Les primes varient également en fonction de la formule choisie", indique la porte-parole d’Assuralia.

Nevert Degirmenci explique également le concept de déclassement économique. "Il s’applique lorsque la différence entre la valeur réelle du véhicule avant le sinistre et la valeur de l’épave est inférieure au coût des réparations. La réparation du véhicule ne se justifie dès lors plus du point de vue économique et le calcul est déterminé par la formule omnium choisie. L’expert chiffre la valeur avant le sinistre et après la vente de l’épave. Le solde est versé à l’assuré", précise la porte-parole.

Je devrais continuer à payer mon prêt pour une voiture que je n’aurais plus, c'est aberrant ! 

Et c’est bien ça le problème. Pour le moment, Nathalie n’a aucune idée du montant qu'elle pourrait toucher en cas de déclassement de sa voiture. "J’ai posé la question à plusieurs reprises, mais l’expert ne me répond pas. Et mon courtier me dit que je serais vraiment perdante dans l’histoire car je devrais continuer à payer mon prêt pour une voiture que je n’aurais plus", s’indigne la jeune femme.

Vu qu’il lui reste environ 13.000 euros de crédit à payer, elle ne pense pas que le montant de l’indemnisation va couvrir ce montant. "Si ma voiture est déclassée et que l’expert estime sa valeur résiduelle par exemple à 10.000 euros, je vais devoir payer la différence", craint Nathalie. "C’est aberrant alors qu’à la base c’est l’assurance de mon voisin qui est censé payer les dégâts sur mon véhicule et absolument pas moi. En prime, j’ai une assurance omnium et je pensais qu’avec une telle assurance j’étais complètement couverte", ajoute-t-elle.

D’après la porte-parole d’Assuralia, sa crainte est bien fondée. "Cela dépend des contrats de financement conclus, bien sûr, mais la banque a un droit de créance prioritaire. Ce qui signifie que le montant de l’indemnisation pourra solder en tout en ou en partie le crédit en cours", indique Nevert Degirmenci.

Son espoir: réussir à réparer sa voiture 

La question qui taraude à présent Nathalie est bien celle-là : doit-elle accepter la perte totale de sa voiture ? "Mon épée de Damoclès au-dessus de ma tête, c’est ça. Je demande juste à connaître le montant perçu en cas de déclassement du véhicule afin de savoir si mon prêt en cours serait remboursé. Je ne suis pas d’accord de me trouver avec un reste de prêt à financer tout en me retrouvant piétonne car je ne pourrais pas m’acheter une autre voiture", lance-t-elle. Une situation d’autant plus problématique que Nathalie a besoin d’être motorisé pour se rendre au travail et conduire sa fille à l’école. "En transport en commun, c’est juste impossible !"

L'expert me demande les devis dans un délai très court, impossible à tenir

Pour éviter ce scénario catastrophe, elle préfère donc essayer de réparer sa voiture. "J’ai rendez-vous pour un devis dans deux autres garages avec l’espoir de pouvoir sauver ma voiture grâce à un devis moins conséquent. Mais rien n’est gagné. Surtout que l’expert me demande les devis dans un délai très court, impossible à tenir", déplore Nathalie.

Selon la porte-parole d’Assuralia, en tant que propriétaire de son véhicule, elle ne peut pas refuser le déclassement mais elle peut garder l’indemnisation versée pour tenter de faire réparer sa voiture pour un montant inférieur. "L’expert pourra alors demander un contrôle technique après les réparations afin de vérifier que le véhicule peut être remis en circulation sans mettre en danger les occupants ou les autres usagers de la route", précise Nevert Degirmenci.

Avant d’opter pour ce choix, Nathalie espère encore pouvoir convaincre l’expert de faire réparer sa voiture grâce à des réparations moins onéreuses.

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