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FIERTÉ pour les travailleurs de GSK Belgique: un nouveau vaccin contre le zona, résultat de 20 ANS d'"une quantité de travail monumentale"

Les équipes belges de recherche et développement, localisées à Rixensart dans le Brabant wallon, ont été au cœur de la mise au point de ce vaccin dont la vente vient d'être autorisée aux États-Unis et au Canada. Mais comment crée-t-on un vaccin? Une longue et complexe aventure de plusieurs décennies que nous raconte son responsable, le belge Emmanuel Hanon.

Le géant pharmaceutique GSK a reçu au mois d’octobre l’approbation des autorités sanitaires américaines et canadiennes pour Shingrix, son vaccin contre la maladie du zona. Le terme "Shingrix" est la contraction des mots "Shingles", qui désigne le zona en anglais, et "rix", pour Rixensart, la commune du Brabant wallon. C'est dire l'importance du site belge de GSK, qui emploie plus de 3000 personnes, dans la conception de ce vaccin qui a nécessité plus de 20 ans de recherche, développement et tests. Si le Shingrix peut à présent être vendu sur le marché nord-américain, son dossier déposé en novembre 2016 est toujours en phase d’évaluation au sein de l'Union européenne. L’approbation est attendue dans les prochains mois.

Un employé de GSK, qui travaille dans les lignes de production de vaccins, nous a contactés via notre bouton orange Alertez-nous pour attirer notre attention sur cet événement de la vie de son entreprise. Ce jeune homme qui a débuté sa vie professionnelle chez GSK, et monté quelques échelons, ne cache pas sa satisfaction. Il salue "une étape importante pour la postérité de (son) employeur" et se dit "fier des efforts accomplis".

La mise en production des stocks de ce vaccin a provoqué "un branle-bas de combat", rapporte-t-il sous couvert d’anonymat. "Ça nous est tombé dessus comme ça. Limite on n’en parlait même pas jusqu’au moment où ils nous ont annoncé que les tests étaient bons", raconte-t-il, et il "tire son chapeau" au département recherche et développement (R&D) de sa compagnie, dont nous avons contacté le responsable, Emmanuel Hanon.


Zona : quand le virus de la varicelle refait surface

Le zona est une maladie causée par le virus de la varicelle. Cette dernière se manifeste généralement dans l’enfance, mais le virus reste dormant dans le système nerveux. Avec l’âge ou à cause d’une maladie, le système immunitaire affaibli peut ne plus parvenir à contrôler le virus. Ce dernier se réactive, provoquant des éruptions cutanées souvent douloureuses. "Les personnes qui souffrent de complications du zona sont des personnes qui souffrent vraiment, ça fait très mal, pendant très longtemps et ça peut influencer la qualité de vie de façon substantielle", décrit Emmanuel Hanon.

La grande majorité de la population adulte (95%) a déjà été infectée par le virus de la varicelle et un adulte sur trois est susceptible d’être touchée par le zona, estiment les laboratoires pharmaceutiques GSK. En Belgique, le Conseil Supérieur de la Santé recommande d'ailleurs la vaccination de toutes les personnes âgées de 65 à 79 ans avec le seul vaccin disponible pour le moment, Zostavax (Merck). Shingrix représente une avancée importante car il fonctionne également chez les personnes âgées — dont le système immunitaire se détériore naturellement avec l’âge — avec une efficacité de 97% selon les études cliniques. 


Vaccin = antigène + adjuvant

Le vaccin est composé d’une fraction du virus de la varicelle (un antigène, la glycoprotéine E) et d’un adjuvant, une substance qui accroit le pouvoir du vaccin en générant une forte réponse immunitaire sur une longue durée. "C'est vraiment la combinaison des deux qui s'est avérée efficace dans les tests réalisés au cours des études cliniques", résume Emmanuel Hanon.


"Un travail vraiment gigantesque" pour trouver la bonne formule

La mise au point de la combinaison optimale, bien dosée entre l’adjuvant et l’antigène, est le résultat de 8 années de recherche, puis 12 ans de développement et d’essais cliniques. "Une quantité de travail monumentale", souligne le responsable R&D qui nous a expliqué les grandes lignes de ce "travail vraiment gigantesque".

Dans les années 90, les scientifiques ont d’abord cherché à identifier le meilleur constituant du virus qui pourrait servir à l'élaboration du vaccin. De nombreuses recherches ont été effectuées sur l'herpès, virus responsable du zona, afin de comprendre le rôle des glycoprotéines. Parmi celles-ci, les chercheurs ont repéré la glycoprotéine E, pour son rôle essentiel dans sa capacité à propager le virus de cellule en cellule. "C'est à partir de là qu'on a démarré les recherches en essayant d'isoler cet antigène et de le produire à large échelle", raconte Emmanuel Hanon.

À la même époque, les chercheurs ont identifié l’autre composant du vaccin : l'adjuvant AS1. Mais pour trouver la bonne composition de l’adjuvant, c’est-à-dire celle qui provoque la meilleure réponse immunitaire, 20 ans de recherche ont été nécessaires. "Quand j'ai rejoint GSK en 2001, on travaillait déjà sur ces adjuvants", raconte Emmanuel Hanon qui commencé par des études de vétérinaires avant de faire évoluer sa carrière.

Fin des années 90, début 2000, il s’agissait pour les chercheurs de démontrer l'innocuité, c'est-à-dire l'absence de risques toxiques, du vaccin. Y a-t-il un problème si on injecte cette substance chez l'homme ? Une fois cette étape franchie, il a fallu démontrer l’immunogénicité du vaccin, c’est à dire sa capacité à provoquer une réponse immunitaire bien spécifique, tout en veillant à garder un vaccin qui n’est pas nocif pour l’homme.

En 2008, une étude a été lancée afin de collecter suffisamment de statistiques pour prouver l’efficacité du vaccin. "On a obtenu ces données fin 2014 parce que ces études prennent énormément de temps pour pouvoir accumuler assez d'évidences statistiquement significatives", explique Emmanuel Hanon.


"Le dossier d’enregistrement contient plus d’un million de pages"

Un dossier a ensuite été préparé pour faire valider le vaccin auprès des différentes autorités régulatrices en vue de sa commercialisation. "Le dossier d’enregistrement contient plus d’un million de pages", indique le responsable R&D. "Il faut pouvoir prouver qu'on est capable de produire ce vaccin de manière extrêmement stable et robuste", explique-t-il. "Au cours du développement du vaccin, on interagit énormément avec les autorités régulatrices", précise-t-il. Aux États-Unis, la demande d’enregistrement a été soumise en 2016 et acceptée en octobre 2017. Le dossier a également été soumis en Europe, en Australie et au Japon.


Les recherches menées pour Shingrix seront utiles à d’autres applications

La technologie mise au point pour rendre Shingrix efficace chez les personnes âgées pourra être utilisée dans l’élaboration d’autres vaccins. Par exemple un vaccin contre les maladies chroniques des poumons (BPCO) et la grippe. Emmanuel Hanon nous a également fait part de son optimisme quant au développement d’un vaccin contre la bronchiolite des nouveau-nés. "Ça fait 50 ans que les compagnies essaient de mettre au point un vaccin contre cette infection virale. Nous pensons avoir identifié exactement le bon élément du virus pour que ça fonctionne", indique-t-il.

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