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Une tour de 11 étages érigée à l’entrée de Visé? Les riverains craignent pour la luminosité, son architecte se défend

Jean-Pierre de Cheratte a déclenché le bouton orange Alertez-nous pour signaler à notre rédaction une enquête publique qui arrivait à terme ce lundi dans la commune de Visé en province de Liège. Elle concerne la construction d’une tour de 11 étages dans la rue Porte de Souvré qui devrait "radicalement changer l’entrée et la ligne de l’horizon de la Cité des Oies depuis l’autoroute E25" selon l'alerteur. "Le bâtiment n’est pas si mal, mais cet ouvrage devrait radicalement changer le paysage", estime-t-il, un peu inquiet.  

Tout le monde veut du bien à la ville de Visé

Ce projet imaginé par l’architecte Luc Spits comporte 13 appartements et 1.400 mètres carrés de bureaux. Le 19 avril dernier, il a été soumis au service d’Urbanisme de la commune. Cela faisait plus de quatre années que cette tour était dans les cartons de celui qui se décrit comme un Visétois de coeur. "C’est ma ville", nous dit d’emblée l'architecte. "Je connais les routes de cette cité par cœur. Ma famille y habite, j’y ai mon bureau d’architecture où je me rends tous les jours et je passe quotidiennement à cet endroit où devrait s’ériger cette tour."

Luc Spits estime urgent de réhabiliter les lieux où se trouvent actuellement "un hangar à l’abandon et des panneaux publicitaires en toiles métalliques", dit-il. "C’est l’entrée de la ville et la première chose que l’on aperçoit de l’autoroute. Il faut la repenser, la traiter et y ajouter un bâtiment d’une certaine prestance", selon lui.

Il nous détaille le projet déposé à la commune: "C’est un jeu entre le contemporain et l’ancien.  On a voulu faire écho à la forme effilée de la Collégiale, mais être minimaliste pour se fondre dans le paysage.  Du côté des matériaux, nous proposons une pierre gris-beige, qui se mariera totalement aux tonalités de la Collégiale."

"A ceux qui pensent que cette tour va "faire de l’ombre" à l’impressionnant clocher de la Collégiale Saint-Martin et Saint-Hadelin dans le paysage de la cité des Oies", Luc Spits se défend. "La pointe de la Collégiale culmine à 12 mètres de plus que la tour (qui, elle, s’élèvera à une hauteur de 44 mètres). L’édifice religieux ne peut, à mon sens perdre ses repères et sa primauté."

Un bâtiment de 44 mètres de haut surplombant quelques habitations

Mais ce qui inquiète Jean-Pierre, c’est que les maisons voisines vont être surplombées par cet édifice. Il nous raconte avoir été invité chez un habitant de la rue Basse qui lui a montré sa cour intérieure récemment rénovée et qui se situera près de la nouvelle tour : "Il m’a expliqué que sa maison allait être plongée dans l’obscurité par la construction de cet important bâtiment." Selon lui, le mur de la tour va longer la cour de ce riverain et en obscurcir la luminosité extérieure et intérieure de son habitation fraîchement rénovée.

Du côté de la commune, l’échevin de l’Urbanisme Xavier Malmendier (MR) nous confirme que vu l’inquiétude de certains, une réunion a rassemblé, mercredi passé, l’architecte, un représentant du service de l’Urbanisme, lui-même et 18 riverains des maisons situées dans un périmètre de 50 mètres. "Ce n’était pas une obligation légale, mais on voulait que les riverains aient en leur possessions tous les éléments adéquats pour se prononcer en connaissances de cause lors de l’enquête publique. La réunion s’est passée dans le respect et il en est ressorti qu’effectivement, la luminosité est l’inquiétude principale des riverains", rapporte l’échevin.

Une étude de luminosité effectuée à l'aide d'un drône

Les autorités communales ont donc demandé au bureau de l’architecte de réaliser une étude pour mesurer l’impact que la hauteur de cette tour pourrait avoir sur la luminosité de plusieurs habitations situées dans un périmètre restreint et dont les riverains ont manifesté leurs inquiétudes à ce sujet à la commune.

"Il faut souligner que c’est déjà un endroit sombre à la base de par sa situation, à proximité du pont de l’E25", se défend l’architecte. "Mon cabinet d’architecture a effectué une étude à l’aide d’un drone qui a pris de nombreuses photos un jour ensoleillé pour déterminer les pertes d’ensoleillement que cela va engendrer sur chaque habitation aux alentours. J’ai envoyé jeudi dernier au service de l’Urbanisme de Visé un plan d’ensoleillement heure par heure et ce, pour chaque maison concernée par ce projet. Les riverains perdront chaque jour un maximum d’une heure à une heure trente d’ensoleillement", reconnaît l’architecte visétois.

Est-ce que cette étude prend en compte les différentes saisons et la hauteur variable du soleil ? "Tout à fait", nous assure l’architecte.

Une pétition contre la construction de cet édifice a récolté en ligne 880 signatures.  L’enquête publique s’est achevée ce lundi soir. "Maintenant, nous avons un gros travail de lecture à réaliser et à compulser, voir quels sont les arguments principaux qui en ressortent de la part des riverains", nous détaille l’échevin de l'Urbanisme qui ne peut en révéler d’avantage à ce stade-ci. "Avant de prendre une décision finale à ce sujet, la commune concertera aussi l’avis de la Région Wallonne", nous assure l’échevin.

En attendant, ce mercredi, l'architecte va présenter son projet devant une commission du conseil communal de Visé et espère obtenir prochainement un permis de construction, parce que, comme il le dit lui-même: "L’architecture doit correspondre au bien-être des gens. C’est sont atout premier."

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